CINÉMA

« Rebel » – Voyage au bout de l’enfer

Rebel © Bac Films
Rebel © Bac Films

Adil El Arbi et Bilall Fallah reviennent avec Rebel, un film coup de poing sur les dessous du djihadisme en Syrie. Une œuvre bouleversante, présentée hors compétition lors du dernier Festival de Cannes, avec la révélation Aboubakr Bensaihi au casting.

En l’espace de quelques années, le duo Adil El Arbi et Bilall Fallah s’est imposé comme un tandem de cinéastes à suivre. Après les impressionnants Black et Gangsta, tournés en Belgique d’où ils sont originaires, les deux réalisateurs ont brillamment réussi leur passage à Hollywood avec le film d’action Bad Boys For Life.

Alors que leur prochain film Batgirl a des allures de production catastrophe (le long-métrage a été tourné mais sa sortie a tout simplement été annulée), voici que sort en salles Rebel, présenté hors compétition en mai 2022 au Festival de Cannes. Une œuvre puissante au carrefour de plusieurs genres cinématographiques, sur les dessous du recrutement pour le djihad en Syrie.

Kamal (Aboubakr Bensaihi) est un rappeur belge qui vit en toute insouciance à Bruxelles avec son jeune frère Nassim (Amir El Arbi) et sa mère Leila (Lubna Azabal). Un jour, il décide de tourner le dos à sa vie occidentale et part en Syrie, pour aider les victimes de la guerre. Pensant rejoindre une organisation humanitaire, il découvre une toute autre réalité sur place.

Bloqué à Raqqa, le jeune homme n’a d’autre choix que de rejoindre un groupe armé. Petit à petit, le piège du terrorisme se referme sur Kamal. Pendant ce temps, en Belgique, Nassim se laisse tenter par des recruteurs du djihad. Sa mère, Leila, décide alors de faire tout son possible pour empêcher son deuxième fils de faire la même erreur que son aîné.

Entre plusieurs genres

Si Rebel marque autant les esprits, c’est bien évidemment pour son sujet mais aussi car c’est avant tout un grand film de cinéma. Pour l’identité visuelle de leur long-métrage, Adil El Arbi et Bilall Fallah ont lorgné du côté de quelques grands cinéastes. Ainsi, les univers de Jacques Audiard et de Kore-eda, pourtant radicalement différents, servent de modèles à l’esthétique de Rebel.

À ces deux lauréats cannois, les cinéastes belges citent également Incendies de Denis Villeneuve (avec déjà la somptueuse Lubna Azabal). Drame sur les enjeux contemporains de notre société, Rebel peut également se donner à voir comme une comédie musicale, qui renouvelle ce genre du septième art souvent considéré comme désuet.

À trois reprises dans le film, les deux réalisateurs rythment le récit avec des séquences chantées et chorégraphiées. Des moments aussi forts sur le plan politique qu’artistique. En jeune homme dépassé par l’horreur de la guerre, Aboubakr Bensaihi (déjà au casting de Black, le premier film d’Adil El Arbi et Bilall Fallah en 2016) impressionne. Sa composition reste dans les esprits et ne sera certainement pas sans suite. C’est ce que l’on appelle la naissance d’un (grand) acteur.

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