CINÉMA

« Fire of love » – Passion volcanique

Fire of love
© Courtesy of Sundance Institute

À travers des images d’archives du couple de volcanologues Katia et Maurice Krafft, la réalisatrice de documentaires Sara Dosa prend le pouls du cœur de la Terre et de cette brûlante histoire d’amour.

« Une vie intense et courte [plutôt] que monotone et longue », telle était la seule philosophie que défendait le « Diable des volcans », Maurice Krafft. Avec son épouse, Katia Krafft, ils n’avaient peur de rien puisqu’ils avaient observé ce que la Terre a de plus spectaculaire. Décédés accidentellement en 1991 sur le mont Unzen au Japon, après plus de vingt ans de recherches, les célèbres volcanologues strasbourgeois Katia et Maurice Krafft ont documenté toutes leurs expéditions de photographies, de vidéos et d’écrits.

De ces archives brutes, Sara Dosa, réalisatrice de documentaires (The Seer & The Unseen, Tricky Dick & The Man in Black), a entrepris de narrer cette histoire comme un triangle amoureux passionnel entre un homme, Maurice, une femme, Katia, et les volcans. Fire of love, c’est d’abord cette rencontre, cette passion réciproque et commune pour le spectacle le plus grandiose et le plus mystérieux offert par la nature. C’est également l’acharnement d’une vie d’aventures, à arpenter dangereusement le globe de part et d’autre pour se rapprocher de tous les volcans en éruption, qu’ils soient rouges ou gris.

Nouvelle lave

« Je ne suis pas un cinéaste, je suis un volcanologue errant qui est obligé de faire des films pour pouvoir errer » déclarait Maurice Krafft de son vivant. Il y a dans le montage de Fire of love quelque chose du cinéma de la Nouvelle Vague, entre poésie du split screen et narration lyrique à la Chris Marker. La cinéaste américaine Miranda July prête sa voix aux textes de Katia Krafft. Pensées et quêtes philosophiques sur la vie, l’amour et la nature se mêlent habilement aux recherches scientifiques et pédagogiques que les époux Krafft nous ont laissé en héritage.

Les archives publiques, les captations hypnotiques en 16 mm et les images personnelles de l’intime donnent le sentiment qu’ils reviennent des entrailles de la terre pour se raconter. Tout ce qu’il nous reste, « écrire, raconter des histoires et filmer » et à travers leurs travaux, la réalisatrice envoie comme une flèche dans nos cœurs cette sublime et bouillonnante histoire d’amour, de lave, et donc de cinéma dont nous sommes spectateur·ices.

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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