ART

FESTIVAL D’AVIGNON – « t u m u l u s », François Chaignaud et Geoffroy Jourdain s’égarent

Christophe Raynaud de Lage

Exploration des pratiques rituelles qui font communauté, t u m u l u s de François Chaignaud et Goeffroy Jourdain reste en surface et peine à convaincre, en dépit d’un dispositif intéressant.

Sur scène, un monticule recouvert d’herbe comme un bout de steppe transplanté à Avignon. Lentement, des êtres étranges descendent vers la scène. Ils scrutent le public de leurs yeux attentifs. Recouverts de grandes doudounes bleu marine, on ne perçoit que le frottement de leurs vêtements, on peine à reconnaitre des humains. On dirait plutôt de gros scarabées. C’est la première impression très forte sur laquelle s’ouvre ce spectacle de François Chaignaud et Geoffroy Jourdain. Malheureusement, le spectacle peine à maintenir cette tension et s’essouffle très rapidement.

François Chaignaud est un performeur qui pratique la mise en scène, la danse et le chant. Geoffrey Jourdain vient de l’art lyrique, il est actuellement directeur de la compagnie Les Cris de Paris mais travaillent régulièrement avec des artistes venus d’autres horizons. t u m u l u s est une hybridation de leurs pratiques respectives : mise en scène et mise en corps d’un côté, répertoire de chants polyphoniques de la renaissance de l’autre. Mais pour les deux créateurs, ce spectacle est avant tout une exploration des pratiques partagées au sein des communautés.

t u m u l u s © Christophe Raynaud de Lage

Sur scène, on perçoit bien cet ersatz de communauté primitive qui semble déjà avoir développé un vocabulaire commun : des costumes faits de coiffes et d’accessoires bigarrés, des chants traditionnels entonnés en coeur. En français, t u m u l u s a donné «  tombeau  » mais le terme se rapproche également de «  tumer  » qui, au Moyen-Age, signifiait danser. On sent bien que l’intention du spectacle est d’explorer cette question du rite, qu’il soit mortuaire ou festif. Mais il peine à aller plus loin. Tout semble réduit à un micro-folklore et rester en surface de ce qui fait vraiment une communauté. Quelques moments de grâce se dégagent toutefois, notamment dans certains passages chantés ou changement de luminosité (très belle composition d’Anthony Merlaud). Mais cela ne suffit pas.

Après le très réussi Romances inciertos, un autre Orlando créé avec Nino Laisné en 2018, François Chaignaud revient donc au Festival d’Avignon en petite forme. Dommage. 

t u m u l u s de François Chaignaud et Geoffroy Jourdain. Au Festival d’Avignon (La FabricA) jusqu’au 26 juillet puis en tournée en France et au Portugal. Durée : 1h30. Informations et réservations : ici

Rédactrice "Art". Toujours quelque part entre un théâtre, un film, un ballet, un opéra et une expo.

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