CINÉMA

« Funambules » – Folie douce

Funambules © Les Films du Bal
Funambules © Les Films du Bal

Après Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête, Ilan Klipper revient avec Funambules, une œuvre coup de poing qui explore les arcanes de la folie. Percutant.

Il y a quatre ans sortait en salles Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête, premier long-métrage de fiction d’Ilan Klipper. Le « grand public » découvrait alors ce cinéaste à l’univers singulier et légèrement dingue. Et pour cause, l’œuvre du réalisateur s’intéresse depuis ses débuts à la folie. En 2011, il réalisait Sainte-Anne, hôpital psychiatrique, un documentaire fascinant qui plongeait le spectateur dans cette institution de la psychiatrie. Avec Funambules, Ilan Klipper renoue avec ses premières amours. Dans ce film hybride entre documentaire et fiction (quelques comédiens célèbres font ici-et-là une apparition à l’instar de Camille Chamoux), le cinéaste s’intéresse à cette fameuse frontière, extrêmement ténue, qui nous sépare de la folie. Les femmes et hommes qu’il filme (Aube, Yoan et Marcus) sont passés de l’autre côté ou manquent de tomber dans la démence. Ce sont de fameux « funambules ».

Il y a donc Aube, une jeune fille de 30 ans, à l’étrange créativité. La caméra filme son corps élastique dans un va-et-vient continuel, à l’image de cette scène de danse des plus bouleversantes. Son discours est aussi structuré que décousu. Au premier abord, le spectateur pourrait se dire qu’elle est tout simplement folle. Sauf que c’est bien plus que cela.  Il y a également Yoan, 27 ans, et un certain nombre d’années en unité psychiatrique. Ainsi que Marcus, un homme vivant dans le désordre le plus total (il est décédé deux semaines après la fin du tournage). Les histoires d’Aube, Yoan et Marcus se recoupent les unes par rapport aux autres dans un joyeux bordel qui n’en reste pas moins cohérent.

Un essai cinématographique

Funambules est un film d’une incroyable complexité, qui invite celui qui le regarde à faire un effort de compréhension et de réflexion. Par sa forme et sa narration atypique (une grande importance est accordée aux couleurs et aux sons), le long-métrage d’Ilan Kliper tient plus de l’essai cinématographique que du simple documentaire. Voici un long-métrage aussi percutant que poétique, édifiant qu’esthétique. Avec des visages inoubliables. Vous allez adorer ces funambules  !

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