Présenté au Festival Music & Cinema Marseille, “Jump Darling ” raconte l’émancipation progressive de Russell : des autres, de soi et des dictats. Ce premier long métrage de Phil Connel, offre à la sublime Cloris Leachman, son dernier rôle principal.
Russel (Thomas Duplessie) se produit tous les soirs dans un club de drag queen. Ces représentations lui procurent de la joie, c’est ce qu’il aime faire, c’est sa voie. Seulement, son compagnon n’aime pas beaucoup ça : il ne voit dans cette activité qu’une courte passe, qui ne lui permettra pas de faire carrière. Le couple qu’ils avaient formé pendant des années, est remis en question par quelques phrases indélicates, prononcées à la volée. Russel décide de se replier chez Margaret (Cloris Leachman) sa grand-mère, excentrée vers la campagne.
Tiraillé entre son amour pour la scène et cette crainte d’un avenir précaire, Russel se retrouve confronté au déclin psychique et physique qu’impose inévitablement le temps qui passe. Lorsqu’il est question de la faire entrer en maison de retraite, Margaret perd pied. Rien n’est plus comme avant, chez cette femme qu’il aime tant. Et pourtant, lui-même dépassé par le principe d’un quotidien au rythme soutenable, découvre auprès de sa grand-mère une certaine constance.

Le rire comme exutoire
Profondément égarés, ces deux êtres en quête de stabilité partagent un humour grinçant. Portées par un comique déroutant, leurs scènes sont un réconfort récurrent. Cette femme, pour qui la vie perd son sens, semble retrouver son esprit, aux côtés de celui qui lui insuffle de la vie. Lui, tente de reprendre goût à l’essentiel. Ils s’aident et se sauvent là, où la solitude paraissait fatale.
Cloris Leachman, subjugue par son jeu. Ses yeux, son front, ses commissures de lèvres, n’ont aucun besoin de se mouvoir. Son visage, riche de sublimes rides, convie des émotions d’une limpidité déconcertante. La pudique complicité que parvient à transmettre Thomas Duplessie, à travers son interprétation, complémente Cloris à merveille.
Sous couvert de retrouvailles familiales, Jump Darling parle de la vie, de l’amour, et de la mort, qui effraie encore. La vie d’artiste et ses déboires, toutes ces choses auxquelles on aime croire. Faut-il souffrir ou bien partir ? Devrait-il être libre à chacun de choisir ?