Toutes les deux semaines, les journalistes de Maze vous proposent un tour d’horizon des albums et EP qui ont fait l’actualité musicale.
Vitalic – Dissidænce Episode 2
Vitalic fête ses 20 ans de carrière et après avoir ambiancé le monde entier, sorti 6 albums aussi différents que géniaux, il livre un double opus publié fin 2021 et début 2022. Le duo Dissidænce vient clore un premier chapitre d’une carrière faste, marquée par un concert dantesque à l’Accor Arena le 12 mars dernier.
Pascal Arbez-Nicolas alias Vitalic est et demeure un incontournable de l’électro mondiale. Que ce soit sur la scène électronique mainstream aux côtés de Rone et Agoria ou avec Mr. Oizo et KAS:ST (qui ont d’ailleurs assuré sa première partie à Bercy) sur la scène techno, acid et indus’ plus underground. Mais alors que vaut Dissidænce Episode 2, ce dernier album sorti le 25 février ?
Plus expérimental que l’Episode 1, l’opus semble poser les bases d’un retour à la scène underground dont on parlait plus haut. Avec des compositions plus sombres, techno et robotiques, l’album s’éloigne de Voyager qui avait fait de Vitalic une star internationale en 2017. Que ce soit le martial The Void, l’entêtant The Light is a Train ou le berlinois Dancing in the Street, les morceaux n’épargnent pas et on sort de l’album secoué, avec l’envie de prendre l’air après 30 minutes passées dans l’obscurité d’une salle bondée. Avis aux amateurs de soirées dark, stroboscopées et définitivement jouissives.
Coups de Cœur : Sirens et The Light Is a Train
Sortie le 25 février
Basile Hervé
Mélissa Laveaux – Mama Forgot Her Name Was Miracle
Après 3 albums aussi variés qu’autobiographiques, la chanteuse franco-canadienne dévoilait le 11 mars dernier Mama Forgot Her Name Was Miracle, son quatrième opus. Melissa Laveaux est connue pour mélanger les styles et les influences afin de faire de sa musique un carrefour du blues, du jazz et de la folk, le tout teinté de musique traditionnelle haïtienne, d’où est originaire la musicienne.
Composé pendant les confinements, ce nouvel opus est un album concept : chaque chanson est associée à une figure féminine tombée dans les limbes de l’Histoire. La colors session Lilith fait référence à une démone dans la tradition juive, Ching Shih était une puissante pirate du XIXème siècle, l’outro Jackie rappelle la chanteuse de soul américaine… Des personnages historiques souvent méconnues que Mélissa Laveaux fait revivre, à travers 13 morceaux gorgés de groove. Rythmes entraînants et syncopés, mélodies douces et attachantes, l’album fait voyager à travers l’Histoire et les styles de musiques. Pour aller jusqu’au bout de son concept, la chanteuse a associé chacune des chansons de son dernier album à une personne, amie ou connaissance. Une vidéo intimiste dans laquelle chacun.e est filmé.e dans sa passion, que ce soit l’écriture, le dessin, la composition…
Côté collaboration, Mélissa Laveaux s’entoure d’Oxmo Puccino et son flow politique et rocailleux ainsi que de November Ultra et sa voix douce. Mama Forgot Her Name Was Miracle est un album incroyable, qu’on réécoute en boucle et qui se hisse déjà dans notre top 2022.
Coups de cœur : Fire Next Time, Gee’s Bend.
Sortie le 11 mars
Basile Hervé
Kevin Heartbeats – Debt Level Alright (Ep)
Kevin Heartbeats nous ouvre sa boite à malice remplie de sons et bruits en tous genres. Étrangement beaux et mélodieux, le premier Ep du français Debt Level Alright rayonne. Ici l’artiste distord les sonorités de son quotidien pour se l’approprier et en faire une dream pop aux rythmes énergétiques et électroniques. C’est avec sa pop robotique de Zucchini Skin et Soothed que nous entrons dans ce monde de bidouillages frénétiques. Sur son single Overnighto, les mélodies se mélangent aux riffs de guitare planants du refrain pour finir élevé par la voix de tête de Kévin sur le morceau Bark Bark océan de bizarreries sonores.
Plus l’EP avance, plus nous entrons dans l’univers mécanique de l’artiste avec pour apothéose cette symphonie de sons cosmiques World Sad Web dont seul Kévin en à la clé. Rendez-vous le 24 mars au Point Éphémère pour découvrir l’homme requin de cet EP cinglé.
Coups de cœur : Zucchini Skin, Soothed, Pretty, Overnighto, Bark Bark, World Sad Web.
Sortie le 25 février
Thomas Soulet
Delv!s – BlaBlaBlue
Delv!s – BlaBlaBlue
Voici la nouvelle pépite r’n’b, soul et funk du label Because, Delv!s. Venu tout droit de Belgique, le musicien nous dévoile dans ce premier album Blablablue sa passion pour tous types de musiques. Bercé par la soul à la Durand Jones and The Indication avec le titre sulfureux Walk Alone Track, ou le morceau groove et funky aux allures parfois afrobeat de Human Trumpet, l’auditeur ne pourra qu’être rassasié. Le riff de guitare qui suinte le rock et le blues de Money ne peut que faire bouger les foules qui ne pourront être apaisées que par la triste balade soul Baby Blue. Un album éclectique délicieux qui pioche même dans l’électro comme sur le planant morceau Brother.
Fan de Shuggie Otis, James Brown ou encore Nina Simone, Delv!s fait de Blablablue un album puissant aux sonorités multiples mais jamais loin de ces influences fétiches jazz, soul et funk.
Coups de cœur : Human Trumpet, Walk Alone Track, Money, Round and Round, Baby Blue, Brother, I Try.
Sortie le 25 Février.
Thomas Soulet
Sacha Rudy – Somewhere (Ep)
C’est entre Los Angeles et Paris que le jeune artiste Sacha Rudy nous présente la pop groovy de son premier EP Somewhere. Le pianiste chanteur nous délecte de cinq morceaux détonants, mélodieux et puissants. Bercé par la French Touch, Sacha choisit l’anglais pour nous conter ses histoires d’amour et autres tourments de la génération des années 2000. Avec Upside Down on y voit comme un 360 de tout ce qui ne tourne pas rond autour de nous, bercé par des nappes de synthétiseurs et la voix douce de Rudy. Puis nous reprenons notre souffle avec Breathe, titre disco pop dansant, qui empreinte certaines envolés lyriques à James Blake.
Puis le featuring avec Camille Jansen étonne et sonne presque opéra sur une vague de musique électronique. Enfin, avec Cure Me, balade soul tendre, et 405, morceau empruntant à la vapor wave, l’artiste nous démontre bien ses talents de producteur. Un Ep mielleux et convaincant.
Coups de cœur : Upside Down, Breathe, Cure Me, 405.
Sortie le 23 février
Thomas Soulet
Charlotte Adigéry & Bolis Pupul – Topical Dancer
Ça ne ressemble à rien d’autre. On suit le travail de Deewee depuis des années – le label fêtait ses 5 ans l’an dernier – pourtant on ne sait jamais à quoi s’attendre. La seule variable, immuable et connue de tous : ce sera assurément incroyable. Et dire que les frères Dewaele ont le nez creux est un euphémisme car c’est à eux qu’on doit la rencontre, sur le tournage d’un film, de Charlotte Adigéry et du beatmaker Bolis Pupul, que la native de Gand décrit aujourd’hui comme son “mari musical”. Démarrant pied au plancher en 2018 avec le premier hit Paténipat, qui introduisait la scène électro à l’univers de Charlotte.
Une flopée de singles et d’EPs et quatre ans plus tard, nous y voilà, le premier album est là. Légitimement nommé Topical Dancer, l’album dénonce les appropriations culturelles tout en faisant danser. Français, anglais, créole, Charlotte se mue en tour de babel pour traiter des sujets qui lui et nous sont chers (racisme, harcèlement, réseaux sociaux..). Et si quelques titres avaient déjà été distillés au compte goutte, chance est de constater que le tracklisting ici est plutôt bien fourni. Treize titres, entre influence punk (Ceci n’est pas un cliché), ambiance backroom (It hit me), spoken word hypnotique (Ich Mwen) ou jeu de mots (Huile Smisse), le duo belge nous offre probablement le disque le plus original de l’année. Un disque qui mérite autant que l’attente qu’il a suscité. À écouter absolument.
Coups de coeur : tout l’album
Sortie le 04 mars
Guillaume Lacoste
