CINÉMA

« Vanille » – Échappée fantastique en Guadeloupe

Vanille Copyright Gebeka Films
Vanille Copyright Gebeka Films

Gagnant du prix Cristal pour une production télévisuelle au Festival du film d’animation d’Annecy, Vanille est le premier moyen métrage de Guillaume Lorin. Au cinéma depuis le 2 février, ce dessin animé aborde avec légèreté et humour la question de l’identité.

Vanille vit en métropole avec son père. Elle veut partir en vacances au ski avec ses copines, mais sa tante lui a offert un billet d’avion pour venir la voir en Guadeloupe. Agacée d’aller dans un endroit qu’elle ne connait pas, voir des personnes qu’elle ne connait plus, Vanille s’envole pour l’île à reculons. Mais la petite fille tombera vite sous le charme de «  l’île papillon  » et découvrira que le folklore qu’elle abrite est plus réel qu’imaginaire.

Vanille est précédé de deux courts-métrages de moins de 10 minutes chacun, Kiko et les animaux de Yawen Zheng et Ton français est parfait de Julie Daravan Chea. Le premier court met en scène un petit garçon colérique qui se croit supérieur aux animaux. Ceux-ci vont le remettre à sa place et l’apaiser progressivement. Ton français est parfait aborde quant à lui la question de l’identité, rejoignant directement le sujet de Vanille. Aline a honte de ses origines cambodgiennes et de sa mère qui apprend le français. Vanille est donc l’alliage des deux, une petite fille en colère qui n’accepte pas ses origines.

Renouer avec ses racines

Il y a dans le moyen métrage Vanille deux types de racines qui s’entrecroisent. Le retour à la terre de sa mère d’abord (les racines métaphoriques) et celles des cheveux (racines plus concrètes). Guillaume Lorin joue sur ces deux aspects, puisque Vanille s’ouvre par exemple sur une scène de coiffure. La petite fille se lisse les cheveux dans sa salle de bain. Elle les aplatit, les dompte, et lorsqu’ils regonflent, elle se met en colère. Ce n’est qu’une fois arrivée en Guadeloupe qu’elle apprendra à aimer sa chevelure, grâce à sa tante Frédérique. Et c’est donc tout naturellement que l’aventure commence, lorsque les femmes de l’île sont victimes d’une mystérieuse disparition collective de leurs cheveux.

Mêlant animations en 2D et décors en arrière-plan de type photo-réalistes, ce moyen métrage est un plaisir pour les yeux. Loin de présenter une île touristique et ses clichés de carte postale (pas l’ombre d’une plage n’est ici montrée), le Guadeloupéen Guillaume Lorin s’attache au contraire à présenter l’intérieur des terres. Aidé par Oba, un garçon-feuillage, la petite Vanille aura pour but de rejoindre le cœur du volcan de la Soufrière, aussi surnommée la « vieille dame  », pour récolter le pollen de la fleur Arum Titan. Son parcours initiatique réconcilie la jeune fille avec elle-même et ses origines.

Vanille Copyright Gebeka Films

Guillaume Lorin prend donc soin de s’adresser à des enfants tout en plongeant ses personnages dans un contexte mi-réaliste, mi-fantastique précis. Il est notamment question dans une conversation d’adultes inquiets du chlordécone. Cet insecticide très toxique a été utilisé en Guadeloupe et en Martinique pendant vingt ans pour lutter contre le charançon du bananier. Vanille, en petite métropolitaine déracinée, découvre donc toute une culture qu’elle ignore, du créole au folklore antillais.

Vanille est un dessin animé inventif et énergique. Ce dernier point est parfois le seul qui lui fasse défaut. Contraintes par le format court, les scènes s’enchainent par endroit trop rapidement. On comprend par exemple que la mère de Vanille est décédée sans plus de détails. Par pudeur certainement. L’arrivée de la petite fille sur l’île est donc à la fois un travail de deuil et une quête initiatique. Le dessin animé se veut joyeux et le transmet bien aux spectateur·ice·s.

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