CINÉMA

César 2022 – Entre films prestigieux et soirée ennuyante

Antoine de Caunes - capture d'écran Canal +

La 47e cérémonie des César s’est déroulée vendredi 25 février à l’Olympia. Une nouvelle édition marquée par l’ennui et la gêne. 

La soirée commençait pourtant bien et avait tout pour réussir. Il faut dire que le cinéma français était particulièrement gâté cette année. Les nominations de films prestigieux ne manquaient pas, les invités talentueux étaient presque tous présents et en prime, deux acteur.ices étrangers — et pas des moindre — étaient aussi à l’événement. Bref, la recette d’une soirée mémorable, mais seulement sur le papier… Retour sur les César 2022.

Une gêne, traditionnelle ?

Mais les César ne seraient pas les César sans leurs moments de gêne intense. Nouveauté cette fois, c’est Marie S’infiltre qui décide de monter sur scène. Elle fait une déclaration malaisante à Louis Garrel ou montre son postérieur à une ribambelle d’invité.es prestigieux.ses – notamment devant Adam Driver ou encore Cate Blanchett.

S’ajoutent les blagues et la mise en scène d’Antoine de Caunes qui n’arrangent rien. Il faut dire qu’il ne nous aide pas vraiment à déceler l’ironie sur son visage. Quant à son texte, on ne sait pas s’il est improvisé ou non. Beaucoup de moments auraient pu être évités à la vue des rires du public qui n’étaient pas au rendez-vous.

Mais il faut le reconnaître, tenir une soirée comme celle-ci n’est pas facile. On pourrait lister l’ensemble des moments unnecessary and awkward, comme la fois où Omar Sy a demandé à un public peu réceptif de se lever et de danser. Mais, il faut plutôt retenir les points presque révoltants de la soirée. 

Le cinéma d’animation français méprisé

Comme si ce milieu ne souffrait pas déjà assez d’une non-reconnaissance et d’une non-valorisation par le secteur, il fallait en plus qu’il soit ridiculisé une nouvelle fois sur scène alors que tant de choses importantes étaient à dire. Milieu de soirée, vient le tour de récompenser le meilleur film d’animation. Trois films sont nommés mais le grand gagnant —sans surprise — revient à Le sommet des dieux de Patrick Imbert ( qui fait actuellement plus de 200 000 entrées).

L’équipe du film vient sur scène pour récupérer son prix mais aussi pour délivrer un discours sur le cinéma d’animation, plus qu’important. Seulement voilà, visiblement ce discours n’est pas assez pertinent aux yeux de l’orchestre ou d’Antoine de Caunes qui ne se sont pas privés de les déstabiliser pour leur faire comprendre que leur discours était trop long.

Même si les minutes de cette cérémonie sont précieuses, il faut reconnaître que cette séquence est d’une violence qui révèle l’indifférence de l’industrie à l’égard du cinéma d’animation français. Alors qu’il a beaucoup de choses à offrir, comme en témoigne le sacre de J’ai perdu mon corps en 2020. 

Des prix satisfaisants mais restent certain.es oublié.es 

Le sacre d’Illusions perdues est très largement mérité. Récompensé par sept prix, le film distribué par Gaumont rafle la mise : prix du meilleur espoir masculin pour Benjamin Voisin, du meilleur acteur dans un second rôle pour Vincent Lacoste, de la meilleure photographie, de la meilleure adaptation, des meilleurs costumes et des meilleurs décors.

Toutefois, on ne peut s’empêcher de voir le manque de cohérence dans le choix des primés. On regrette que Valérie Lemercier récupère la statuette de la meilleure actrice face à une ribambelle d’autres prestations mémorables. Du côté du meilleur acteur, on pensait que le long trajet d’Adam Driver serait récompensé… Pourtant, il repart bredouille.

Heureusement, Annette de Leos Carax récupère plusieurs César — et ce n’est pas pour nous déplaire — dans cinq catégories : meilleure réalisation, meilleure musique originale, meilleurs effets visuels, meilleur son et meilleur montage.

Les grandes oubliées de cette soirée restent les réalisatrices. Sacrées respectivement à Cannes et à Venise, Julia Ducournau et Audrey Diwan n’ont visiblement pas marqué les esprits de l’académie des César.  On notera tout de même la mention spéciale de Caroline Champetier au cinéma La Clef Revival ou le César d’honneur de Cate Blanchett. Bien évidemment les hommages à Jean-Paul Belmondo ou encore Gaspard Ulliel sont venus redonner un peu de splendeur à cette soirée.  

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