CINÉMA

Peter Bogdanovich, cinéaste du Nouvel Hollywood, est mort

© Getty Images
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Peter Bogdanovich est décédé le 6 janvier 2021 à l’âge de 82 ans. Il laisse derrière lui plusieurs beaux films et un regard exigeant sur le cinéma classique américain.

Peter Bogdanovich, critique de cinéma

Après quelques monographies pour le Museum of Modern Art (MoMA) sur Alfred Hitchcock et Howard Hawks, le jeune critique Peter Bogdanovich écrit des articles pendant plusieurs années pour Esquire Magazine. Il se fait repérer par les cinéphiles, avides d’entretiens et d’analyses sur les grands cinéastes classiques. C’est en 1968, avec Targets, qu’il réalise son premier film. Il est déjà hanté par l’idée que tous les bons films ont déjà été faits. Idée que l’on retrouve trois ans plus tard dans son documentaire Directed by John Ford. La rencontre avec le cinéaste ne se déroule pas très bien. Au moment de lui demander comment il a tourné une scène, John Ford lui répond :  « avec une caméra ». Ce dernier interrompt l’interview avant la fin et ne répond à aucune question.

Peter Bogdanovich devient connu la même année avec The Last Picture Show. Tiré d’un livre, le récit se déroule dans une petite ville du Texas où déambule un groupe d’adolescents. Le premier plan est un panoramique sur cette ville déserte où traînent les fantômes d’un cinéma disparu. En 1971, Hollywood est en pleine effervescence avec l’arrivée de nouveaux cinéastes qui brisent les codes (Martin Scorsese, Arthur Penn…). Il s’inscrit dans ce mouvement du Nouvel Hollywood avec une mélancolie plus appuyée. Le critique Jean-Baptiste Thoret, qui a réalisé un livre d’entretiens avec lui, préfère parler d’élégie. Le cinéaste semble regretter un passé qui n’a peut-être jamais eu lieu. The Last Picture Show est à ce titre exemplaire. Le regard de Cybill Sheperd déborde d’intensité dans le film. Les deux tomberont amoureux sur le tournage avant de se quitter peu de temps après.

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Cybill Shepherd et Timoty Bottoms dans La Dernière Séance de Peter Bogdanovich © Carlotta Films

Disparaitre des radars

Par la suite, il réalise quelques beaux films un peu oubliés aujourd’hui (Paper Moon, Daisy Miller). Les œuvres suivantes ne rencontrent pas de succès et il faut attendre le début des années 2000 pour qu’il revienne sur le devant de la scène. Quentin Tarantino (il fait une apparition à la fin de She’s Funny That Way) et Wes Anderson ne cessent de l’encenser. A l’écran, On retrouve Peter Bogdanovich pour un petit rôle dans la série The Sopranos mais aussi dans la sitcom How I Met Your Mother.

Il apparait comme une figure d’historien à qui on vient demander des anecdotes sur le passé d’Hollywood. Si sa filmographie est inégale, elle est parsemée de grands films qui resteront à l’heure où Hollywood ne permet plus à ce genre de cinéastes d’exister.

Pour aller plus loin, en compagnie de Jean-Baptiste Thoret :

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