Six ans après la sortie en salle d’Une Belle fin, Uberto Pasolini poursuit dans Un Endroit comme un autre sur les questions liées à la fin de vie. Un long-métrage touchant et tendre, qui ne vire jamais au mélodrame.
John, 34 ans, est rongé par une maladie incurable. Dans quelques mois, il sait qu’il va mourir. Cette mort, John l’accepte, il n’y résiste pas coûte que coûte. Mais s’il y a quelque chose pour lequel il veut se battre, c’est pour l’avenir de son jeune fils de 4 ans, Michael. Il l’élève seul, sa compagne l’a quitté. Dès lors, il va tout faire pour trouver une famille d’accueil qui prendra Michael sous son aile.
L’envers du « père invincible »
Un Endroit comme un autre aborde deux sujets sensibles, l’adoption et la mort, qui à tout moment pourraient heurter l’enfant. Or ici, Uberto Pasolini parvient à trouver le parfait équilibre entre une certaine pédagogie de la part du père, et les interrogations pleines de bon sens du fils. Chez Michael, qui commence à comprendre la situation, la réflexion et la naïveté de l’enfance remplacent les cris et la souffrance. Une acceptation mesurée du futur proche qui évite de tomber dans le pathos.
James Norton, peu habitué de ce genre de rôles, interprète en l’espèce un père calme, réfléchi, sans tabou. Son visage, affaibli par la maladie, ne laisse pas transparaître l’image d’un homme au fond du gouffre. Au contraire, John fait œuvre de lucidité, sait ce qui l’attend, et s’attèle à sauver l’enfance de ce qu’il a de plus précieux. Uberto Pasolini redéfinit ainsi la notion traditionnelle de « figure paternelle ». Le côté héroïque du père s’inscrit alors dans la volonté d’assurer le bien-être de son fils, en son absence.
Une vision contemporaine de la famille
Le long-métrage met l’accent sur une relation père-fils très forte, peu exploitée jusqu’à présent chez les familles monoparentales. Les plans rapprochés, sur le visage creusé de John, ou sur celui de Michael, renforcent le lien qui les unit. Sans faire d’énumération, Uberto Pasolini réalise un panorama moderne des familles d’accueil, bien plus réaliste et diversifié qu’une succession de familles « bien sous tous rapports ». A l’image des deux protagonistes, en quelque sorte.

Le récit, inspiré d’une histoire vraie, se déroule dans une zone pavillonnaire de Belfast. Le réalisateur restitue un climat où la lutte des classes est assez présente. John, à travers son métier de laveur de carreaux, observe dans le reflet des vitres la joyeuse vie des autres. En ce sens, le long-métrage dépeint une atmosphère sociale semblable au cinéma de Ken Loach. Pasolini reste toutefois centré sur le point de vue du père, pour ne pas perdre le spectateur face à un militantisme affiché.
Un Endroit comme un autre est une véritable chronique familiale basée sur la tendresse, si précieuse à la veille d’un triste évènement. Que James Norton joue le prochain James Bond ou non, une chose est sûre : avec lui, mourir peut attendre.