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(Re)voir – « Basic Instinct » : La séduction est une arme à double tranchant

Basic Instinct © Studio Canal
© Studio Canal

Le classique et sensuel Basic Instinct de Paul Verhoeven est disponible sur Ciné+ jusqu’au 13 février 2022. Un film à suspense somptueux qui n’est pas sans rappeler l’âge d’or des Hitchcock.

En ouverture, des fragments de miroirs qui reflètent des corps nus en mouvement. Désir brûlant et réalité éclatée, la première minute du long métrage de Paul Verhoeven donne le ton. Catherine Tramell interprétée par Sharon Stone est le sujet d’une investigation menée par Nick Curran joué par Michael Douglas. Il enquête sur le meurtre d’un homme tué à coup de pic à glace. La milliardaire et écrivaine est la principale suspecte. Elle entretient une relation sexuelle avec ce dernier et est la dernière à l’avoir vu.

Face aux inspecteurs, hommes misogynes et forts de leur virilité, elle les mène par le bout du nez ou plutôt de la cigarette dont elle se sert pour instaurer un jeu. Ceux qui se gavaient de blagues salaces à la découverte de la scène de crime et des tâches de « foutre » sur le lit ensanglanté, suent (littéralement) à grosses gouttes face à Catherine.

Les policiers sont séduits, Nick également, même s’il est le seul à maintenir qu’elle ment alors qu’elle a passé l’exercice du détecteur de mensonge avec brio. Il faut dire qu’elle a un alibi de taille  : il a été tué de la même manière que dans le dernier livre de Catherine Tramell, une trentaine de coups de pic à glace dans le torse et les mains attachées à un lit par une écharpe hermès blanche.

Un thriller qui donne des Sueurs froides

L’intrigue se déroule à San Francisco aux États-Unis, dans la même ville que le classique Sueurs froides ou Vertigo d’Hitchcock. Les références au maître du suspense ne s’arrêtent pas là. Catherine sort de l’appartement de Nick et descend les escaliers. Elle s’arrête et lui parle dans un plan en contre plongée qui dévoile des escaliers en spirale. Un plan copié-collé sur ceux d’Hitchcock où la scène de l’escalier est centrale.

L’escalier est synonyme de chute mais surtout d’emprise, similaire à un cercle vicieux. Tous les personnages de Basic Instinct sont sous emprise d’une substance comme la cocaïne et l’alcool pour Nick ou alors de quelqu’un. Malgré les apparences, alors que Catherine semble avoir de l’emprise sur tout le monde, on l’en vient à se demander si elle n’est pas elle-même sous emprise.

Mais alors qui croire  ? La question reste en suspens durant tout le film et toute l’investigation, comble pour un procédé qui a pour but ultime de faire éclater la vérité. Qui se joue de qui dans un environnement où chacun ne montre qu’une facette – un bout du miroir – aux autres  ? Au fur et à mesure du film, le passé des personnages se dévoile souvent plus sombre que ce qu’ils ont fait croire. Même ceux.elles qui paraissent être les plus irréprochables, comme Elizabeth en sa qualité de psychologue, cachent bien des failles.

Instinct animal basique

Malgré l’importance du psyché dans les actions des personnages et leur personnalité, le film a été largement critiqué pendant le tournage par des associations féministes et LGBT. Catherine est présentée comme bisexuelle, elle entretient une relation avec une femme en parallèle de ses conquêtes masculines. Les associations ont accusé Paul Verhoeven de présenter une vision manichéenne de la bisexualité. Elles considéraient que ses troubles psychiatriques étaient expliqués par son orientation sexuelle.

En regardant le film, il paraît évident que les problèmes de Catherine, comme ceux des autres personnages par ailleurs, ne sont pas liés à leur hétérosexualité ou bisexualité. Les causes sont plus profondes et le réalisateur montre justement qu’elles sont liées à l’humain et sa psychologie.

Le titre du film est explicite, Verhoeven met au centre l’instinct. Il le décline à l’infini aux travers des pulsions : crise de colère de Nick, envies meurtrières, désir sexuel, shots de Jack Daniels. Les personnages ne semblent pas être maîtres d’eux-mêmes, contrôlés par plus fort qu’eux.

Basic Instinct revisite les films à suspense dans un genre plus brut voire animal dans son érotisme. Là où les travers humains sont plus forts que la raison ou plutôt que de la manipulation.

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