Le Malandain Ballet Biarritz met Igor Stravinsky à l’honneur à l’occasion d’un double programme présenté jusqu’au 12 novembre au Théâtre de Chaillot. Le Sacre du printemps de Martin Harriague ressort comme le temps fort de cette soirée.
La soirée commence gentiment avec une œuvre de Thierry Malandain lui-même. Le directeur du Malandain Ballet Biarritz propose une chorégraphie de l’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky. Sur scène, vingt-et-un danseurs représentants un troupeau ou un essaim sont perturbés par l’arrivée d’un flamboyant vingt-deuxième. Paré de couleurs chatoyantes voire incandescentes, ce trublion tout en souplesse va d’abord perturber le groupe. Certains sont attirés par sa virtuosité comme des papillons par la lumière. Mais, progressivement, c’est lui qui va désirer s’insérer dans le groupe. Comme si ne plus être seul valait de sacrifier un peu de sa grâce naturelle.
Si elle n’est pas désagréable, cette proposition n’est pas non plus spécialement marquante. Elle glisse gentiment sur le public qui ne retient que l’application et l’engagement des vingt-deux interprètes. Surtout, cet oiseau de feu souffre de la comparaison avec la deuxième pièce de la soirée : Le Sacre du printemps, imaginé par le jeune Martin Harriague.
Passer après Pina Bausch
À 34 ans, Martin Harriague est un chorégraphe que l’on souhaite voir plus souvent. On a peine à croire qu’il ne s’est sérieusement engagé dans la danse qu’à 19 ans. La maîtrise dont il fait preuve dans sa version du Sacre témoigne d’une grande connaissance de son art et d’un parfait contrôle de ses intentions.
Évidemment, il ne réinvente pas complètement le Sacre. Sa proposition s’inscrit pleinement dans la continuité de celles de la première version de Nijinsky ou de celle plus récente mais tout aussi historique de Pina Bausch. Mais à force d’ingéniosité et de poésie bien dosée, le jeune artiste parvient pleinement à s’approprier cette œuvre imposante.
Il sait gérer la troupe et assurément créer des images. Celle du tout début, qui voit les dix-neufs danseurs s’extraire successivement d’un piano subjugue et fait sourire. Les passages de groupes sont très forts, à tel point qu’il semble y avoir bien plus de dix-neuf danseurs sur scène. On ne peut pas non plus manquer de souligner le travail sur les costumes qui se transforment au cours de la pièce. Ils réussissent à être à la fois très seyants et en même temps complètement au service de la narration. On ne peut en dire davantage sans risquer de gâcher le plaisir de la découverte mais, vraiment, on veut en voir plus…
Programme Stravinky du Malandain Ballet Biarritz. Au Théatre de Chaillot jusqu’au 12 novembre. Durée : 1h20. Informations et réservations : ici