SÉLECTION OFFICIELLE – COMPÉTITION – Dans Julie (en 12 chapitres), Joachim Trier dresse le portrait d’une jeune femme libre et impulsive. Une histoire séquencée sur les questionnements de la vie d’une femme insatisfaite et rythmée par les sentiments amoureux.
Dès l’adolescence, Julie se cherche. Éternellement frustrée, elle se lasse de ses études. De la médecine à la photographie, elle explore des voies sans jamais achever ce qu’elle entreprend. Puis, quand elle rencontre Aksel, un auteur de BD d’une quarantaine d’années, elle va tenter de se stabiliser. Or, la lassitude finit par la rattraper et Julie continue de fuir, de courir vers autre chose. Ici, en l’occurence elle court après un autre homme, de son âge, lui aussi incapable de la satisfaire. La jeune femme est finalement en quête d’une seule chose : elle-même.
Dans ce cinquième long-métrage, Joachim Trier présente dans une fresque en douze chapitres les choix d’un personnage féminin contemporain. Il dissèque avec humour la comédie romantique et se joue du temps, celui qui passe. Celui que la magie du cinéma peut arrêter dans une superbe séquence onirique. D’un sujet en apparence classique, l’émancipation d’une femme à travers ses relations professionnelles et amoureuses, le cinéaste norvégien offre finalement une lecture romanesque, rythmée par une mise en scène enlevée servie par des dialogues spontanés. À travers ce personnage, Julie (en 12 chapitres) interroge un mal générationnel de notre époque, l’ode à la décision et la multiplicité de choix de vie s’offrant à nous.
En peignant le portrait de Julie, le réalisateur ne tombe jamais dans le catalogue de thèmes. Pourtant, à travers une écriture maligne, il aborde tous les questionnements que peut se poser une femme d’une trentaine d’années avec ses sentiments, son corps et sa sexualité, la maternité. Le personnage expérimente des situations drôles ou plus dramatiques dans lesquelles on peut toustes se reconnaître. Ce qui donne au film, par ailleurs, un élan vital d’une justesse rare. Il filme ses héros complexes – donc humains – avec un regard d’une douceur telle qu’aucun jugement n’est possible quand ils prennent de mauvaises décisions.
Ce trio amoureux formidablement interprété par les comédiens – Anders Danielsen Lie, Herbert Nordrum et l’incroyable vraie révélation Renate Reinsve qui illumine la pellicule – permet à Joachim Trier d’interroger la structure du couple telle qu’elle nous a été inculquée. Alors, le film atteint son climax dans une séquence où Julie et Eivind se rencontrent lors d’une soirée. Attirés comme des aimants l’un à l’autre, mais chacun.e engagé.e dans une relation de couple exclusif, ils vont expérimenter les limites de la fidélité, du comique au sensuel. Le temps d’une nuit jusqu’au petit matin, le jeu du « et ça c’est tromper ? » regorge d’idées plus farfelues les unes que les autres dans un vrai plaisir de cinéma. Vivant, libre et spontané, Julie (en 12 chapitres) nous traverse d’émotions et de sensations vraies.