CINÉMA

« Les Fantasmes » – Confessions très intimes

© Bertrand Vacarisas - 2020 MANDARIN PRODUCTION - GAUMONT

Film à sketchs sur le désir sexuel, du plus commun au plus insolite, Les Fantasmes séduit par sa fantaisie et son irrévérence. Drôle et insolite, le troisième long-métrage de David et Stéphane Foenkinos ne laisse pas indifférent.

C’est un duo plutôt inclassable dans le cinéma français. Depuis quelques années, les frères Foenkinos ont su se faire une place sur grand écran en revisitant le genre de la comédie romantique (La Délicatesse) ou celui du film satirique (Jalouse). À chaque nouvelle proposition cinématographique, celle-ci est différente. Cette fois, pour leur nouveau long-métrage, Les Fantasmes, ils s’emparent d’un genre finalement assez désuet  : celui du film à sketchs. Très en vogue dans les années 1950 et 1960, ce «  patchwork  » d’histoires a connu sa période de gloire avant de finalement laisser la place à d’autres genres sur lesquels les critiques seraient peut-être un peu moins systématiques. Car presque toujours lorsqu’il est question d’un récit à sketchs, l’argument de l’inégalité revient en force. Toutes les histoires ne se valent pas et certains segments sont mieux que d’autres. Tel est l’idée qui finalement résume le plus souvent ce type de cinéma.

D’une certaine idée du désir

Les Fantasmes n’échappe pas à cette critique. Ici, les frères Foenkinos déclinent sur six histoires une thématique qui parlera à tous les couples  : celle du désir. Suivant les cas, il peut être commun, insolite et même très étrange. Dans ce nouveau long-métrage, il va être question pêle-mêle de ludophilie (être excité par l’idée de jouer un rôle), de dacryphilie (être excité par les larmes), de sorophilie (être excité par la sœur de l’être aimé), de thanatophilie (être excité par la mort), d’hypophilie (être excité de ne plus faire l’amour) et d’autagonistophilie (être excité d’être regardé en faisant l’amour).

Bien évidemment, cela donne des situations particulièrement cocasses. Comme le cas de la thanatophilie, par exemple. L’idée en soi est déjà peu commune. De manière à rendre la chose encore plus décalée, les frères Foenkinos ont eu la bonne idée de faire appel à Carole Bouquet et Monica Bellucci pour jouer un couple pour qui jouissance ne rime qu’avec faucheuse. Les voici donc courant les enterrements et les services de soins palliatifs dans le but d’atteindre l’orgasme suprême. Cela faisait longtemps que les deux comédiennes ne s’étaient pas livrées à un tel exercice de lâcher prise. Et cela fait du bien  !

Alors oui, à côté de ce segment qui restera certainement dans les annales et qui a déjà fait beaucoup parler de lui en amont de la sortie du film en salles (notamment pour les scènes d’étreintes passionnées entre les deux actrices), certaines histoires sont peut-être un peu moins percutantes. Comme celle autour de la sorophilie, montrant un Ramzy Bedia déboussolé face au trouble qu’il se met à ressentir devant sa belle-sœur incarnée par Joséphine de Meaux. Une femme au physique finalement assez commun bien loin de la beauté angélique de sa fiancée, interprétée par Alice Taglioni. Si le choix du casting est plutôt judicieux, force est de reconnaître que ce sketch aux allures de vaudeville sage peine à surprendre.

Malgré ses hauts et ses bas, Les Fantasmes reste un film tout en légèreté qui n’a finalement pas d’autre ambition que de divertir. Balayant certaines idées reçues sur le couple, cette comédie estivale a tout d’un réjouissant feel good movie.

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