Villages ravagés par les flammes ou sous l’eau, les extrêmes climatiques apparaissent sur différentes parties de la planète. Après les dernières pluies diluviennes en Europe, est-ce que notre été sera aussi chaud qu’au Canada ? Et surtout, devons-nous nous préparer à un avenir où les catastrophes naturelles extraordinaires deviennent ordinaires ?
Les 14 et 15 juillet derniers, l’ouest de l’Europe est touché par d’impressionnantes pluies. Des voitures comme certaines maisons sont emportées en Belgique. Les villages sont ravagés par des glissements de terrain, en particulier en Allemagne. Des catastrophes aux conséquences désastreuses : de nombreuses personnes perdent la vie au cours de ces deux jours. D’après les derniers chiffres, la Belgique dénombre 37 morts et environ une dizaine de personnes disparues. Un constat encore plus catastrophique en Allemagne, où le dernier bilan est de 180 morts et plus de 700 blessés. Des catastrophes directement imputables aux bouleversements climatiques.
En Belgique, la Communauté française (Liège, Namur, Hainaut) et la Communauté germanophone à l’Est du pays ont particulièrement été touchées par ces pluies. En quelques minutes des torrents d’eau ont tout emporté sur leur passage. Les habitants se sont précipités dans les hauteurs des maisons, car l’eau montait de marche en marche. Le Soir raconte :
« De l’eau boueuse qui monte jusqu’aux fenêtres, des voitures dont on ne voit plus que le toit, des sauveteurs qui s’affairent à extirper des habitants de leur maison sinistrées. »
Le Soir.be reportage de Laurence Wauters le 15/07/21
Quelques jours plus tard, la Belgique est de nouveau touchée par de violents orages, en particulier dans la province de Namur. Mais cette fois, les pluies ne font que des dommages matériels.
Si les orages sont porteurs de pluies, sur une terre asséchée ils amènent également des incendies. Dans l’Ouest du Canada et des États-Unis, les feux de forêts continuent de ravager une partie du territoire. Pour rappel, fin juin le Canada enregistrait son record national de chaleur, soit 49,6° provoquant la destruction de certains villages. C’est le cas de Lytton, un petit village à 250km de Vancouver qui a été emporté à 90 % par les flammes.
À l’heure actuelle, le Dixie Fire ravage une partie de la Californie. Cet incendie a déjà brulé une superficie plus grande que la ville de Los Angeles, comme l’explique Le Monde. Il est si conséquent qu’il génère son propre climat, c’est-à-dire, qu’il crée ses propres nuages qui amènent, eux-mêmes, des vents et des orages. Les éclairs et les vents assèchent les terres et ainsi alimentent constamment les flammes et créent de nouveaux foyers. Dimanche 8 août, il est devenu le deuxième plus grand feu de l’histoire de la Californie.
L’origine des inondations en Europe
Au Canada et aux États-Unis, l’origine des incendies est relativement simple à comprendre : une forte chaleur qui amène par la suite des orages dont les éclairs provoquent des incendies. L’origine exacte de ce phénomène rare se surnomme « dôme de chaleur ». Il survient lorsque des masses d’air restent bloquées dans un même endroit. Elles réchauffent l’atmosphère et ainsi assèchent une partie de la terre.
Cependant, l’origine des inondation peut varier. Soit l’eau provient de la montée des océans et donc c’est une conséquence directe du réchauffement climatique. Soit l’eau provient des nuages. Les chercheurs ont écarté l’hypothèse de la montée des eaux qui pointent plutôt une conséquence de l’abondance de pluie. Dans ce cas, pourquoi les villes et villages semblent avoir été plus touchées que les campagnes ? Certains accusent l’agriculture et les infrastructures urbaines de rendre imperméable le sol. Les champs n’ont plus assez de talus et de bosquets qui permettent de limiter l’écoulement des eaux, car les grandes exploitations agricoles ont tout arraché. Les villes sont goudronnées et l’eau ne peut plus s’infiltrer dans le sol pour limiter également la concentration d’eau en surface.
L’importance de la perméabilité des sols est présente dans une photographie qui circule sur les réseaux sociaux depuis les inondations en Belgique.
Pourtant, pour le climatologue Jean-Pascal van Ypersele interrogé par le magazine Moustique, ces inondations proviennent de la conséquence d’un effet de serre et de l’intensité de l’eau qui est tombée en très peu de temps. Cet effet de serre est également appelé par les météorologues « goutte de froid », c’est-à-dire qu’une « poche d’air froid [s’est formée] à quelques 5.400 mètres au-dessus de nos têtes » d’après le site de la chaine météo. Cette poche d’air froid est rentrée en conflit avec une masse d’air chaud ce qui a provoqué une instabilité de température. Les conséquences de ce conflit ont été d’importantes pluies et des orages.
Des analyses sont encore en cours afin d’apporter une explication précise sur les origines de cette catastrophe naturelle. Mais, pour de nombreux climatologues, le phénomène de « goutte de froid » est vivement mis en avant.
Notre avenir entre goutte de froid et dôme de chaleur
Ces évènements naturels font rapidement penser aux dérèglements climatiques qui s’intensifient d’année en année. Si l’inquiétude de la population commence à s’installer, des mises en garde ont pourtant été faites dans le passé. En 1990, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) présentait un rapport sur les modifications climatiques. Ils y expliquent que les phénomènes de sécheresse et de pluie vont s’accentuer à l’avenir. Des prévisions maintenant devenues réalité comme le montrent les derniers événements.
Dans ce cas, en Europe, après la pluie, allons-nous être touchés par une canicule cet été ? Est-ce qu’un « dôme de chaleur » peut s’abattre sur notre mois d’août ?
À priori non. Pour qu’un « dôme » ou une vague de chaleur apparaissent, il faut que les sols soient déjà secs. Mais, après les orages et les pluies qui sont tombées en Europe, les températures de cet été ne vont pas être caniculaires, puisque les sols humides vont tempérer l’énergie solaire. Selon le climatologue Xavier Fettweis, il est fort probable que des « dômes de chaleur » comme au Canada apparaissent en Europe de l’ouest dans les 10 ans, si on ne change pas nos habitudes. La seule manière de limiter ces futures vagues de chaleur, est selon lui de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre et d’anticiper les changements climatiques. Ces propos rejoignent ceux de John Holdren, professeur en sciences de l’environnement à Harvard, qui explique :
« Face aux changements climatiques, nous sommes face à un triple choix : des mesures d’adaptations, des mesures d’atténuation ou la souffrance. Plus on pourra faire d’atténuations, moins l’adaptation sera nécessaire et moins de souffrance il y aura. »
John Holdren, professeur à Harvard
Ainsi, les inondations et les incendies risquent de devenir de plus en plus fréquents à l’avenir. Depuis le mois de juillet, les catastrophes naturelles ne cessent de se déclarer. Dernière en date, les nombreux incendies qui touchent la Grèce et notamment l’île d’Eubée transformée en brasier géant depuis huit jours.