TERRIER a sorti le 14 mai dernier son premier EP solo Naissance. Un ensemble de sept titres qui saura accompagner à merveille vos nuits d’été. Nous avons échangé par rapport à cette sortie et aux influences qui l’ont suivi au cours de ce projet.
Nouveau favori de la musique alternative parisienne, David Enfrein aka TERRIER, nous propose un premier EP envoûtant et déjà très prometteur. Sa patte entre punk rock et ballades pop mélancoliques a enflammé le cœur de la critique et du public en un rien de temps – et peut-être déjà le vôtre ? Si ce n’est pas le cas, alors nous sommes fiers de vous inviter à entrer dans le monde trash et mélancolique du musicien.
TERRIER, un univers rock sentimental
TERRIER, désormais basé sur Paris, mais en réalité originaire de Vendée, n’en est pas complètement à ses débuts. Cela fait plusieurs années qu’il travaille dans le milieu, en tant que renfort d’amis musiciens. Mais ce sont vraiment ses premiers pas en tant que soliste. Une expérience nouvelle, un peu angoissante peut-être, mais pas moins stimulante, qui lui permet d’enfin montrer les couleurs qui lui sont propres.
“Le nom vient du lieu où j’ai commencé. C’était une sorte de studio souterrain dans Montreuil. J’ai commencé à écrire une chanson qui s’appelle Le Terrier. Elle raconte la raison pour laquelle je me suis mis à écrire et pourquoi ce lieu m’a aidé pour le projet. Je me suis aperçu qu’il fallait que je prenne ce nom-là.”
C’est ainsi qu’est né le projet TERRIER. Il se veut impactant, tant dans sa manière de chanter que dans son visuel.
“Quand j’ai créé le projet, j’avais un moodboard avec des images, des mots, et j’avais un truc placardé en mode affiche publicitaire. Souvent, ce sont des gros slogans assez impactants, assez flashy ; d’où le logo du nom aussi rouge.”
Une esthétique que l’on retrouve également dans ses clips soignés, aux visuels léchés allant du style urbain jusqu’au collage pop. Le musicien s’entoure d’artistes vidéastes et de graphistes tels que Valerian7000 et Julien Peultier pour créer des vidéos originales. Sont apparus des clips comme Rue des Pervenches ou L’Hiver pour Julien Peultier et Le Bandit pour Valerian7000.
“J’ai toujours écouté des musiques dans cette veine de rock anglais, un peu hybride. Je suis plus à l’aise avec la langue anglaise en tant qu’auditeur.”
Ses influences viennent de groupes britanniques comme Working Men’s Club, Young Fathers ou encore des Arctic Monkeys. Ces références rock se ressentent effectivement dans sa musique où la guitare électrique se mêle aux mélodies électroniques. Elles s’entendent également dans la manière de chanter qui, par moment, sont des paroles criées, venant du cœur.
Des riffs de guitares rock, une batterie rythmique, des samples et des synthétiseurs pop accompagnent ces mots emplies de mélancolie. David n’aime pas trop se comparer à d’autres, mais reste ouvert également aux influences que l’extérieur lui propose et qui, indirectement, influencent sa musique. “Je ne sais pas trop s’il y a une case à donner. Moi, je pense que c’est de la pop music et que le fait que ce soit conté ou crié, pour ce qui est de la manière de chanter, fait que ça devient hybride avec un ADN rock”. La musique est prenante et en live elle se veut énergique. “En live, c’est du rock assez vener. Je me mets toujours dans la position de ce que, moi, je voudrais voir.”
L’énergie donnée par l’instru pourrait faire penser à Grand Blanc, mais TERRIER est clair, il n’a pas du tout été influencé par eux, mais plutôt par les mêmes groupes. “Grand blanc, c’est un groupe que j’aime beaucoup, mais par exemple dans les textes, c’est un peu abstrait.” Les seuls artistes français auxquels il se réfère sont plus des musiciens de la vieille école, comme Brassens. Et ça a du sens, car ces artistes ont, une manière d’approche similaire à la musique. Ce sont des chansons à texte, ou l’instrument garde une place importante, mais où l’histoire contée est davantage mise en avant avec la langue et le timbre de voix utilisé.
Les paroles sont quelque chose d’intime, une histoire, un moment, et même une saison peuvent être racontés avec sensibilité. Pour TERRIER, il n’est pas question d’utiliser une autre langue que le français pour relater ses relations amoureuses, les fêtes alcoolisées, sa passion pour le foot, l’amour pour ses parents et son goût pour le rêve. Parler de soi dans une autre langue n’aurait plus de sens et instaurerait une distance qui rendrait ces histoires artificielles.
“Moi, je chante en français pour que ce soit très personnel et j’ai envie de raconter des choses et je me vois mal mettre la barrière de l’anglais. Pour le public, j’ai envie que ce soit frontal. L’anglais est utilisé comme instrument alors que le français a une autre valeur. L’anglais sonne bien, moi j’utilise le français pour que ça heurte.”
Les coulisses de l’EP
L’EP Naissance est un recueil de sept morceaux, que l’on pourrait caractériser de carte de visite ou de journal intime de David. Il nous parle de sa jeunesse en Vendée, de ses parents ou encore de sa saison favorite. C’est la naissance d’un projet intime, puissant et plein d’émotions. Les thèmes des musiques se suivent, mais ne se ressemblent pas. Écrites il y a quelque temps, les paroles retracent des moments, des émotions vécues et qui sont des points clés de sa vie. Telle une petite boîte remplie des souvenirs de notre enfance, et gardée précieusement dans un coin de notre chambre, les chansons de Terrier retracent des moments de sa vie et ses souvenirs enfouis.
Comme la vie est trash et sans filtre, TERRIER ne mâche pas ses mots : il veut être clair, frapper en plein cœur. David le dit lui-même “On est plus juste quand on chante dans sa langue natale, on choisit les bons mots.” L’auditeur écoute, comprend, se heurte aux paroles.
Ce que cherche à nous dire TERRIER dans Naissance, c’est que malgré le temps qui passe, les sentiments, eux, ne changent pas. Cette approche très sensible fait partie de la démarche même du chanteur, qui veut évoquer à ses auditeurs leurs propres souvenirs, pour qu’ils s’approprient à leur tour la musique. “C’est toujours cool de voir les gens s’approprier une chanson. Ils vont vivre avec la chanson.”
Pour garder son indépendance et sa liberté d’artiste, David a créé son propre label, également appelé TERRIER. “S’est posée la question de signer en maison de disques ou pas pendant le confinement. J’ai réfléchi et, en fait, j’avais juste envie d’être indépendant à la fois artistiquement et stratégiquement. J’avais un peu envie de faire comme je le sentais : sortir des sons quand j’ai envie, si je suis pas prêt je ne le sors pas et on ne me force pas.” Même si maintenant le domaine de la musique a un peu évolué avec des labels indépendants plus respectueux de l’artiste, on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Mais ce n’est pas pour autant que TERRIER est un projet replié sur lui-même. “Je flippais un peu, mais je suis bien accompagné en terme de management. Ce n’est pas comme si j’étais tout seul contre tous. Même si je me dis indépendant, j’ai beaucoup de personnes autour du projet qui m’aident, qui me conseillent.”
L’été sourit à TERRIER, car des dates de concerts sont annoncées dans quelques villes de France. La prochaine est au Trabendo le 3 juillet pour le Take me out Festival, en compagnie du groupe Ojos. Préparez-vous à un set élaboré avec soin. Accompagné d’un batteur et sa guitare à la main, TERRIER saura vous conquérir avec une formation pop gardant, tout de même, un aspect “bourrin”, et c’est David qui le dit !