Septième long-métrage de Julie Delpy, My Zoe arrive dans les salles françaises dès le 30 juin. Parlant divorce et poursuite de carrière, le film s’attarde surtout sur l’amour d’une mère pour son enfant. Un amour sans limite, parfois jugé extrême.
Depuis les années 90, Julie Delpy ne touche pas qu’à l’acting mais également à la réalisation et au scénario. Après sa participation à l’écriture de la trilogie Before (1995-2013), elle continue sur sa lancée et connaît de nombreux succès. Les comédies comme Lolo (2015) ou Two days in Paris (2007) la font connaître derrière la caméra, ainsi que l’indépendant Looking for Jimmy (2002).
En 2018, elle change de cap et réalise un drame familial. My Zoe raconte l’histoire d’une famille qui se déchire de plus en plus par le divorce des parents, James (Richard Armitage) et Isabelle (Julie Delpy). Entre eux, il y a Zoé, leur fille de 8 ans, forcée aux aller-retours entre l’appartement de sa mère et la maison de son père. Alors que les parents se font la guerre pour la garde complète de la petite, ils sont frappés par une tragédie qui change leurs priorités, leurs comportements envers l’un l’autre et leurs vies prennent un nouveau tournant.
Super-maman
« L’amour d’une mère est sans limites », voilà ce qu’on lit sur l’affiche promotionnelle du film. On sait qu’il s’agit d’une histoire d’amour entre une mère et sa fille, mais on est tout de même frappés par cette complicité marquante dès les premières minutes du film entre les deux personnages. Julie Delpy est sublime en mère âgée, douce et aimante. Pendant le premier tiers du film, on entre dans l’intimité de la famille et on remarque un gros écart entre l’amour et la complicité entre Isabelle et sa fille par rapport à l’amour assez éloigné de James pour sa fille.
On sent qu’Isabelle est plus proche de sa fille que James, et que cela pousse le père à se battre encore plus pour la garde complète de Zoé. Avec ce film, Julie Delpy n’a pas voulu montrer que l’amour d’une mère est plus fort que celui d’un père mais plutôt que la mère a cet instinct maternel qui a toujours existé de manière intemporelle et à travers le monde.
Malgré tout, le personnage d’Isabelle n’est pas parfait. On apprend les erreurs qu’elle a commises, les raisons de sa rupture avec le père de Zoé, son implication totale dans son travail de généticienne… La mère est peut-être parfaite pour sa fille, la femme pas tant que cela. Et c’est aussi bon de voir des personnages aussi réalistes. On peut ne pas être l’Homme parfait, mais pour son enfant, on le devient.
Après la tragédie qui frappe la famille Perrault-Lewis, Isabelle prend un nouveau tournant en dépassant les limites que l’on aurait pu imaginer, pour sauver sa fille. Malheureusement, on attend ce dépassement des limites, ce refus de respecter les règles tout le long du film, et ils arrivent finalement très tard.
Une intrigue en retard
C’est dans le dernier tiers du film, durant les 30 dernières minutes, que l’amour d’Isabelle pour sa fille dépasse réellement les limites. My Zoe est très réaliste, nous plonge dans cette famille détruite et nous laisse nous identifier aux personnages avant de prendre un tournant de science-fiction au dernier moment. Cet aspect scientifique et presque fantaisiste aurait pu intervenir beaucoup plus tôt et nous laisser nous y faire tout en comprenant les différentes démarches d’Isabelle dans ce projet inimaginable aujourd’hui.
En subissant presque cette tournure surprenante pendant les derniers moments du film, on ne sait trop où se placer. On est curieux de voir où ce projet va basculer car il est si différent de ce que l’on peut faire aujourd’hui, de ce que notre société peut penser. Mais on a également du mal à se faire à la nouvelle ambiance très futuriste du film. Cet aspect de My Zoe nous rappelle Vivarium, film qui se voulait de science-fiction mais qui prend une tournure totalement absurde pendant les dernières minutes de l’histoire.
Ces prouesses génétiques nous font rêver, et réfléchir sur ce qu’un tel projet peut signifier pour l’humanité. On reste sur notre faim et soif de curiosité avec cette intrigue qui arrive tard, se terminant alors rapidement. L’avenir de nos personnages étant presque bâclé, traité sans la douceur et l’attente que l’on pouvait avoir pendant le reste du film.
My Zoe est un pari réussi pour Julie Delpy qui voulait sortir de ce que l’on pouvait attendre d’elle. La réalisatrice parvient avec succès à nous offrir un conte sur l’amour maternel. Différent de ses comédies précédentes, My Zoe nous transporte au coeur d’une famille détruite par la rupture et le chagrin mais solidifiée par un amour incommensurable.