CINÉMA

CANNES 2021 – « Jane par Charlotte » : La vraie Birkin

Jane par Charlotte - © 2021 NOLITA CINEMA - DEADLY VALENTINE
Jane par Charlotte - © 2021 NOLITA CINEMA - DEADLY VALENTINE

SÉLECTION OFFICIELLE – CANNES PREMIÈRE Pour son premier film derrière la caméra, Charlotte Gainsbourg choisit de rendre hommage à Jane Birkin. La femme, l’icône, mais surtout sa mère. Un portrait pudique et émouvant.

Charlotte Gainsbourg et Jane Birkin arrivent dans la salle, craintives, presque gênées d’attirer tant de regards. Toutes deux sont des stars internationales, les visages d’une famille mythique du cinéma français. Et pourtant, on les trouve voilées de pudeur et d’angoisse. Jane par Charlotte est à leur image. Hésitant, tremblant… Mais profondément humain, malgré la gloire.

Pour sa première partie, Jane par Charlotte impressionne plus par son sujet que par ses images. La caméra de Charlotte Gainsbourg est novice, elle cherche des points d’accroche, parfois sans les trouver. L’image est souvent floue et affolée. Mais c’est finalement grâce à ces impuretés que l’on ressent le malaise qui habite la réalisatrice. Avec son objectif, elle s’aventure en terrain inconnu. Elle tâtonne, semblant ne pas vouloir brusquer ce monstre mythique qu’est Jane Birkin. Cette distance se fait ressentir dès les premières images : elles sont comme deux biches apeurées, l’une d’être capturée et l’autre de s’approcher trop près.

Mais peu à peu, la confiance s’installe. Avec une tendresse infinie, Charlotte Gainsbourg parvient à accrocher ce lien intime, une mère et sa fille qui se découvrent. Elle cherche Charlotte dans Jane, et Jane dans Charlotte. À travers sa mère, elle tente aussi de se comprendre. Sous les yeux du spectateur, c’est cette recherche si humaine qui se dévoile, celle d’une enfant qui a besoin de sa mère, de sa présence et de son amour.

La Jane dans Birkin

Devant la caméra, on découvre une nouvelle Jane Birkin. Sur son visage, s’écrit une histoire jamais racontée : celle d’une femme changée, par le deuil, par la maladie, et par les années qui s’échappent. C’est l’après Birkin, la renaissance de Jane. Celle qui a cherché à rompre avec cette image ultra-féminine, fantasme ultime des sixties, peint un nouveau portrait. Elle parle, doucement, toujours avec ce délicieux accent anglais, de ce nouveau rapport au corps et à la beauté. À la mort, aussi.

C’est dans la seconde partie du film que la réalisatrice se trouve. Sa passion pour la photographie se révèle dans des plans beaucoup plus travaillés et une lumière mieux maîtrisée. Elle mêle des confessions intimes et des images d’archives, offrant au présent la richesse du passé, et la présence de ceux qui ont tant compté pour cette famille.

En regardant sa mère, Charlotte Gainsbourg cherche les siens. Sa sœur perdue, son père, mais aussi ses enfants qui grandissent trop vite, et s’arrachent déjà à elle. Dans ce documentaire à peine édité, elle capture des moments précieux avec de l’humour et beaucoup d’humanité. Sans aller à l’essentiel, elle laisse au spectateur le soin de décortiquer, couche après couche, l’image de sa mère, qui au fond est LA mère. Car ce lien si précieux que la réalisatrice porte à l’écran, c’est celui de toutes les filles qui se cherchent et se découvrent à travers leur mère.

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