Depuis des mois, les salles obscures sont littéralement plongées dans le noir. Faire perdurer le septième art coûte que coûte, tel est le pari. À l’occasion de la fête du court-métrage ayant eu lieu du 24 au 30 mars, Arte nous offre une sélection d’une vingtaine de films. Top 6.
La sélection offerte par Arte passe de l’animation au documentaire, de la couleur au noir et blanc. Le choix est ample. Si vous aimez passer du rire aux larmes en quelques secondes à peine, voici un panel d’émotions assez large. Sur une vingtaine de films en ligne, voici les six plus marquants – ceux qui peuvent parler à tout le monde, aussi. Les trois premiers sont des courts-métrages d’animation. Si l’esthétique des trois suivants peut sembler disparate, leur point commun est celui de la famille, souvent l’essence même de toute inspiration.
Le pouvoir du dessin : quand des sensations oubliées refont surface
L’heure de l’ours – Agnès Patron
Agnès Patron remporte le César 2021 du meilleur film d’animation avec L’heure de l’ours. Rien d’étonnant : elle nous emporte ici dans un univers à la fois onirique et cauchemardesque. La minutie est au rendez-vous, la douceur est à la fois sonore et visuelle. Mais rapidement, l’incandescence des traits nous glace le sang, nous rappelant qu’enfance ne rime pas toujours avec innocence. À voir si vous êtes en quête de frissons, de sensations oubliées.
Repas dominical – Céline Devaux
Des bulles et de l’humour grinçant. C’est la voix atypique de Vincent Macaigne -reconnaissable entre mille, qui nous plonge dès les premières secondes dans cet âpre repas de famille. Céline Devaux dessine un film sur les détours, les tabous, l’hypocrisie. Le tout dans une atmosphère visuelle des plus rythmées, reflétant parfaitement les pensées qui fusent, à toute vitesse.
Oncle Thomas : la comptabilité des jours – Regina Pessoa
En compétition nationale au festival de Clermont-Ferrand 2020, ce film de Regina Pessoa retentit comme un véritable hommage à son oncle, homme marginal, obsessionnel, à qui la réalisatrice doit beaucoup. Tant au niveau de l’éducation transmise, que de l’inspiration artistique dont elle a hérité de lui. Un personnage retentissant à la fois comme un exemple et comme une énigme.
Le terrain familial comme éternelle source d’inspiration
Goodbye Golovin – Mathieu Grimard
Surimpressions, ralentis, innombrables cuts. Dès le premier plan de ce film canadien, c’est le russe qui nous berce. « Maintenant qu’il est parti, je peux vivre », nous dit la voix de Ian Golovin, nous parlant de son père. Un court-métrage sur le deuil comme élan, comme dérive. Ou comme une fuite. L’attitude d’Oleksandr Rudynskyi nous rappelle incontestablement celle d’Olivier Pilon dans Mommy. La musique, les valeurs et les couleurs des cadres, le rythme… autant de détails qui nous rappellent la sensibilité de Xavier Dolan.
Ma mère à découvert – Ken Wardrop
« Je préfère être grosse et gaie que maigre et triste », confie la mère de Ken Wardrop. Des rires, du piano et des rides. Dans un monde où la censure est reine, où seuls des corps jeunes et sans failles semblent avoir le droit d’apparaître, cette mise à nu réchauffe, apaise. En effet, cette déambulation d’une soixantenaire loin des standards nous touche en plein cœur. Elle rassure, aussi. En nous rappelant avec humour que les sentiments prennent souvent le pas sur l’apparence. Une œuvre des plus décomplexantes.
Peel, exercice de discipline – Jane Campion
C’est grâce à ce premier film que Jane Campion a remporté sa première Palme d’Or en 1986, réalisé lorsqu’elle était encore étudiante en école de cinéma. Elle y mêle révolte familiale et tentative veine de communication. Ici, les couleurs, sursaturées, nous oppressent autant que les dialogues. La tension monte tout au long du film. Elle ne sait pas encore qu’elle livre un concentré des thèmes phares de son œuvre : entre autre l’ambiguïté, le désir, et la folie. Elle dépeint également les personnages féminins comme étant les personnages les plus en retrait. Les plus lucides, aussi.