Deux fois par mois, la rédaction vous offre une sélection de dix clips qui ont fait l’actualité musicale. Pour cette première sélection du mois d’avril, une virée nostalgique avec Le Noiseur, des danses sous-marines avec TARDA, un bouquet champêtre et floral avec Odezenne.
LE NOISEUR – Relax par Aurélien Ferré
Le Noiseur a quitté son salon pour aller danser dans le Perche, sur les traces de sa jeunesse. Le temps d’un clip Relax, de nouveau capté par la caméra d’Aurélien Ferré, il redevient Simon Campocasso. Il nous offre son adolescence dans les années 90, une chambre recouverte des idoles rap de l’époque : NTM, IAM ou Diam’s, un poster de La Haine, puis le terrain de football et les cascades à vélo. Son traditionnel costume est remplacé par une veste de jogging nineties floqué de son nom : Le Noiseur. Un retour aux sources nostalgique mais toujours aussi rythmé et dérisoire, comme une acceptation du deuil de l’enfance pour pouvoir avancer doucement. « Tu peux courir tu seras déçu. On retrouve pas les années perdues. Et la vie elle, elle continue. Mais relax, tout roule. Tu verras ouais c’est cool. Relax, tout roule. Tu verras la vie sera cool » entonne le chanteur comme une hymne. Tout va bien tant que l’on peut encore danser dans les carrières de sable au son de sa voix. Tout roule.
Diane Lestage
Franky Gogo – The Purple Rest par les membres du Congres
Avec The Purple Rest l’artiste Franky Gogo met un peu plus en image son premier EP sorti fin 2020, Fast and too much. Le résultat du clip de The Purple Rest est un alliage entre un réalisme froid et un psychédélisme vibrant. Les tons rose de l’image, qui bercent les personnages digne d’un film de David Lynch ou de Bertrand Mandico, nous saisissent le temps d’un instant. Franky Gogo nous charme avec sa love machine organique, sensuelle et mystérieusement attractive. Une ambiance onirique se dégage de cette partition morcelée et presque plaintive, assurant définitivement l’accord entre son(s) et image(s).
Caroline Fauvel
Charlotte Adigéry – Bear With Me (and I’ll stand bare before you) par Alice Kunisue
L’artiste Belge Charlotte Adigéry nous présente son nouveau morceau Bear With Me (and I’ll stand bare before you) dans un clip confiné presque claustrophobique. C’est pour la première compile de son label DEEWEE que la musicienne nous délecte de ce single électro aux riffs de synthétiseurs cold wave. La réalisatrice du clip Alice Kunisue met en image la folie que le confinement peut engendrer et c’est avec les paroles d’Adigéry qu’elle colorie sa vidéo d’images absurdes sur fond vert. La chanteuse énumère toutes les choses nouvelles que la pandémie a créée ou produite comme des dauphins à Venise, les lives stream, ou encore la fermeture des bars, restaurants et boites de nuit. Charlotte nous montre dans ce clip en noir et blanc les deux faces de ce combat face au virus. D’un côté, la facilité de rester chez soi et ne rien faire pour sauver des vies, et de l’autre, la folie qui nous guette à se retrouver face à nous même, nos peurs et l’ennui.
Thomas Soulet
YELLE – Noir par Giant
Pour le clip de Noir, issu de son album l’Ère du Verseau, Yelle se la joue icône de mode, vêtue d’un body chair moulant, presque étouffant. On assiste ensuite à la confection d’une tenue noire sur mesure, directement sur son corps. La chanteuse demeure immobile, comme si elle n’était qu’un simple mannequin. La vidéo se termine sur une image de Yelle, élégante et coiffée d’un chapeau breton, en référence à sa terre natale. Giant, aux commandes, nous offre un clip à l’esthétique léchée, jouant sur un contraste pop, qui vient compléter l’identité visuelle de ce nouvel album.
Robin Schmidt
TARDA – Buraco de afundar par TARDA
Le projet musical et audiovisuel brésilien TARDA, a sorti pour son morceau Buraco de afundar un court-métrage très immersif. Le groupe traite, à travers ses créations, des tensions créées à partir de l’identification dans les relations humaines et des flux d’informations chaotiques. Il a également remporté en 2020 un prix. Figurant sur leur premier album Futuro, sorti le 11 novembre dernier, Buraco de afundar, c’est une poésie à la narration scandée de manière rythmée, doublée de riffs de guitares. On débute et on fini la vidéo par des plans de danse sous-marine, très voluptueuse. Un rapport très intime se fait entre le spectateur et le groupe. On retrouve un rapport au naturel et surtout à l’eau dans l’esthétique du projet visuel de TARDA, un environnement qui devient récurrent. Cette relation étroite s’accentue lors des images tournées à la VHS où l’on découvre le groupe en plein travail. Une douceur se dégage de cette vidéo, accompagnée de cette musique qui nous berce et nous apaise.
Eva Duc
Odezenne – Géranium par Alix Caillet et Romain Winkler
Après leur collaboration avec le groupe Mansfield TYA sur le titre Une danse de mauvais goût, Odezenne continue de faire parler de lui et dévoile un nouvel extrait d’un futur album à venir avec Géranium. Pour accompagner le morceau aux accents très eighties , ils livrent un clip champêtre et floral où l’on suit Jaquo et Alix dans leurs pérégrinations quasi-absurdes. On y croise des chevaux et des bolides de compétitions et un lit de fleurs abandonné. Une vidéo libre et énigmatique à l’image du groupe qui résonne étrangement avec le clip d‘Une danse de mauvais goût, l’on croise d’ailleurs Rebeka Warrior au détour du clip, déposant un bouquet coloré sur nos yeux. De quoi ravir nos oreilles en attendant, on l’espère fort, le Zénith prévu pour le 11 février 2022.
Pauline Pitrou
Japanese Breakfast – Posing In Bondage par Michelle Zauner
Japanese Breakfast nous a surpris avec un clip vidéo du single Posing in Bondage, tous deux sortis le 8 avril dernier après Be Sweet. Un morceau énigmatique tout autant que le clip, à son image. Dirigé ni plus ni moins par l’artiste, Michelle Zauner, ce clip est rempli de mélancolie. Nous arrivons dans un supermarché, à une heure tardive de la nuit. Un lieu vide de toute présence humaine sauf une caissière attendant le client en mangeant un ramen noodle instantané. Le seul autre personnage de cette vidéo n’est d’autre que le deuxième membre du duo de rock indépendant, Girlpool. Michelle Zauner arrive sur un smartboard (engin à deux roues qui avance tout seul), habillée de noir et du sang lui dégoulinant de la bouche tel un vampire des temps modernes. Un brin burlesque, le clip relate un moment de grande solitude avec de belles lumières colorées, des images au ralenti, une atmosphère planante. Les deux âmes solitaires sont comme des anges déchus, cherchant un peu de chaleur humaine. Très actuel, n’est ce pas ?
Eva Duc
COUR DE RÉCRÉ – Agathe, Agathe par Antoine Josset
En attendant un nouvel album qui devrait sortir cet été, le trio pop sucré-acidulé Cour de récré revient avec le clip du morceau Agathe, Agathe réalisé par Antoine Josset. Une fois de plus, on retrouve l’aspect kitsch de leur clip, notamment par la présence d’un cadre surmonté de coeurs en ses angles. Mais au cœur du clip, cette fois-ci, c’est les Sims qui semblent avoir été convoqués. Trois avatars inspirés des membres du groupes évoluent dans un monde coloré et imaginaire façon vaporwave. La musique aussi nous rappelle volontiers cette dernière thématique, avec ses synthétiseurs mélodieux, pour nous conter cette fois une rencontre en soirée avec Agathe, qui semble avoir un peu trop bu. On a hâte de l’album.
Victor Costa
Eisbear – Steve McQueen par Eisbear
Après avoir dévoilé il y a quelques mois une reprise du titre de Minnie Ripterton, Lovin’ You, le groupe lyonnais Eisbear est de retour avec un nouveau single, Steve McQueen. Dans ce clip réalisé en noir et blanc, on suit une jeune femme, ses humeurs et sa belle énergie, au gré de ses déambulations dans la ville. On retrouve l’univers groovy, vibrant et lumineux que sait si bien produire le groupe ! “Falling in a lousy loving phase, I run along the shore I don’t care anymore” : on se noie gaiement dans ce refrain qui fait filer sur la piste de danse !
Leelou Jomain
The Zenmenn – Salad Bar par Ben Anderson
Salad Bar nous offre une plongée hypnotique dans l’univers du groupe The Zenmenn. Le clip vaporeux, réalisé par Ben Anderson, est rythmé de mains dansantes et colorées superposées au visage du chanteur. Une poésie sensuelle, des rythmiques organiques… Un véritable oasis. Le titre est à retrouver sur le tout premier album du groupe, Enter The Zenmenn, sorti le 12 avril dernier, sur le label néerlandais Music From Memory.
Leelou Jomain