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« Je n’aime que la musique triste » – Petit éloge du passé ?

Je n'aime que la musique triste - Le Gospel
Je n'aime que la musique triste - Le Gospel

Publié via le projet d’édition indépendant le Gospel, Je n’aime que la musique triste d’Adrien Durand est un petit livre captivant et bourré de bons sentiments. Un recueil qui ravira (ou consolera du moins) toutes les personnes en mal de foules, de rencontres fortuites et de concerts.

Adrien Durand est un passionné de musique, il nous l’avait déjà montré, notamment dans son essai sur Kanye West – Kanye West ou la créativité dévorante chez Playlist Society en 2020. Aujourd’hui il nous propose – avec Je n’aime que la musique triste – une récollection brève de différents textes aux titres accrocheurs. Un tout qui se veut intense dans ses thématiques et nous plonge dans des souvenirs d’acteur mouvant du monde musical.

Évidemment le thème nous parle : les rencontres, nos mémoires que l’on associe fréquemment à des chansons à des mélodies, des moments volés en concerts, des instants futiles et pourtant cruciaux. De la guitare de Patti Smith, à l’écoute peu fructueuse des Counting Crows sous MDMA, en passant par l’éloge légitime des discussions nocturnes dans les bars – Adrien Durand décortique chapitre après chapitre des morceaux de vie en partant d’anecdotes.

Dans ces différents textes, chaque détail compte. C’est justement ce qui rend ce récit profondément humain et aisé à lire, les points de départ se voulant à la fois intrigants dans leur présentation et leur déroulement progressif. Dans la dernière partie de l’ouvrage l’auteur se donne à un exercice de mémoire concis mais juste, exprimant des moments imagés au travers d’une simple phrase : « Je me souviens ». « Je me souviens qu’à New-York c’est Puff Daddy qui avait annoncé Deerhunter sur scène » ; « Je me souviens que le film de Nick Cave m’avait mis super mal à l’aise (celui en 3D sur la mort de son fils) » ; «  Je me souviens de mon dernier concert de 2020 (DIIV, pas terrible)  » – bien que l’on ait du mal à croire à cette dernière remarque de notre côté.

« Comme pas mal de gens cette année je suis passé par des phases de remise en question qui m’ont clairement mis face à la vacuité de mes préoccupations une certaine superficialité de ce qui anime ma vie professionnelle et (éventuellement) créative. Pour être tout à fait honnête, ce n’était pas la première fois. Et je finis par penser que c’est un processus tout à fait sain. »

Adrien Durand en introduction du texte Teenage Whore

C’est un livre plein d’honnêteté sur le milieu musical, sa frénésie, son absurdité, l’énergie qu’on y consacre, sa manière de nous absorber – au point de nous bouffer (souvent/parfois) et de conditionner nos vies (pas moins de vingt-huit années, tout de même, dans le cas d’Adrien Durand). Je n’aime que la musique triste est éperdument touchant de par cela. Écrit au cours de l’année 2020, il nous ramène avec nostalgie à l’essentiel : la fête, le partage et le hasard constant des événements, toutes ces choses géniales que créent la musique et son environnement. Tout ce qui nous manque. Ce n’est donc pas un recueil sur la musique triste mais plutôt sur tout ce qu’il reste de beau à venir et tout ce que l’on espère vivre et fêter à l’avenir.

Je n’aime que la musique triste, Adrien Durand, Le Gospel, 8€ – disponible sur le site ainsi que dans certaines librairies indépendantes.

La playlist qui accompagne la lecture de l’ouvrage :

Du cinéma et de la musique - Master Métiers de la Culture

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