CINÉMA

« I Care a lot » – Une ennemie en or

I Care a lot - Copyright Seacia Pavao/Netflix 2020

© Copyright Seacia Pavao / Netflix 2020

Parmi les sorties récentes de Netflix, il y a I Care a lot, un thriller grinçant signé J Blakeson. Rosamund Pike y tient avec brio le rôle d’une tutrice malhonnête et cruelle qui profite de la faiblesse de ses victimes pour s’enrichir.

Marla Grayson veut prendre soin de vous. Prendre soin des autres, c’est son métier. À ce petit détail près : elle se spécialise dans l’internement forcé des personnes riches et âgées, à qui elle vole tous leurs biens une fois passée la porte du centre de santé. Cruelle et déterminée, Marla partage le monde entre les chasseurs et les proies, les lions et les moutons. Un jour, Marla s’en prend à Jennifer Peterson. Un choix qu’elle va très vite regretter. Alors qu’elle pensait avoir trouvé la poule aux oeufs d’or, Marla va découvrir que sa pensionnaire n’est pas celle qu’elle croit.

Dimanche dernier, a eu lieu la 78e cérémonie des Golden Globes. Parmi les talents récompensés, Rosamund Pike, vue récemment en Marie Curie dans Radioactive. Pour son rôle dans I Care a lot, l’actrice a remporté le prix de la Meilleure actrice dans une comédie musicale ou une comédie. Un personnage sur mesure pour une actrice au talent authentique.

© Copyright Seacia Pavao/Netflix 2020

Rosamund Pike n’a plus à prouver qu’elle excelle dans les rôles de femmes froides et manipulatrices. Son interprétation d’Amy Dunne dans Gone Girl lui a valu une nomination aux Oscars, et la réputation d’endosser avec facilité les rôles les plus complexes. Avec Marla Grayson, Rosamund Pike jubile très visiblement à l’écran. Elle incarne à la perfection le vice, en costume et talons hauts. Ses sourires et sa voix mielleuse, alors qu’elle arrache une pauvre femme à la chaleur de sa maison. Son sourire glaçant lorsqu’elle lui murmure que s’il y a une erreur, un rien suffira à la rectifier. C’est l’horreur incarnée qui s’empare du sort de Jennifer Patterson.

Comédie grinçante

Avec I Care a lot, J Blakeson (La Disparition d’Alice Creed) dévoile un film déjanté et cruellement réaliste. À travers Jennifer Patterson, il cristallise cette peur universelle de voir un être cher malade, seul, incapable de se défendre. Marla Grayson est terrifiante, parce qu’elle pourrait être vraie. Le cinéaste dresse le portrait d’une société qui maltraite ses années, les abandonnant aux grands groupes pharmaceutiques, industries milliardaires qui profitent amplement de ce désintérêt. Au vu des nombreux articles parus dans la presse ces dernières années, mettant en avant les maltraitances vécues au sein des établissement de santé, le cauchemar de Jennifer Patterson n’est que trop plausible.

© Copyright Seacia Pavao/Netflix 2020

Face à Rosamund Pike, Eiza González (Baby Driver) et surtout Peter Dinklage (Game of Thrones), excellent dans le rôle d’un patron de la mafia russe déterminé à réduire Marla à néant. Un face à face haletant, teinté d’un humour noir et rythmé par la musique angoissante de Mark Canham. Doug Emmett (Sorry to bother you) apporte sa patte à l’image, et le résultat est bluffant : ce monde lisse et extrêmement coloré accroit encore ce sentiment d’inconfort permanent. Finalement, le film fonctionne grâce à cette symbiose entre le réalisateur et son équipe, évidente à l’écran.

Malgré un twist final peu crédible qui peine à satisfaire, J Blakeson a su utiliser les qualités de Rosamund Pike à son avantage. Sa posture, son carré trop lisse, tout sonne juste et chaque détail construit le monstre parfait. La grande oubliée du film, c’est Dianne Wiest, qui tient le rôle de Jennifer Peterson. C’est finalement dommage de la laisser dans son rôle de victime, au profit de la course effrénée entre Rosamund Pike et Peter Dinklage. I Care a lot reste un film efficace, cynique mais très divertissant. À retrouver sur Netflix.

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