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(Re)Voir – « Split » : les 24 personnalités de James McAvoy

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Malgré la fermeture brutale des cinémas, les films continuent d’exister. TMC diffuse ce jeudi 5 Novembre Split de Manoj Nelliyatu Shyamalan (2017), dans lequel le fascinant James McAvoy interprète Kevin Wendell Crumb, Dennis, Patricia, Hedwig, Barry, Orwell, Jade et la Bête. Un individu qui, par sa simple pensée, peut transformer sa physiologie.

Split est le deuxième film de la trilogie fantastique de Manoj Nelliyatu Shyamalan. Le premier, Incassable (2000), mettait en scène une sorte de super-héros (Bruce Willis) et un génie atteint de la maladie des os de verre (Samuel L. Jackson). Le réalisateur, au travers de ses longs métrages, plonge le spectateur dans une ambiance angoissante le confrontant à des psychés stupéfiantes. Ici, Kevin Wendell Crumb est le patient de Karen Fletcher (Betty Buckley), psychiatre, qui voit dans ses multiples personnalités un besoin de se protéger des autres, mais aussi une potentielle et incroyable avancée scientifique.

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Un huis-clos ambivalent

Dans la tête de Kevin, 23 personnalités cohabitent. L’une d’elles, Dennis, le poussera à kidnapper trois adolescentes, dont Casey Cooke interprétée par Anya Taylor-Joy. Les jeunes filles se retrouvent prisonnières dans les locaux de la maintenance du zoo dans lequel travaille Kevin, sans contact avec l’extérieur, et bientôt séparées les unes des autres. Le spectateur, par la formation de ce huis-clos, se retrouve en quelque sorte lui aussi séquestré ; et il découvre, en même temps que les jeunes filles, toutes ces identités, plus différentes les unes des autres, qui sommeillent dans le même corps. James McAvoy jongle entre plusieurs langages gestuels : il est Patricia, stricte et distinguée, tout en étant Hedwig, un petit garçon de 9 ans atteint d’un fort zézaiement. Toute l’esthétique du film repose sur ce sentiment d’étrangeté, une violence froide, traduite par le visage de Casey Cooke, à la fois terrorisée, ahurie et embarrassée.

Split : Photo Anya Taylor-Joy
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Le découpage comme trame du film

Le réalisateur joue dès les premières scènes du film sur ce « découpage », « split » en anglais. Effectivement, Dennis kidnappe ces adolescentes car il les considère comme impures. En réalité, elles sont conformistes, endormies par la banalité de la société. Pourtant, le spectateur comprend dès le début du long métrage que Casey est différente, rejetée, presque bizarre. M. Night Shyamalan, par sa caméra, l’isole, puis l’installe à côté de son futur agresseur dans une voiture : deux êtres marginaux, socialement singuliers. Le huis-clos est alimenté de combats psychologiques, les identités de Kevin se disputent ; la 24ème personnalité qui sommeille en lui doit rester enfouie : c’est la Bête. Le réalisateur joue de l’abstrait : la gestuelle est lente, impassible, un champ lexical de la bestialité se dessine, Casey se réduit, s’adapte et, comme des animaux, elle et Kevin s’apprivoisent.

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Par ce biais de l’abstrait, M. N. Shyamalan délivre alors un message concret. Les personnalités tiraillées entre leur traumatisme et l’envie d’être intégrées à la société doivent être comprises, acceptées et soignées. La Bête même monstrueuse séduit le spectateur. Kevin Wendell Crumb est profondément triste et le spectateur comprendra, notamment par la scène finale, que sa victime lui ressemble. Le cinéaste, comme tableau final, offrira à ses spectateurs le dernier long métrage de sa trilogie, Glass (2019),qui réunit donc Kevin (James McAvoy), Elijah Price (Samuel L. Jackson) et David Dunn (Bruce Willis) dans le même hôpital psychiatrique.

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