CINÉMA

« No Man’s Land » – Au coeur de l’enfer

© Copyright Sife Elamine / ARTE

Présentée comme l’évènement de la rentrée sur Arte, No Man’s Land est une série haletante, particulièrement bien écrite et portée par des acteurs époustouflants. Félix Moati et Mélanie Thierry sont à l’affiche de ce drame familial en plein coeur du conflit syrien. À retrouver dès maintenant sur Arte.fr.

No Man’s Land raconte l’histoire d’Antoine, jeune français dont la soeur, Anna, a été tuée dans un attentat terroriste au Caire. Un jour, Antoine reconnait dans un reportage sur le combat des Kurdes en Syrie une silhouette familière. Il en est sûr : il s’agit d’Anna. Persuadé qu’on lui a menti sur la mort de sa soeur, il quitte tout pour partir à sa recherche en Syrie. Capturé par les forces kurdes, le jeune homme se retrouve plongé au milieu d’une guerre entre les révolutionnaires kurdes et les djihadistes.

Son destin va alors se retrouver mêlé à celui de Sarya, jeune guerrière kurde qui a tout abandonné pour rejoindre la révolution, et à ceux de trois jeunes britanniques, partis rejoindre les rangs des djihadistes par conviction religieuse. À travers les visages et les histoires de ceux qui croisent sa route, Antoine va devoir faire face à ses propres fantômes, et choisir lui aussi de mener un combat.

© Copyright Sife Elamine / ARTE

Entre série géopolitique et drame familial, No Man’s Land est une vraie réussite. Réalisée par Oded Ruskin, c’est le résultat d’une collaboration franco-israélienne entre Maria Feldman, Eitan Mansuri, Amit Cohen et Ron Leshem. La série se déroule en 2014, une année marquée par l’expansion de l’État islamique et son avancée en Syrie. Les évènements sont extrêmement bien documentés, et retracés avec un réalisme percutant. Grâce à une écriture particulièrement intelligente et une mise en scène qui ne tombe jamais dans la facilité, No Man’s Land garde un rythme soutenu qui entraine le spectateur dans l’intimité de personnages complexes, magnifiquement interprétés. Une mention toute particulière doit être donnée à Souheila Yacoub, déjà aperçue dans Les Sauvages, qui maintient au cours des huit épisodes une intensité désarmante dans le rôle de Sarya. Elle est véritablement saisissante et s’impose comme une actrice à suivre. James Krishna Floyd et Mélanie Thierry livrent également une performance remarquable dans les rôles de Nasser et d’Anna.

© Copyright Sife Elamine / ARTE

No Man’s Land s’articule autour de trois temporalités : le passé d’Antoine, notamment le souvenir de sa soeur, le combat de Sarya au sein du bataillon kurde des YPJ, et le destin de Nasser, agent britannique infiltré chez les djihadistes. Le chassé croisé en trois temps tient le spectateur en haleine, tout en mettant en lumière plusieurs réalités d’un même conflit. À travers les yeux d’Antoine, interprété par le très juste Félix Moati (Deux Fils), No Man’s Land est un combat infernal pour la liberté et pour la vérité. Mais c’est aussi un message plus alarmant qui se cache dans le personnage d’Antoine : la naïveté d’un jeune occidental pour qui le combat syrien n’a finalement toujours été qu’un concept un peu lointain, et qui prends soudain conscience des enjeux bien réels qui se jouent sous ses yeux.

No Man’s Land est une série très efficace, au réalisme nécessaire, conduite par des acteurs fantastiques. Sans jamais tomber dans le cliché, elle mêle habilement la fiction et la réalité dans une course pleine de rebondissements. Découpée en huit épisodes d’une quarantaine de minutes, elle captive et se regarde très facilement, malgré le poids du sujet dont elle traite. À voir.

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