Deux fois par mois, la rédaction vous offre une sélection de dix clips qui ont fait l’actualité musicale. Pour cette première sélection du mois de novembre une virée entre sable et mer avec Beach Youth, une escapade cotonneuse avec november ultra et une parenthèse légère et animée avec Temps Calme.
Yseult – Bad Boy par THIBAULT-THÉODORE
L’amour prison, l’amour qui brûle et dépossède de soi-même, c’est ce qui anime le dernier titre en piano-voix de la chanteuse Yseult Bad Boy extrait de son nouvel EP Brut à paraître le 20 novembre prochain. Comme à son habitude, la révélation franco-belge accompagne son morceau d’une vidéo soignée gorgée de passion et de sensations. Un clip élégant et érotique signé Thibault-Théodore où Yseult repousse ses limites et s’adonne à la pratique BDSM du shibari aux côtés du chanteur Ichon (spectaculaire dans son rôle d’asservi). Dans un rouge et noir subjuguant, la vidéo se pose en contrepoint des lyrics de la chanson et nous livre un hymne à l’amour de soi, de son corps, de ses désirs et fantasmes. Avec cette œuvre sonore et visuelle, celle que nous avions rencontré il y a presque un an au Mama Festival semble atteindre le sommet de son art.
Pauline Pitrou
P.R2B – Le film à l’envers par Pauline Rambeau de Baralon
Vivre sa vie comme au cinéma, se faire des films, se raconter des histoires jusqu’à brouiller les pistes entre la fiction et le réel : ainsi va l’univers musical et esthétique de P.R2B, révélation de cette année qui dévoilait son premier EP Des rêves il y a quelques mois. Encore une fois, la chanteuse passionnée de cinéma se prête au jeu de la réalisation et dévoile le clip du titre Le film à l’envers. Une vidéo bluffante au parfum très américain où Pauline Rambeau de Baralon se dédouble en différents personnages atypiques. Une course effrénée à l’amour perdu baignée de lumières chaudes qui nous plonge dans le monde onirique et romantique de la jeune femme. On rembobine en boucle.
Pauline Pitrou
Leone – Los Angeles par Temim Hammadi
C’est tout en désinvolture que Leone sort son clip Los Angeles, réalisé par Temim Hammadi. Le rouennais de 25 ans confond rap et refrains entêtants, sous les néons et les palmiers d’un Downtown Los Angeles transmuté à même un hangar. L’esthétique du clip s’appuie sur une vibe californienne, marquée par une obscurité chaleureuse qui s’accorde joliment à la mélancolie lancinante des lyrics. Le rappeur maîtrise parfaitement l’ambiance et la gestu sur une prod de Shaz, accompagné de son équipe et d’une Mercedes vintage à souhait. Remarqué depuis que Niska et Booba se sont inspirés de son titre Plein les poches pour lancer leur hit Médicament en 2019, l’artiste signe ensuite chez RILESUNDAYZ. Il lance son EP Vibes le 13 novembre : l’opportunité pour le rookie de transformer l’essai.
Inès Zeghoul
Beach Youth – Love Yourself par Adrien Melchior
Par les temps qui courent où plages et vagues semblent être de lointains souvenirs cachés quelque part dans le désert de la mémoire, le groupe caennais Beach Youth nous offre une carte postale consolatrice avec leur nouveau titre Love Yourself. Un hymne à l’amour de soi empli de fougue qui s’accompagne d’un clip signé Adrien Melchior (déjà à la réalisation du clip de Two Bedrooms). Une vidéo à l’esthétique vintage qui nous emporte dans une rêverie de vacances paradisiaque entre nostalgie douce et joie pure. Extrait de leur premier disque Postcards à paraître début 2021, Love Yourself nous offre ce qu’il nous manquait : un souffle d’air frais et une liberté sans limite.
Pauline Pitrou
Arlo Parks – Green Eyes par Louis Bhose
Difficile de rester indifférent.e au succès retentissant de la jeune Arlo Parks cette année. Pour Green Eyes elle fait appel au réalisateur Louis Bhose – qui a d’ores et déjà collaboré avec Loyle Carner, Lewis Capaldi ou encore Tom Misch – qui dans une esthétique d’ombre et de feu mène la chanteuse dans un jeu de scènes du quotidien. Celle-ci nous mène d’un lieu à l’autre, cherchant à retrouver les « yeux verts » d’une être chère. L’esthétique générale de cette production parvient sans difficulté à s’inscrire dans l’esthétique tamisée des précédents clips d’Arlo Parks. Une mise en bouche douce amère en attendant l’album Collapsed in Sunbeams qui devrait sortir le 29 janvier 2021.
Caroline Fauvel
november ultra – Soft & Tender par Elisa Baudouin
Une rêverie teintée de rose et de bleu en guise de prélude pour la chanteuse november ultra. Avec Soft & Tender, celle qu’on avait croisé il y a quelques années au sein du groupe Agua Roja nous livre une berceuse romantique entre folk et chant traditionnel espagnol. Pour accompagner ce premier titre cotonneux, elle fait appel à la réalisatrice Elisa Baudouin (à qui l’on doit notamment le clip de Mon Âme Sera Vraiment Belle Pour Toi de Terrenoire) qui offre au morceau un écrin pastel enfantin et féérique. Un éloge à la tendresse et à l’amour apaisant où nuages cotons et robe barbe à papa s’enlacent doucement. Un premier titre léger qui apporte au cœur la douceur qui lui manquait.
Pauline Pitrou
Unusual Demont – Amber par Nicole Blue
Artiste à la voix polymorphe, Unusual Demont signe avec Amber son premier “vrai” morceau, après avoir expérimenté à plusieurs reprises sur YouTube ou SoundCloud. Pour accompagner ce titre, un travail esthétique tout aussi prometteur que la musique qu’il illustre. Le clip signé Nicole Blue met en scène le jeune artiste dans une mise en abyme graphique. Elle met en mouvement les lignes de force de l’image et donne un cadre souple à ce son soul et rythmique à souhait, qui ne tardera pas à prendre une place de choix dans vos playlists.
Caroline Fauvel
TEMPS CALME – Mirrorball par Dana Schechter
C’est une belle parenthèse graphique que nous donne à voir Temps Calme pour le morceau Mirrorball. Une vidéo sans prétention qui parvient dans une légèreté évidente à mettre des formes et des couleurs sur les guitares et les voix feutrées du groupe lillois. L’animation homemade et spontanée de Dana Schechter intrigue et questionne, jouant sur des effets de symétrie, qui font écho au titre, ainsi que sur des paysages imagés. Une introduction bienvenue au premier album du groupe – Circuit – sorti le 6 novembre dernier.
Caroline Fauvel
D Smoke – Rapture par child⠀
Coup de cœur intégral pour le clip aux allures de court métrage Rapture de D Smoke réalisé par Child (également présent sur Harder than my demons de Big Sean). C’est le récit apocalyptique d’un monde duquel on aurait enlevé les femmes ou, du moins, retiré toute la chaleur qu’elles représentent aux yeux des hommes. C’est aussi, et surtout, le récit des maux qui touchent les femmes noires, spécialement aux États-Unis, et le manque de considération dont elles sont victimes. Dans un contexte américain à fleur de peau, dans lequel les luttes afro-américaines s’amplifient, le clip de Rapture met en lumière les sacrifices féminins mis sur le banc de touche. L’accent est alors mis sur l’ensemble des difficultés qu’elles doivent affronter, parmi lesquelles le racisme, le poids du pays, la frustration et la colère des hommes de leur communauté, la famille, le sexisme, la violence, le deuil… C’est donc l’histoire de ces tauliers de l’ombre. Puissance d’un esthétisme noir et blanc maîtrisé à la perfection, chaque image du clip pourrait être une photographie sur papier glacé. Filmé dans un paysage stéréotypé américain, il alterne entre violence des mouvements et authenticité des caractères. La lumière y est un véritable catalyseur des contradictions. L’ambiance est dramatique mais teintée d’espoir et de force.
Inès Zeghloul
Noé Prescow – Que tout s’danse par G.P.S. & Noé Preszow
« Tu m’dis que tout s’danse. Même la gêne, même la haine, même l’errance. Que tout s’danse. La solitude, l’état de siège, l’état d’urgence. » Après un premier clip pour À nous cet été et un EP à la rentrée, le chanteur belge, Noé Preszow, dévoile le clip du titre Que tout s’danse. Entre des paroles à la mélancolie brute et des notes pop entraînantes, cette vidéo est à l’image des mots du single. Le regard perdu du chanteur, les errances de ses contemporains, des visages de tous les jours souriants et inquiets. Dans un montage qui épouse le rythme dansant, Noé Prescow chantant seul dans la nuit semble en opposition avec les autres visages évoluant de jour, résistants à l’époque actuelle. Le chanteur les contemple de ses yeux légèrement embués. Comme une envie de pleurer, comme une envie de danser malgré la violence du monde.
Diane Lestage