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GucciFest – « Ouverture Of Something That Never Ended » : Lorsque mode et cinéma ne font plus qu’un

Crédits : Gus Van Sant et Alessandro Michele © Paige Powell

Cette semaine, le GucciFest a fait confiance au cinéma pour illuminer la mode. «  Ouverture of Something That Never Ended  », une mini-série de 7 épisodes, met à l’honneur la nouvelle collection d’Alessandro Michele, directeur artistique de Gucci depuis 2015. Les courts-métrages ont été réalisés par le créateur lui-même, ainsi qu’avec le célèbre réalisateur Gus Van Sant (Elephant, Will Hunting, My Own Private Idaho, etc).

Une capitale italienne venue d’un autre monde

« La vie d’une jeune fille à Rome, jour après jour ». Voici les mots qu’utilise Gus Van Sant pour nous dessiner l’axe thématique de son oeuvre. Chaque jour nous est dévoilé un épisode, un morceau de vie. La série révèle un casting mûrement choisi, auquel on ne s’attend jamais.

Ainsi, on y retrouve des intellectuels tels que Paul B. Preciado, écrivain et philosophe espagnol ou encore Achille Bonito Oliva, critique d’art italien. Mais aussi des artistes tels que Harry Styles, chanteur et égérie de la mode unisexe, ou encore Arlo Parks, poétesse et musicienne anglaise. C’est pourquoi les dialogues virevoltent d’une langue à l’autre, italien, espagnol, anglais, français ; puisque ce n’est plus la langue même qui compte mais bien ce que l’on dit. Les échanges se transforment en discours, en poèmes, enchaînements de pensées qui tirent tout droit leurs essences de l’esprit. Il semblerait que chacun se comprend à sa manière et sans frontières.

Les courts-métrages se dessinent dans de pâles couleurs, sans jamais arborer un côté trop sombre. La mise en scène est à la fois étrange et raffinée, puisant dans une certaine spiritualité. Nous sommes en proie à une contemplation douce et poétique qui se reflète dans la prise de vue des décors, les mouvements des personnages et leurs dialogues  : la caméra observe d’un regard affûté.

Silvia Calderoni, dans le rôle de Silvia

Pour incarner le rôle principal de la mini-série a été choisie Silvia Calderoni, actrice, interprète, écrivaine et danseuse italienne. Gus Van Sant explique qu’elle représente le pivot autour duquel gravitent les histoires interprétées par les autres acteurs. Alessandro Michele ajoute  : «  Il s’agit d’une artiste exceptionnelle sans qui la série n’aurait pas pu être réalisée (…). Silvia a porté sur scène nombreuses de ses idiosyncrasies personnelles. Nous l’avons suivie, observée et reprise exactement dans sa propre essence  ».

Silvia Calderoni, déjà mannequin pour Gucci depuis plusieurs années, retient notre attention de par l’originalité de son physique très androgyne. Dans le premier épisode de la mini-série se pose la question du genre à travers le discours de Paul B. Preciado, une question autour de laquelle Silvia Calderoni a souvent articulé son travail.

Crédits : «  Silvia Calderoni dansOuverture Of Something That Never Ended  » © Paige Powell

La mise en scène spectaculaire d’un défilé

Dans sa mini-série de courts-métrages, Alessandro Michele ne perd pas de vue son enjeu principal  : présenter la collection. Celle-ci est omniprésente et incontournable, car toujours mise en valeur dans le décor. Elle s’approprie des looks à la fois vintage et élégants, parfois même des couleurs électriques qui s’accompagnent de motifs en tous genres, portés par les personnages comme des secondes peaux. Notons que le logo de la marque est inscrit sur la plupart des vêtements portés, telle une piqûre de rappel.

Durant la scène du balcon du premier épisode, Silvia lance une pièce du défilé Gucci Femme Automne Hiver 2015, premier défilé d’Alessandro Michele en tant que directeur artistique de la maison Gucci. Ce lancé marque l’ouverture de la collection du nom éponyme, «  l’ouverture de quelque chose qui ne finit jamais  », métaphore d’un grand saut et des débuts du styliste, «  le nouveau commencement de quelque chose qui n’est jamais vraiment arrivé à son terme  » comme il l’explique lui-même.

La collection se fond dans une atmosphère et une ambiance musicale plutôt rétro, elle se mêle tout autant qu’elle se décolle du décor. D’une part, les looks font sens avec l’esthétique et l’originalité des courts-métrages, d’une autre on reconnaît leur mise en valeur finement pensée. Les acteurs entrent et sortent des pièces comme lors d’un défilé. Le troisième épisode notamment, de par l’ambiance musicale, les files d’attentes et les personnages qui se suivent au pas, fait largement écho à un défilé de haute couture. Par ailleurs on remarque que, d’un point de vue d’ensemble de la série, les bruits de pas résonnent dans chacun des épisodes comme sur un podium.

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