CINÉMA

« Lupin III : The first » – Isn’t it Lupintic ?

© Monkey Punch / 2019 LUPIN THE 3rd Film Partners Produced by LUPIN THE 3rd Film Partners All Rights Reserved. Under License to EUROZOOM Produced by TMS ENTERTAINMENT CO., LTD.

Bien établi ailleurs, mais relativement inédit en France, Lupin III revient pour un 14e long métrage, pour la première fois diffusé immédiatement après sortie dans les cinémas de l’hexagone. Le cambrioleur à la veste rouge arrive-t-il encore à se renouveler après 50 ans de productions  ?

C’est un nouveau challenge qui commence à se profiler pour les grandes franchises de l’animation japonaise : survivre à la disparition de leur créateur. Lupin III : The First, sorti en salle ce 7 octobre tente de nous prouver que cela est possible. Film hommage à son créateur Monkey Punch décédé en 2019, la production fête les 53 ans de sa saga avec panache. Un casting qui reprend les voix des précédents opus, un magistral Yuji Ohno à la bande son et le scénario de Takashi Yamazaki permettent un retour quasi immédiat à l’ambiance jazz et loufoque qui fait le propre, et le succès, de la série inspirée de l’œuvre de Leblanc.

C’est dans la France des années 60 que nos douteux héros partent à la poursuite d’un intrigant journal, promettant à certains monts et merveilles, et à d’autres mort et destruction. C’est aussi à un retour aux sources auquel nous assistons avec la mention d’un mystérieux Lupin I, grand-père de notre antihéros. Le quintuor composé de Lupin, Jigen, Goemon, Fujiko et Zenigata est ici rejoint dans leur quête par une jeune archéologue, Laëtitia.

Époque oblige, certains thèmes abordés par le film sont assez télégraphiés et ont déjà été maintes fois utilisés dans d’autres longs métrages d’aventures archéologiques. Mais si ce point de départ n’est pas des plus originaux, ce sont les péripéties abracadabrantesques de nos personnages qui sont le principal, et très convaincant attrait de la production. Un rythme soutenu qui ne laisse que peu de place aux scènes de transition, un scénario rempli de rebondissements souvent ubuesques et une certaine légèreté face aux considérations de cohérence spatio-temporelle font que la petite heure et demie que dure le film reste de bout en bout divertissante.

« Le prochain film, je veux le voir en 3D » était comme un défi lancé par Monkey Punch en 2013. La 2D que Lupin n’avait jusque-là pas quittée sera donc ici délaissée. Le long métrage apporte une intéressante interprétation de la 3D, à mi-chemin entre la « claymation » de Wallace et Gromit et la 3D lisse et géométrique qui domine actuellement les productions nippones. S’il peut surprendre au départ, ce style que proposent les studios TMS Entertainment et Marza Animation est agréable et relativement original au sein d’un marché qui connait une tendance à l’uniformisation de ces productions. En se conjuguant à des tons vifs et une animation fluide, il donne à voir au spectateur un style dynamique et original, dans la continuité de ce qu’offre jusque-là la saga lupin.

Fujiko, l’une des rares (et stéréotypés) présences féminines du film © Monkey Punch / 2019 LUPIN THE 3rd Film Partners Produced by LUPIN THE 3rd Film Partners All Rights Reserved. Under License to EUROZOOM Produced by TMS ENTERTAINMENT CO., LTD.

Si l’on pardonne les incohérences scénaristiques qui sont elles aussi un élément récurent de la série, une déception est à noter toutefois. À l’image de la plupart des autres productions d’animation japonaises, le film réduit régulièrement ses personnages féminins à de simples victimes impuissantes à la merci des hommes. N’est préférable exemple que Fuchiko qui comme dans le reste de la série peut passer d’une position de véritable potiche à celle de cambrioleuse de génie sans explication aucune. Bien que paraissant plus limité qu’ailleurs, le sexisme rampant est rapidement lassant et une meilleure mise en valeur des rôles féminins aurait été une agréable surprise.

Cette production, si elle n’est pas un chef-d’œuvre, reste l’une des réussites du cinéma japonais cette année et représente une bonne occasion à la fois de retrouver, mais aussi de découvrir l’un des monuments de l’animation japonaise. Forte de six séries, une dizaine de longs métrages et plus d’une trentaine de téléfilms, la saga Lupin III est en effet une franchise culte dans son pays d’origine.

Et dans le cas où ce film ne soit pas disponible partout, une autre porte d’entrée sur la saga existe : Le Château de Cagliostro de Hayao Miyazaki.

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