MUSIQUEMusique en bref

MUSIQUE EN BREF – Été en deux temps

C’est reparti pour une tournée de chroniques musicales des deux dernières semaines – avec trois rattrapages coup de cœur du semestre passé. Nos rédacteurs.ices décortiquent pour vous les albums et EP qu’il ne fallait surtout pas manquer.

Jimothy Lacoste – The Safeway

On ne sait jamais trop comment considérer et interpréter la musique de Jimothy Lacoste, étant donné son style sans égal, assumé, laissant parfois planer l’idée d’ une vaste blague. Always Improving avait éprouvé notre goût pour ses précédents morceaux avec des instrus très passées. Sur The Safeway l’artiste trace l’itinéraire d’une soirée évoquant tour à tour la drogue (Getting Molly, Getting Acid), l’alcool, mais aussi l’amour – au fond un des objets nécessaires de la fête – sur Getting Love and Affection et Getting Love. Il donne ainsi suite à bon nombres de précédents singles sortis depuis 2018, comme Getting Busy ! ou Getting Carjacked. S’il prend un virage plus house, son attitude sur ce premier album reste la même : celle d’un adulescent désabusé, où une ironie quotidienne et constante semble prendre le dessus.

Coup de cœur : Getting to the 70s

Sortie le 24 juillet

Caroline Fauvel

Keep Dancing Inc – Silent and Satisfied (Singles)

Il y a parfois des groupes français que l’on aime découvrir par hasard et réécouter, bien qu’encore jeune la bande de Keep Dancing Inc continue de nous étonner avec ses mélodies résolument pop et eighties. Dans ces singles le groupe fait la part belle aux émotions simples, le plaisir de vivre, une légèreté inhérente et apaisée – avec parfois une pointe d’humour qu’on ne peut s’empêcher de ressentir sur le single Start Up Nation, deuxième morceau sorti en avril qui ne manque pas de faire écho à ce monde capitaliste débridé – et des mélodies électroniques imparables comme pour Silent and Satisfied, morceau analogique et soigné. Vous retrouverez Keep Dancing Inc dans la sélection du MaMa le 14 octobre prochain.

Coup de cœur : Could U Stop

Sortie le 29 juillet

Caroline Fauvel

Tei Shi – Die 4 Ur Love (EP)

Nous vous avions fait découvrir Tei Shi suite à sa collaboration avec Blood Orange sur le morceau Even If It Hurts, un de nos coups de cœur. Tei Shi c’est le projet solo de l’artiste Colombo-canadienne Valerie Teicher qui ne cesse de nous impressionner de par la palette de ses talents – et ce depuis 2013 – cette fois c’est un projet résolument ancré dans une esthétique millenial – on ne peut s’empêcher de voir dans cet EP l’héritage musical de Madonna ou de Gwen Stefani ; bien que l’on reconnaisse aisément le style de Tei Shi ici, essentiellement contenu dans une voix suave et délicate. Un EP imprévu, mais donc tout ce qu’il y a de plus plaisant à découvrir pour nous – un usage pleinement réussi des choeurs, une production efficace – pas de doute la carrière de Tei Shi ne fait que commencer.

Coup de cœur : Die 4 Ur Love

Sortie le 17 juillet

Caroline Fauvel


Lebanon Hanover – The Last Thing (Maxi)

Vague de noirceur en plein été. Nous avions manqué d’en parler à la fin du mois de mai mais voilà que le deux titres cinglant et sublime du tandem cold-wave Lebanon Hanover ressurgit dans nos oreilles. Plus de deux ans après leur dernier disque Let Them Be Alien, ils reviennent doucement mais sûrement avec The Last Thing. Toujours aussi sombre et gothique, les deux morceaux s’assemblent pour créer une explosion qui fait autant de bien que de mal. Guitares saturées, sons stridents et ambiance macabre, The Last Thing nous plonge dans une atmosphère industrielle et mélancolique où les ombres se parlent entre elles. Un maxi qui s’approche du gouffre sans jamais y tomber nectar parfait pour les amateurices de dark-wave.

Sortie le 30 mai 2020

Coup de cœur : The Last Thing

Pauline Pitrou

Andrea Laszlo de Simone – Immensità

Immense, hors du temps, brillant, magique, sublime. Autant d’adjectifs et de façon de décrire le dernier venu d’Andrea Laszlo de Simone qu’un simple dictionnaire n’y suffirait pas. Juste immense alors (Immensità en italien) qui vient scintiller sur la pochette de l’album comme une étoile. Et si cet album est effectivement hors du temps, c’est son protagoniste principal qui l’est encore plus. Inscrit parmi les figures montantes italiennes (Calcutta, Giorgio Moroder, LIBERATO), le modeste turinois qui ne possède aucun disque chez lui et qui ne prétend pas être un musicien à carrière, dévoile avec son mini album la plus belle preuve d’amour musicale de 2020. Car Andrea est avant tout un père, et il clame cette paternité haut et fort dans chacune de ses interviews et de ses disques, avec un premier album Uomo Donna dédié à son premier enfant. Immensità est quant à lui celui de la naissance de sa fille, arrivée pendant l’enregistrement de ce dernier. Loin des stratégies artistiques de label, l’artiste s’émarge ici du diktat musical, composant finalement ce qu’il aime, ce qui l’inspire et non pas ce qu’on attend de lui. Andrea va ici droit au but avec 4 titres – plus quelques interludes sur la version physique – plus indispensables les uns que les autres, l’érigeant comme le revival moderne de la variet’ italienne des années 60-70. Un album qui réchauffe le coeur, lui qui sortait en France une semaine avant le confinement général. Et quand on regarde en arrière, on se dit qu’avoir quelques autres Andrea dans le paysage musical, ça serait pas si mal. Une sincérité égoïste mais une putain de sincérité quand même.

Coups de cœur : Immensità, Conchiglie

Sortie le 6 mars 2020

Guillaume Lacoste

David Shaw & The Beat – Love Songs With a Kick (Vol. 1)

Exit les vagabondages avec Black Strobe et Dombrance sur DBFC, le parisien-mancunien renfilait en début d’année sa veste solo, sous l’écrin David Shaw & The Beat, son écrin, 2 ans après son premier album So It Goes. Et si le garçon sait se faire désirer – 7 ans d’attente quand même – l’ultra perfectionniste et insatiable bricoleur qu’il est, a choisi ici de troquer l’ambiance backroom et clubbing de So It Goes pour des oeuvres plus punk et pétantes comme sur My Tongue Your Spit, avec sa cadence énervée, et ses guitares acides qu’un Anton Newcombe n’aurait pas renié. Mais David Shaw n’est pas David Shaw sans ses éternelles ambitions synthwave qu’on retrouve disséminées un peu partout, tout particulièrement sur Nuclear Bomb, qu’on affilierait presque à son compère Yan Wagner (qui traine également dans les couloirs de Her Majesty Ship). Un retour en solo impeccablement orchestré à travers 6 titres parfaits qui ne demandent qu’une suite. Guess what  ? Le volume 2 devrait arriver à l’automne.

Coups de cœur : Nuclear Bomb, My Tongue Your Spit, Please Please Please

Sortie le 14 février 2020

Guillaume Lacoste

Du cinéma et de la musique - Master Métiers de la Culture

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