MUSIQUE

Avec « Mordechai » Khruangbin donne de la voix

Khruangbin Mordechai

Copyright : Khruangbin par Tamsin Isaacs – Dead Oceans

Après leur collaboration avec Leon Bridges sur Texas Sun (2019), et la sortie d’un triptyque de clips enthousiasmant – Time (You and I), So We Won’t Forget et Pelota -, Khruangbin laisse éclore Mordechai, une sublime composition solaire toute en psychédélisme.

La formation originaire de Houston, Khruangbin s’invite une nouvelle fois dans nos oreilles avec un album planant aux tonalités divinement psychédéliques : Mordechai. Ce groupe prolifique s’adonne cette fois-ci à des propositions plus pop et plus accessibles et où les voix se laissent entendre, comme sur les deux premiers singles, l’espiègle Time (You & I), et le nostalgique So We Won’t Forget. L’album se conçoit comme une totalité très fluide et limpide, qui fait une jonction pertinente entre l’anglais et l’espagnol, entre ces guitares si singulières et les voix féminines tantôt manifestes tantôt éthérées.

Les morceaux s’enchaînent dans une suite logique, comme One to Remember qui annonce So We Won’t Forget, en samplant ses paroles dans un ton encore plus aérien. C’est la ligne de guitare omniprésente chez Khruangbin qui continue de donner le ton, très apaisée sur Dearest Alfred et Shida, ou éperdument excitante sur Pelota. Nous la retrouvons ici avec des instruments et percussions aux accents latins, dans un melting-pot culturel et sonore génial, qui donnent toute sa teneur à la “sonorité Khruangbin” – déjà bien amorcée dans Con Todo El Mundo (2018). À défaut de concerts (qui nous laissent rêveur.euse.s pour cet album) on se laisse rapidement prendre au jeu du bouton replay, en laissant tourner en boucle cette composition solaire qui nous accompagnera probablement tout au long d’un été bercé d’espoir.

Caroline Fauvel


Champagne”. Le premier mot d’un nouveau né est toujours – enfin il parait – un moment mémorable, papa ou maman étant généralement attendus comme le messie. Et Mordechai, quand on y réfléchit est un peu l’enfant providentiel que l’on désire depuis Texas Sun enregistré avec Leon BridgesNon pas parce qu’il était impeccable de bout en bout mais surtout parce qu’il introduisait le trio texan aux merveilles des prises voix. Et qu’on espérait de tout coeur que la bande tirerait parti de cette parenthèse collaborative sur le (ou un) prochain album.

Une attente finalement concrétisée et avec la manière, en témoignent les 3 premiers singles (Time (You and I), So We Won’t Forget et Pelota), tous trois chantés, sans oublier le question réponse en spokenword façon Gainsbourg – Birkin sur Connaissais de Face, chantés cette fois par les deux énergumènes chevelus du trio, Laura Lee (basse) et Mark Speer (guitare). Une entrée dans le game arborée dès les premières secondes de First Class et son désormais illustre “champagne“, qui nous invite à rentrer dans des ambiances feutrées, et éclectiques. Loin de la musique lounge ou d’ambiance, l’album embrasse à leur habitude quantité de variations instrumentales, distorsions, et autres effets psychédéliques. Et si les effets de genre s’imbriquent à merveille sur le très emprunté latino Pelota, c’est finalement le french kiss Connaissais de Face qui tire le mieux son épingle du jeu dans ce 10 pistes haut en couleurs, suite auquel on se prêterait presque à rêver d’une nouvelle collaboration, française cette fois, avec davantage d’explorations du genre. Et si on en attend toujours plus du groupe à chaque fois, ce n’est pas parce qu’il ne convainc pas, c’est bien au contraire parce que leur plein potentiel est sans aucun doute à venir. Con Todo El Mundo les avait révélés, Mordechai les a sublimés, nul doute que le prochain sera plus immense encore.

Guillaume Lacoste


Du cinéma et de la musique - Master Métiers de la Culture

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