ART

10 artistes noir.e.s à connaître et à reconnaître

© PJ Harper – @pig.malion,🌹, 2020

Pouvez-vous citer trois noms de peintres noir.e.s ? Prenez une minute et réfléchissez à cette question. Si la tâche se révèle ardue cet article vous éclairera sur 10 peintres et sculpteurs.trices noir.e.s d’aujourd’hui engagé.e.s et dont le travail mérite le détour.

Aujourd’hui plus que jamais, les nombreuses voix de l’expérience noire doivent être entendues. Or c’est souvent à travers l’art que les plus fortes histoires se racontent. Cependant nos institutions muséales font rarement de ces artistes leurs grands titres. Longtemps censuré.e.s, peu représenté.e.s et souvent mis.es de côté, beaucoup lèvent la voix dorénavant et il serait temps de saluer leur talent. 

Faith Ringgold

© Faith Ringgold, The Sunflower Quilting Bee at Arles, 1995 

Faith Ringgold, née à Harlem en 1930, a dès ses débuts rencontré une vague d’opposition en tant que femme noire qui voulait être artiste. À force d’acharnement elle a fini par se faire un nom et elle est aujourd’hui peintre, sculptrice, performeuse, écrivaine, professeure et conférencière qui a exposé au MoMA, au Guggenheim et au Whitney Museum of American Art. À travers son oeuvre éclectique, elle remet en question les structures de pouvoir et le racisme. Ringgold s’attaque aux préjugés avec une franchise sans compromis. Ici dans The Sunflower Quilting Bee at Arles, la peintre met en scène huit puissantes femmes afro-américaines (Madame Walker, Sojourner Truth, Ida Wells, Fannie Lou Hammer, Harriet Tubman, Rosa Parks, Mary McLeod Bethune et Ella Baker). Le drap au motif tournesol qu’elles portent est le symbole de leurs accomplissements pour la communauté. Ringgold reconnaît les contributions des femmes afro-américaines et honore leurs traditions.

Kara Walker

© Kara Walker, Slavery ! Slavery !, Hammer Museum, Los Angeles, 2008, photo de Joshua White

Kara Walker est une artiste new-yorkaise contemporaine connue pour ses silhouettes en papier découpé qui s’articulent en frises narratives. À travers ce médium, elle aborde l’histoire de l’esclavage, de l’exploitation sexuelle et du racisme. Ses tableaux gigantesques sont composés de collages de silhouettes flottant au milieu de paysages pastoraux en noir et blanc. En reprenant la forme narrative et l’imagerie du conte de fée, elle illustre de manière brutale et angoissante les origines de l’esclavage dans le Sud d’avant-Sécession.

Arcmanoro Niles

© Arcmanoro Niles, The Nights I Don’t Remember, the Nights I Can’t Forget, 2018

Né et élevé à Washington, D.C., Niles base ses portraits sur des membres de la famille, des amis ou l’artiste lui-même. Composés de couleurs saturées, les figures orange vif arborent un air maussade, ainsi les visages fermés contrastent avec une atmosphère électrique. C’est de cette manière que le peintre traite principalement des thèmes de la perte et de la déception. En mettant en scène ces sujets chez eux, dans leur intimité, Niles tient compte de l’attachement émotionnel qui se dégage d’un lieu. Il positionne chaque personnage dans un espace « sûr », où il se sent le plus à l’aise et le plus introspectif.

PJ Harper 

Le sculpteur PJ Harper, plus connu sous le pseudo pig.malion sur Instagram, fait le buzz avec ses sculptures au regard défiant. À travers son art il rend hommage à un corps féminin décomplexé qui se dénude et arbore fièrement ses vergetures. L’inspiration en terme de coiffure semble infinie et fait de ses sculptures de réelles têtes à coiffer. Fervent défenseur du mouvement BlackLivesMatter, il parle plus en détails de son histoire dans l’article suivant.

Rashid Johnson

© Johnson, “The Hikers” at Aspen Art Museum, performance, 2019, Photo de Tony Prikryl

Rashid Johnson, artiste contemporain basé à New York, travaille la sculpture et la photographie en puisant ses matériaux dans des objets du quotidien aux fortes références culturelles, à l’instar du beurre de karité, de la cire,  du savon, ou bien encore des cassettes VHS. Le travail de Johnson étudie l’identité raciale dans le contexte de l’art afro-américain conceptuel, avec humour et pathos. 

Amy Sherald

© Amy Sherald, “Grand Dame Queenie”, 2013 

Née en 1973 à Columbus, et maintenant basée à Baltimore, Amy Sherald documente l’expérience afro-américaine contemporaine aux États-Unis à travers des portraits saisissants d’un autre monde. Sherald détourne le médium du portrait pour révéler des récits inattendus, invitant les téléspectateurs à s’engager dans un débat plus complexe sur les notions acceptées de race et de représentation, et à placer l’héritage noir au centre de l’histoire de l’art américain.

Kerry James Marshall

© Kerry James Marshall, “School of beauty, school of culture”, 2012

Kerry James Marshall remet en question la marginalisation des afro-américains à travers ses peintures, dessins, vidéos et installations, dont les protagonistes centraux sont toujours, selon ses mots, “sans équivoque, catégoriquement noirs”. Comme il le décrit, son travail est ancré dans son expérience de vie : “Vous ne pouvez pas être né à Birmingham, en Alabama, en 1955 et grandir à Los Angeles près du siège des Black Panthers, et ne pas avoir l’impression d’avoir obtenu une sorte de responsabilité sociale. Vous ne pouvez pas déménager à Watts en 1963 sans en parler.” La connaissance érudite de Marshall de l’histoire de l’art et de l’art populaire noir structure ses compositions ; il exploite la culture noire et les stéréotypes. En 2018 il était l’invité de France Culture, pour écouter l’émission rendez-vous ici.

Toyin Ojih Odutola

© Toyin Ojih Odutola, The Firm, 2018

À l’encre noire de stylo à bille, les dessins de Toyin Odutola questionnent les identités physiques et sociopolitiques en ce qui concerne la couleur de la peau. Traitant la peau comme une topographie, elle superpose de l’encre comme moyen de cartographier la géographie individuelle subjective d’une personne, construite à partir d’expériences réelles. Son travail s’inspire à la fois de l’histoire de l’art et de la culture populaire, ainsi que de sa propre histoire personnelle. L’idée de voyager ou de se transporter est un thème récurrent dans son travail et, pour Ojih Odutola, la construction de ses figures est un moyen de découvrir le caractère et l’histoire personnelle d’un individu.

Kehinde Wiley

© Kehinde Wiley, Naomi and Her Daughters, 2013

Né à Los Angeles en 1977 Kehinde Wiley s’est installé à New-York pour développer son art. Entre histoire de l’art et culture de la rue, le peintre illustre les questionnements sur l’identité raciale et sexuelle de nos sociétés. Il représente les “invisibles”, les hommes et les femmes du quotidien exclus des représentations du pouvoir en les héroïsant et les érotisant. Son œuvre laisse à la fois transparaître sa critique politique, sa fascination pour le luxe et sa volonté de déconstruction des symboles de domination masculine occidentale. Cette recette aux thématiques diverses mais toujours très engagées rend son œuvre haute en couleur de manière métaphorique comme littérale. En effet, son travail est d’autant plus original et coloré qu’il s’inspire de différents styles dont le Rococo, l’architecture islamique, le design textile africain comme toile de fond pour ses portraits.

Tschabalala Self

Tschabalala Self, née en 1990 à Harlem, est une artiste américaine connue pour ses représentations de figures féminines noires. Elle se spécialise dans la technique du collage en utilisant de la peinture, du tissu et des chutes de tissu de ses œuvres précédentes. Pour elle, les corps féminins qu’elle dépeint “défient les espaces étroits dans lesquels elles sont forcées d’exister“. Self reprend le corps de la femme noire et le présente comme étant exempts de stéréotypes sans avoir à craindre d’être puni. Son objectif est de “créer des récits alternatifs autour du corps noir“.

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