MUSIQUE

« The New Abnormal » – La nostalgie salvatrice des Strokes

Après sept ans de silence radio, The Strokes dévoilent The New Abnormal, l’un des album rock les plus attendus de 2020. Un disque aux sonorités nouvelles qui a séduit la rédaction.

Le 18 février dernier, alors les concerts animaient encore chaque jour les salles du monde entier, l’Olympia accueillait pour la toute première fois The Strokes. La vente des billets, vendus en quelques secondes à peine, prouvait que le quintet new-yorkais n’était aucunement oublié malgré l’absence, loin de là. Malgré quelques apparitions musicales depuis, force est de reconnaître que le silence était globalement de mise depuis 2013 et leur cinquième album, Comedown Machine. Pourtant, la frénésie planait toujours autour de l’un des meilleurs groupes de rock des années 2000. Et lorsqu’on découvre The New Abnormal, sixième album du groupe, une chose est sûre : l’attente valait le coup. Dès le premier morceau, The Adults Are Talking, le constat est posé, et le retour dans les années 2000 immédiat. Impossible de ne pas reconnaître les Strokes, tant les ingrédients sont présents : la voix du plus grand dictateur de la pop – pour reprendre les termes de Technikart – Julian Casablancas, les riffs de guitare d’Albert Hammond Jr et Nick Valensi, sans oublier la batterie de Fabrizio Moretti et la basse de Nikolai Fraiture. Après le plus mélancolique mais tout aussi beau Selfless, on re-écoute les titres sortis au cours des derniers mois et déjà tubesques, tels que Bad Decisions et At the Door. Entre les morceaux, aucun raté, et même des réponses aux questions les plus existentiellestelles Why Are Sunday’s So Depressing (Pourquoi les dimanches sont-ils si déprimants ?) Mais le plus important de l’album se situe bien à la fin, dans l’enchaînement parfait de Not the Same Anymore et Ode to the Mets. Une outro qui fait encore regretter davantage de rater leur passage initialement prévu à Garorock le 17 juin. Et nous souhaiter un Eternal Summer.

Manon Michel

Après les rumeurs de séparation, les multiples projets solo et un petit EP, The Strokes sont de retour sept ans après leur dernier album. Et dans tout ce tumulte, on doit dire que l’on n’est pas peu content de les retrouver. D’autant que cette sixième œuvre qui revêt un tableau de Jean-Michel Basquiat pour pochette, est en toute simplicité satisfaisante. Une formule du défunt Georges Pompidou conviendrait à décrire The New Abnormal : « le changement dans la continuité ». Oui, on retrouve l’esthétique et le son Strokes. On retrouve aussi les expérimentations que Julian Casablancas a pu entreprendre avec son autre groupe, The Voidz, notamment au niveau d’une mise en avant importante des synthétiseurs et de ce grain à la fois chaleureux et un peu crasse de la couleur sonore. Pour autant, The New Abnormal innove : de longs morceaux où Casablancas a tout le loisir de développer son discours, à des pièces plus courtes et efficaces. Sur Eternal Summer, on se surprend même à trouver des similitudes avec Pink Floyd, tant dans la voix de Casablancas que dans la langueur du morceau. Et surtout, ce qui est appréciable avec ce nouvel album, c’est qu’après les retours successifs ces derniers mois de Tame Impala, Arctic Monkeys, Foals ou encore Franz Ferdinand, en bref des « grands groupes » de la scène indé internationale, cette fois-ci, les Strokes semblent mettre tout le monde d’accord et adoucir un peu ces temps troublés.

Victor Costa

Forcément, sept ans d’absence ça faisait une éternité, si on omet bien sûr la parenthèse moyennement convaincante ; le maxi Future Present Past en 2016. Pourtant, la bande new-yorkaise nous laissait choir en 2013 avec l’excellent LP Comedown Machine, lui qui les ramenait à la vie après le désastre Angles. Mais comment revenir à une époque où le rock n’est plus roi dans l’industrie ? On s’entoure primo d’avis externes. Julian et sa bande se verront épaulés de celui de Rick Rubin (producteur émérite d’albums de Public Enemy, Johnny Cash, ACDC, Red Hot Chili Peppers…) et qu’on surnomme plus sauvagement comme “le sauveur”. Lui qui glissera ces touches eighties, notamment le clin d’oeil flagrant à Billy Idol (Dancing With Myself) sur Bad Decisions, Eternal Summer, lui qui en mettra un peu trop sur le maladroit Brooklyn Bridge To Chorus et ses notes de synthés parsemées ici, ici et ici. Des emprunts synthétiques sur lesquelles on se lancine plus justement sur la ballade At The Door. In fine, c’est surtout la nostalgie qui prime sur cet album, et qui nous prend d’assaut dès la première piste Adults Are Talking. L’impression d’écouter The Strokes pour la première fois ; retomber sur Room On Fire, la gueule ravagée par l’adolescence, cherchant le réconfort, le casque vissé sur les oreilles, cherchant de bons riffs à passer en boucle encore et encore. Une éclate qui qui s’étend sur la quasi totalité du tracklisting, et ce dès la première écoute (souvent décisive). Et ca, c’est cool.

Guillaume Lacoste

Fervente prêtresse de la pop française et de tout ce qui s'écoute avec le coeur.

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