CINÉMA

Re(Voir) – « 9 mois ferme », l’homme et l’habit

©WildBunchProduction

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Ce jeudi 23 avril, France 3 diffuse à 21h05, 9 mois ferme, comédie dramatique ou drame comique, réalisé par Albert Dupontel en 2013, qui raconte une histoire d’amour incongrue et burlesque entre une juge et un jugé.

Albert Dupontel est un créateur radical et exigeant, qui ne fait pas de compromis artistiques. Ses premiers films ont été produits avec l’argent de ses premiers spectacles dans les années 1990 et les suivants à l’aide des recettes de ses premiers films. Depuis Bernie (1996), le réalisateur a continué à travailler dans la liberté et la marginalité qui font sa marque, à l’abris du système de grosses productions qui, selon lui, tue le cinéma à petit feu. Son dernier film, Au revoir là-haut, adaptation du roman éponyme de Pierre Lemaître qui à surpris et émerveillé les salles en 2017, proposait pour la première fois dans sa filmographie une réunion entre sa patte si particulière et du grand spectacle.

Dans 9 mois ferme, le réalisateur raconte l’histoire d’Ariane Felder, juge d’instruction incarnée par Sandrine Kiberlain, qui ne vit que pour son travail, qu’elle exerce avec rigueur et discipline. Sa carrière, sans fautes, la promet à un poste de conseillère à la Cour d’Appel quand, six mois après un premier de l’an arrosé au Palais de Justice, elle se rend compte qu’elle est enceinte d’un braqueur récidiviste enfermé pour avoir découpé et mangé les yeux d’un vieille homme.

Pourquoi 9 mois ferme ? Parce que cette femme indépendante qui aime être seule et pense avoir l’intelligence de le rester, se retrouve enfermée dans une grossesse non désirée sans pouvoir faire marche arrière. Parce qu’elle est enfermée dans un appartement où cet homme la sequestre pour obtenir son aide et se faire innocenter. Parce qu’elle enquête à la manière d’Oedipe sur ses propres traces et ses propres excès, qui la conduise à rejouer l’histoire sans âge de l’arroseur arrosé.

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Si 9 mois ferme, suit la trame classique d’une comédie romantique ses situations vont cependant jusqu’à rencontrer les extrêmes, l’absurdité et la violence. Les personnages se métamorphosent du début à la fin du film, suivant une courbe d’évolution suprenante et jouissive. Une palette assez impressionnante de comiques rythme le récit, avec du burlesque, du comique de situation, ou bien évidemment du malaise avec des personnages secondaires très drôles et bien écrits. On retrouve une défintion de la vie à la Dupontel, c’est à dire une vie qui peut être aussi drôle qu’elle est dramatique et qu’il ne faut surtout pas trop prendre au sérieux. Dans 9 mois ferme, ni l’habit, ni la perruque ne font le moine et sous couvert de la comédie, le réalisateur dresse toujours un portrait aiguisé de notre société.

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