SOCIÉTÉ

Laboratoire, gouvernement mondial, 5G, vaccins à puce : quatre théories du complot sur le coronavirus démontées

© Fusion Medical Animation on Unsplash

Certains appellent carrément cela une « infodémie » : comme toutes les crises majeures, la pandémie de coronavirus donne lieu à un véritable torrent de théories de complot et de fausses informations. Passage au crible, et détricotage de quatre des ses théories complètement fausses.

L’origine du virus

Théorie : le coronavirus est une arme bactériologique créée par l’homme, en laboratoire.

Non, le coronavirus SARS-CoV-2 (de son petit nom complet) n’est pas un virus créé par l’homme, ni par les Chinois pour attaquer les Etats-Unis, ni par la CIA pour attaquer la Chine. Pourquoi ? Parce que l’analyse complète de son génome, c’est-à-dire sa carte d’identité génétique, révèle qu’il correspond à 96 % à un coronavirus trouvé chez la chauve-souris, et à 99 % à celui découvert chez le pangolin. Le coronavirus qui touche l’homme pourrait donc être la recombinaison de ces deux virus, un phénomène qui a déjà été décrit chez d’autres coronavirus. De plus, manipuler génétiquement un virus laisse des traces, et aucun résidu de manipulation n’a été repéré dans la séquence génétique du virus.

Le coronavirus SARS-CoV-2 est donc bien d’origine naturelle, la communauté scientifique est unanime. Mais il existe un doute, quant à l’origine de sa propagation, ce qui bien entendu, vient alimenter les théories du complot. Wuhan, la ville chinoise décrite comme l’origine de l’épidémie, plus précisément son marche aux animaux, héberge un laboratoire de haute sécurité, de type P4. En résumé, ce laboratoire comme une dizaine d’autres dans le monde est spécialisé dans l’étude des virus les plus dangereux de la planète, comme Ebola, par exemple. Ce qui est venu alimenté les théories complotistes : un laboratoire de haute sécurité dans la ville dont on nous dit qu’elle est l’origine de la pandémie, « comme par hasard…  »

Au-delà des fantasmes qui entourent ce laboratoire, il peut exister un doute, à prendre avec de grosses pincettes pour le moment : le virus identifié et isolé par les scientifiques chinois aurait pu s’échapper du fameux laboratoire de Wuhan. Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a annoncé qu’une « enquête exhaustive » était menée en ce moment pour faire toute la lumière sur l’origine du virus. Emmanuel Macron parle lui de « zones d’ombre ». Pékin de son côté dément catégoriquement cette hypothèse.

Il pourrait donc s’agir d’une erreur humaine, mais pas d’une création de l’homme.

La chimère du gouvernement mondial

Théorie : le coronavirus est un projet du gouvernement mondial.

Le fantasme d’un gouvernement des gouvernements existe depuis toujours. Particulièrement depuis la redécouverte populaire des mouvements initiatiques secrets tels que les Illuminati ou les templiers.

Le gouvernement mondial, ou nouvel ordre mondial, fonde ses bases branlantes sur le fait que déjà, plusieurs rassemblements montrent que les décisions de quelques dirigeants déterminent le sort de la planète entière. On pense notamment au G7 ou au G20, ces sommets annuels qui réunissent les plus grandes puissances économiques du monde.

Certes, certaines décisions sont prises de concert avec les puissants, qu’ils soient politiques ou économiques (comme lors des conférences de Davos), mais il n’y a pas de logiques à penser que le coronavirus a été propagé par tous ces puissants, tapis dans l’ombre. Il n’y aurait en effet aucun sens à ce que deux antagonistes historiques, comme la Chine et les Etats-Unis, se fassent pâtir mutuellement d’une pandémie mettant à l’arrêt leurs productions et leurs activités. La logique complotiste du nouvel ordre mondial serait d’imposer une puissance totalitaire uniforme sur tous les habitants de la planète. Pourtant, on n’a jamais vu autant de dissensions politiques que depuis le début de la crise sanitaire que nous vivons. Donald Trump remet la faute sur la Chine. La Chine remet la faute sur le hasard. Personne ne bénéficie de cette crise. Ni les riches, ni les politiques. Tout le monde souffre, que ce soit matériellement ou humainement, à des degrés différents il est vrai.

La crise met en lumière les dysfonctionnements et incapacités de certain.e.s dirigeant.e.s. Elle ne sert donc pas la cause de leur réélection ou de leur assise confortable et pérenne au pouvoir. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyden se fait fustiger de toutes parts, Emmanuel Macron baisse en popularité, Donald Trump perd bon nombre de sympathisants de la première heure au fur et à mesure des conférences de presse journalières. Il parait impossible qu’aucun des dirigeants ébranlés par la crise ne fasse partie de ce nébuleux cercle secret du gouvernement mondial.

La 5G et le virus

Théories : le virus n’existe pas, c’est la 5G qui tue ; la 5G affaiblit le système immunitaire et favorise la propagation du virus.

La nouvelle génération d’Internet mobile est accusée de tous les maux par de nombreux conspirationnistes. Pour la 5G, il existe une interrogation de base, puisque nombreux sont les détracteurs de cette technologie, qui estiment qu’elle a des effets néfastes pour la santé, car elle utilise des fréquences plus élevées que ses petites soeurs 4G et 3G. Facile dès lors de mettre en lien l’actuel développement (progressif) de la 5G, et la pandémie de coronavirus. Puisque la 5G est mauvaise pour la santé, elle affaiblit le système immunitaire, et permet au virus de se développer, pensent donc les amateurs de la théorie du complot. Evidemment, c’est faux. Si l’Organisation Mondiale de la Santé reconnait qu’il y a un manque d’études sur les fréquences utilisées par la 5G, elle indique que l’exposition aux technologies sans fil n’est responsable « d’aucun effet néfaste sur la santé. » Ce qui est vrai, c’est qu’exposé à des ondes radios, le corps chauffe. Mais toutes les études scientifiques montrent que le niveau d’énergie développé par les ondes 5G est bien trop faible pour provoquer une perturbation du système immunitaire.

Les plus radicaux pensent même que le coronavirus n’existe tout simplement pas, et que c’est une invention pour couvrir les morts causés par la 5G. Là aussi c’est faux bien sûr. D’abord parce qu’on sait que ce virus existe bel et bien : le coronavirus SARS-CoV-2 a été pris en photo sous tous les angles par microscope par le NIAID, l’Institut national américain des maladies infectieuses, et que sa séquence génétique a été complètement décodée dès janvier par des scientifiques de Wuhan, en Chine. Enfin, il est à noter pour répondre à cette fausse nouvelle qu’un pays comme l’Iran, durement touché (90.000 cas, plus de 5.000 morts), n’a pas encore développé la 5G, alors qu’à l’inverse la Corée du Sud, où la 5G est en service, a réussi à limiter les dégâts (243 morts).

Image du coronavirus SARS-CoV-2 publiée par l’Institut national américain des maladies infectieuses, le 13 février 2020.

Au Royaume-Uni, certains sont allés encore plus loin que la diffusion de fausses nouvelles : à Liverpool ou encore à Birmingham, des antennes 5G ont été dégradées, voire même incendiées ces dernières semaines.

Bill Gates et ses vaccins 2.0

Théorie : le coronavirus a été créé pour forcer la vaccination massive et implanter des puces.

Le logiciel de veille médiatique Zignal Labs dénombre depuis le début de la pandémie plus de 1.2 millions de mentions croisées entre le covid-19 et Bill Gates. On accuse en effet le créateur de Microsoft d’avoir fomenté la pandémie et d’être à l’origine de sa diffusion massive. Le but  : être le premier à délivrer le vaccin guérissant du coronavirus et en profiter pour implanter une puce électronique dans le corps de la population. 

La Fondation Bill Gates a bel et bien financé des travaux de recherche sur les tatouages quantiques, nouveau moyen à même la peau de suivre le carnet de vaccination d’une personne. Ces tatouages n’existent pas encore, ils ne sont qu’à l’état de test. 

De plus, jamais Bill Gates n’a mentionné le fait de vouloir implanter une puce GPS ou malfaisante chez les gens. Tout au plus, il a émis l’idée de mettre en place un système de suivi des malades afin de savoir qui pourrait représenter un nouveau foyer de contamination. Cette méthode est en effet celle mise en place par les gouvernements, notamment par le gouvernement belge dirigé par Sophie Wilmès. La technique appelée «  tracing  » permet de placer en quarantaine plus facilement les personnes à risque et/ou contaminée. Ce système, couplé au processus de déconfinement, est acclamé par toute la population puisqu’il permet de procéder à des tests massifs et d’enfin pouvoir revenir à une vie normale. 

Illogique donc, que les propos de Bill Gates, identiques à ceux portés par certains gouvernements, soient vus comme diaboliques, et détournés au profit d’un anti-establishement qui s’essoufle de plus en plus. 

On ajoutera que tout projet sanitaire porté par un milliardaire ou un une quelconque firme pharmaceutique ne peut pas passer les barrières de la commercialisation sans obtenir l’aval du comité de bioéthique compétent. Une recherche simple et rapide permet de lire les analyses de chacun de ces comités, dans chaque pays, afin de comprendre l’acceptation ou le refus de certaines nouvelles technologies. C’est ainsi que la plupart des dispositifs transhumanistes sont et restent interdits en Europe occidentale. 

Directrice de la communication, tout droit venue de Belgique pour vous servir. Passionnée de lecture, d'écriture, de photographie et de musique classique.

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