© Leonora Carrington, “L’auberge du cheval de l’aube – Autoportrait”, 1936
Muses, amantes, femmes fatales, violon, sirènes, femmes enfants, vagin denté, sorcières… ce sont les images qui nous viennent à l’esprit lorsqu’on associe les mots femmes et surréalisme. Loin de ses représentations passives, le documentaire “le surréalisme au féminin” d’Arte rend hommage à cinq artistes femmes surréalistes : Lee Miller, Leonor Fini, Leonora Carrington, Claude Cahun et Meret Oppenheim.
L’imaginaire surréaliste s’est souvent inspiré des femmes mais l’inverse est également véridique : des femmes ont participé au mouvement surréaliste. Elles ne se cantonnaient pas au traditionnel rôle de muse, elles nourrissaient aussi des ambitions artistiques. Lorsqu’en 1924, André Breton écrit son premier manifeste du surréalisme, il affirme vouloir remodeler nos sociétés. Certaines femmes artistes y voient un appel, un appel à la liberté, un appel à leur émancipation. Séduites, elles rejoignent ce club jusqu’alors masculin.
Paradoxalement, malgré cette ouverture d’esprit affichée, ces femmes ont du mal à se faire accepter comme créatrices. Bien qu’ayant exposé et réalisé des œuvres tout aussi novatrices que leurs homologues masculins, elles n’ont jamais bénéficié de leur même aura. L’histoire d’amour entre ces femmes et le surréalisme est donc certes passionnée mais ratée.
Des vraies histoires d’amour il y en aura d’ailleurs à l’instar de Man Ray et Meret Oppenheim ou encore de Max Ernst et Leonora Carrington. Ces dernières sont loin de jouer en leur faveur puisqu’on décrit souvent ces artistes comme des jeunes filles tombées entre les mains d’hommes plus âgés et sophistiqués. Pourtant, toutes sont très cultivées et ont rejoint le groupe par choix. À travers le documentaire, on comprend d’ailleurs rapidement que leur art était surréaliste avant même que le mouvement ne soit créé. Par exemple Meret Oppenheim réalisa son fameux “déjeuner en fourrure” bien avant d’intégrer le club surréaliste.
Leurs thèmes de prédilection tournent principalement autour du symbolisme animal et de l’autoportrait. Avec l’autoportrait elles se représentaient en femmes fortes et affirmées. Ces revendications féministes se retrouvent plus encore dans des tableaux comme “Femme assise sur un homme nu” de Leonor Fini, qui présente un point de vue peu conventionnel pour l’époque de femmes qui dirigent et d’hommes passifs.
“Le surréalisme au féminin”, un documentaire Allemand d’Arte par Maria Anna Tappeiner, à voir jusqu’au 15 mai 2020. Pour accéder au documentaire cliquez ici .