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Théâtre – Lisbeths, la romance moderne

Présentée jusqu’au 1er février au Théâtre des Déchargeurs à Paris, la pièce « Lisbeths » mise en scène par Camille Roy à partir d’un texte de Fabrice Melquiot relève le pari de parler d’amour de manière juste et universelle.

© Xavier Robert

Comment raconter une histoire d’amour dans toute sa perplexité, ses ambiguïtés et sa partialité ? Qui croire, de Lisbeths ou de Pietr sur la version des faits ? Veut-on, en tant que spectateurs, seulement le savoir ? La pièce Lisbeths – mise en scène par Camille Roy d’après le texte de Fabrice Melquiot et interprétée par la compagnie Depaysage au Théâtre des Déchargeurs – débute par l’un des tournants de l’idylle des deux personnages principaux, Lisbeths et Pietr, alors qu’ils se rejoignent pour une semaine de vacances à La Rochelle.

« Ce qu’elle était, ce qu’elle n’était plus »

Pietr – interprété par Martin Guillaud, grand lecteur, vendeur d’encyclopédie et particulièrement doué pour évaluer les distances – au kilomètre près – rejoint Lisbeth – jouée par Claire Penalver Smorawinska, jeune femme séparée depuis peu, rêveuse et bijoutière par la force des choses. S’ils se connaissent depuis quelques mois à peine, ils semblent pourtant filer le (im)parfait amour.

Et sur ce quai de gare, où Lisbeth impatiente, attend Pietr, la magie qui opérait n’opère plus. L’odeur, la taille, les baisers… tous ces détails qui font le charme de Lisbeth pour Pietr, tous ces détails il ne les reconnaît pas. «  Ce qu’elle était, ce qu’elle n’était plus  » se répète-t-il, troublé. Troublant par la même occasion, le spectateur embarqué jusqu’à lors dans la passion amoureuse vécue par les deux personnages, depuis leur rencontre, leurs doutes et leurs premières disputes, leurs pensées et sentiments éperdus l’un pour l’autre.

Mille et une histoire

À travers une mise en scène sobre et dynamique, Camille Roy remporte le pari de parler d’amour sans jamais exclure le public mais bien au contraire, de lui faire vivre cette idylle de l’intérieur. C’est finalement sans jamais se regarder que les deux personnages Lisbeth et Pietr s’appréhendent et se découvrent. Et puis cette distance s’amenuise avec le temps. Mais les doutes et ambiguités des deux personnages sur leur perception de l’un et de l’autre, du sentiment amoureux et de la vie qu’ils projettent à deux, persistent.

Et puis leur histoire bascule dans la peur de l’autre. Comment en sont-ils arrivés là ? Comment distinguer la réalité du rêve, de l’imagination ? Peut-on et doit-on juger de leur histoire ? À cette question, j’emprunterai notamment la formulation employée par Martin Guillaud : « Comment moraliser l’amour ? Nous sommes des milliards sur cette planète, et là encore il nous semble difficile de pouvoir donner une définition du sentiment amoureux. »

L’amour projeté, l’amour assouvi, l’amour passionnel, l’amour rêvé : Lisbeths représente toutes ces définitions en une seule, à la fois l’universalité et la singularité de toute romance. À découvrir ce week-end au Théâtre des Déchargeurs à Paris.

Vendredi 31 janvier et samedi 1er février 2020 à 21h15 – Lisbeths, d’après un texte de Fabrice Melquiot et mis en scène par Camille Roy par la compagnie Depaysage, au Théâtre des Déchargeurs, 3 rue des Déchargeurs, 75001 Paris. Tarifs : de 14€ à 28€, Informations et réservation

Rédactrice en chef de la rubrique Art. Curieuse et intriguée par la création artistique sous toutes ses formes

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