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Rencontre avec Bandit Bandit – « Être rock c’est vivre dans l’instant »

© Jamie Noise

En octobre dernier, à l’occasion du MaMa Festival, on a conversé avec Maëva et Hugo qui forment le duo électrique Bandit Bandit. Passions, chaos et intensité du rock, rencontre avec un tandem explosif à la ville comme à la scène.

Cela faisait maintenant quelques mois qu’on avait laissé traîner cette entrevue dans un coin d’ordinateur et l’on profite de leur nomination en final du prestigieux Ricard Live Music Festival pour dévoiler l’entretien de nos Bonnie and Clyde 3.0. C’était écrit, dès le départ, Bandit Bandit, sans flingue mais avec des guitares, allait prendre en otage la nouvelle scène rock. Elle, attachée de presse indépendante avec, au creux du ventre, l’envie folle de fouler la scène, de tout envoyer en l’air, y compris ses longs cheveux. Lui, déjà rockeur, baigné de musiques anglo-saxonne et de décibels ravageurs. Puis il y a la rencontre, celle sur la planète rose amour (Tinder). Des mot doux, des mots vifs échangés et puis les Maux qui surviennent sans crier gare. Après une histoire tumultueuse, nos deux brigands finissent par trouver l’équilibre et la sérénité et montent Bandit Bandit pour transformer la passion en chansons. En octobre dernier, ils dévoilent -plus vite que prévu- leur tout premier EP Bandit Bandit où rock intense brûlant et vapeurs froides s’entremêlent pour créer un beau chaos sonore et sensuel. Sous la lumière rouge tamisée du Trianon, on a rencontré le duo pour parler du projet. Rencontre.

Bonjour Bandit Bandit, pour commencer, pouvez-vous vous présenter, vous et votre musique ?

Hugo  : Je m’appelle Hugo, je suis chanteur et guitariste dans Bandit Bandit.

Maëva  : Je m’appelle Maëva et je suis chanteuse.

H : On a un groupe de rock qui est né il y a tout pile un an.

Vous avez toujours eu vocation de faire la musique, même avant votre rencontre ou c’est votre rencontre qui a lancé le projet ?

H : J’avais un projet qui s’appelait Kursed, on a fait beaucoup de choses, ça a duré pas mal de temps et on continue encore, du coup j’ai eu l’occasion de faire de la musique. Après tous les deux ensemble, on a fait des reprises en acoustiques dans des bars, des restaurants, on reprenait du Johnny Cash et du Nancy Sinatra. Mais sinon la première fois qu’on s’est vus, on était soûls tout les deux, il y avait une guitare et on s’est chanté des trucs.

M : Mais c’était plus dans l’optique de se séduire.

Dernièrement, vous avez sorti votre tout premier EP, Bandit Bandit, étape importante dans la carrière d’un groupe, comment vous vous sentez quelques temps après sa sortie ?

H  : On hallucine parce qu’avec Maëva, quand on a lancé le projet, on s’est juste dit qu’on allait goûter la température, et qu’on allait faire une pognée de concerts en 2019 et amorcer le projet en 2020 mais en fait, ça s’est pas du tout passé comme ça. On a sorti le premier single et on a eu pleins de retours, des propositions de tourneurs, d’éditeurs..

M  : On a quand même pris le temps de bien faire les choses et d’être sûr.e.s de nous. Moi, étant donné que je suis attachée de presse à côté, je sais que c’est très important d’arriver avec un projet fini où il n’y a presque rien à redire mis à part artistiquement, selon le goût des gens. Pour le clip et l’EP, on a pris le temps de réfléchir à ce qu’on voulait exactement

H  : Quand on a sorti le premier single Maux, on avait un album qui était déjà prêt. Avec mon ancien groupe, on a fait des erreurs qu’on fait tous, et justement on voulait pas les reproduire, il fallait être patient. Mais en tout cas, on est complètement excité.e.s et c’est super de voir que notre musique parle aux gens.

M : On en parlait avec Hugo tout à l’heure, l’année dernière, je faisais mon MaMa Festival en tant qu’attachée de presse et lui était là car il est toujours dans mes pattes (rires). On parlait avec un programmateur de la naissance de Bandit Bandit, on avait encore rien enregistré, et là on joue au MaMa, c’est fou !

Quand on découvre le projet, sur papier ou dans nos oreilles, on ressent qu’il y a vraiment cette idée de dualité, de paradoxe (belle/ mauvaise idée). Comment on fait pour garder tout de même une connexion, un lien quand on est face à/ contre l’autre ? C’est une sorte de jeu ?

H : Musicalement, on n’est pas contre l’autre mais c’est plus lié à notre histoire personnelle, on a eu des débuts assez chaotiques avec Maëva, on parle souvent de cette bagarre qu’on a eu, c’est surtout lié à ça.

M : Après, on s’aboie souvent dessus (rires). Ça fait quatre ans qu’on se voit maintenant, il y a eu quand même plus de deux ans et demie de chaos donc on a vécu vingt-ans de couple en deux-ans et demie.

H : On a tout vécu ! Et on en ressort plus fort.

M : Ça me parait presque irréel tout ça, comme si on s’était conté une histoire, ça a tellement changé et c’est tellement plus sain et serein entre nous, c’est assez drôle.

H  : J’ai écris  « Belle mauvaise idée  »  dans la bio parce que ça me paraissait complètement fou de monter un groupe avec sa copine. Mais c’était plus fort que moi, je savais le talent qu’avait Maëva et j’étais persuadé qu’on allait faire de belles choses ensemble et en fait je me suis dis, on n’a qu’une vie, il faut essayer, on verra bien.

Quand on pense au rock, on a tout de suite une image assez brute et puriste de ce genre, une image ancestrale. Avec Bandit Bandit, j’ai l’impression qu’il y a certes un ADN rock revendiqué mais aussi une volonté d’être moderne dans l’esthétique des clips, même dans les sonorités de l’EP. Vous aviez cette envie d’emmêler vintage et contemporain pour l’EP ?

M : Le truc avec le rock c’est qu’il y a beaucoup de clichés.

H : Moi justement, ce rock’n & roll, j’ai été baigné dedans, ce côté rock classique et tous les clichés que ce genre revendique. Quand on commencé le projet, on a écrit sur une feuille ce qui nous inspiré artistiquement et visuellement et tout compte fait, on n’a pas beaucoup écrit de musiques. On a noté Sailor et Lula de David Lynch, pleins de films où il y a des duos qu’on adore, des images un peu seventies. C’est ça qu’on voulait mettre en avant, nos goûts à nous.

M : On avait plus des images en têtes que des sons. J’aime beaucoup la photographie, j’avais pas envie de sobriété, je voulais quelque chose d’explosif. Le mec avec qui on a fait les photos promo et la photo de l’EP c’est Jamie Noise, un artiste qui vient de Londres, il fait un travail de ouf, il a fait une série de photos qui s’appelle Death In Vegas, on dirait un trip sous LSD.

H : Et pour revenir sur la musique, je voulais pas faire ce que j’avais déjà fait, c’est aussi pour ça qu’on chante aussi en français. On essaye d’emmêler ce côté sexy frenchy avec le rock.

M : Même dans les sonorités un peu plus froides, un peu plus cold wave, il y a de grandes inspirations de Grand Blanc qu’on a beaucoup écouté.

Votre ADN, vous le répétez inlassablement, c’est le rock. Mais c’est quoi, pour vous, « être rock  » à notre époque ?

M : Déjà le «  Sex, drugs & Rock’n & Roll » c’est plus trop d’actualité, ça fait quatre ans que j’ai arrêté de me droguer (rires).

H : Être rock c’est vivre les choses intensément, à fond et aller au bout des choses. C’est ne pas se brider dans les sons et se laisser aller. Je vois beaucoup de groupes de rock actuels qui finissent par faire de la pop bien lisse, pour moi, c’est l’anti-rock par excellence. J’ai l’impression que le rock c’est être brut et sincère.

M : Dans la musique ou dans la vie, être rock c’est vivre dans l’instant.

Vous êtes assez proches du groupe Last Train (Cold Fame), comment s’est faite votre rencontre ?

M : Moi j’ai bossé à Cold Fame pendant un an et demi en tant qu’attachée de presse.

H  : Moi j’ai joué avec eux pour plusieurs dates avec mon ancien groupe, c’est comme ça que je les ai rencontré.

M : Ça me paraissait évident, parce qu’on partage énormément de choses avec Jean-Noël (ndlr : fondateur du label Cold Fame et chanteur du groupe Last Train) en termes de conception et de vision de la musique et de comment elle se vit.

H : On lui fait confiance. On avait pas mal de propositions de gros tourneurs avec plus de moyens financiers mais on voulait quelqu’un sur qui on peut vraiment compter, et Jean-Noël nous l’a vraiment prouvé.

M : On veut s’entourer de personnes qu’on aime, c’est un peu un truc de famille cette affaire.

Ce soir, vous jouez sur la scène de la Boule Noire dans le cadre du MaMa Festival, ça ressemble à quoi Bandit Bandit sur scène ?

M : Des cheveux, énormément de cheveux (rires).

H  : On nous dit souvent qu’il y a quelque chose qui relève de la transe, quelque chose de violent et de sauvage. Le live c’est un truc libérateur pour nous donc on n’y va pas par quatre chemins, c’est direct.

Pour terminer, j’aimerais vous demander à quoi ressemblerait la bande originale d’une nuit avec Bandit Bandit ?

H : On commencerait avec Johnny Cash et June Carter, Ring Of Fire.

M : Red Eyes and Tears de B.R.M.C. Quelques chansons tristes que je t’ai fait écouter, La Chanson des Vieux Amants de Jacques Brel.

H : Il faudrait du Chet Baker, My Funny Valentine.

M : Il y aurait du Edith Piaf. Généralement, on met du Piaf dans la voiture et on pleure tous les deux. Et pour finir, on mettrait la Traviata de Verdi, on est allés à l’opéra à Rome et il ne comprenait pas, il était complètement soûl.

H : Je savais pas mais il il y avait un open-bar pendant les entractes et moi j’arrêtais pas de boire.

M  : Il m’a lancé « Je comprends rien mais c’est magnifique !  » 

Bandit Bandit en concert :

  • 18 janvier au Victoire 2 (34) dans le cadre des Inouïs du Printemps de Bourges
  • 24 mars au Point Ephémère (Paris)
  • 28 mars au festival Les Chants de Mars (69)
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