MUSIQUE

Pitchfork Paris 2019 – Triptyque sonore [Report Photos]

© Audrey Delaporte
© Audrey Delaporte

La fin d’année approche et les derniers festivals aussi. Début novembre, on partait se pavaner au Pitchfork Paris, festival haut en couleurs, et ô combien avant-gardiste.

Si les précédentes éditions s’étaient démarquées par leurs programmations dantesques, l’édition 2019 prenait elle un pari plus vaste sur le festival à savoir la mise en place de soirées à genres et l’ouverture de deux nouvelles scènes. Quand le jeudi faisait place au jazz et hiphop, le vendredi sonnait indie / rock pour finir le samedi sur des notes plus pop et electro.

Transe britannique

Un triptyque qui démarre en chaleur sur les différents pogos un peu partout ce jeudi ; quand ce n’est pas le britannique Slowthai en calbut qui déchaîne la foule, c’est môsieur Kojey Radical, qui même dans un amphithéâtre, réussit à mettre à l’envers le Studio – en même temps, on se voit mal écouter du rap bien assis au fond d’un fauteuil – qu’on imaginait d’ailleurs réservé aux prestations moins fougueuses. Et s’il est vrai que les extraterrestres de The Comet is Coming ont fait leur effet, ce sont les membres de Ezra Collective, bardés de fringues de sport, qui retiendront notre attention ce soir là, et tout particulièrement le batteur Femi, qui nous rappelle à travers quelques solos endiablés, que la batterie, c’est cool. Regardez Whiplash si vous ne nous croyez pas.

Rosée indie

Changement d’attitude le vendredi. On part en contrées indie sur fond rose, avec Desire, et ses fluctuations synthwave agrémenté d’une reprise bien sentie de Bizarre Love Triangle de New Order avant de retrouver Bobby Gillepsie flanqué d’un deux pièces rose pétard et son band Primal Scream pour la virée rock de cette soirée, qu’il marquera avec son titre façon Rolling Stones Movin’ Up chanté en écho avec le public. Mais l’artiste qu’on attend ce soir là, ce n’est ni Belle & Sebastian – qui malgré l’envie de Murdoch et l’invitation à monter sur scène, livrait une copie un peu faible – ni les kicks club de John Talabot, non c’est bien sûr Chromatics, qui se fait bien trop rare dans l’hexagone. Chromatics qui livrera un show en demi-teinte, mais bien bouclé sur la fin avec deux très belles et planantes interprétations de I’m On Fire et Shadows.

Cocorico

Et si le deuxième jour fait forte impression, le troisième est davantage surprenant. Non grâce au show à l’américaine de Charli XCX, démarré en trombe et canon à confettis, pas plus à la venue surprise de Chris sur le tube Gone mais grâce à nos chers français Agar Agar. Il était difficile d’imaginer, quand on connait le caractère lunaire et suave de leur musique que Clara et Armand seraient en mesure de mettre à feu le public comme ils l’ont fait ; à coups de rythmes énervés et techno, et d’enrober le tout d’un pétage de cable général sur scène avec plusieurs personnes (danseurs ?) – torses nu se déhanchant dans une transe totale. Et si, à l’époque, jouer après les Beatles constituait une épreuve, jouer après CE Agar Agar n’est pas non plus une mince affaire. Mais derrière, c’est SebastiAn. Le français qui prend les rênes dans la grande halle en faisant sauter la facture EDF à travers un show lumière – épileptiques, s’abstenir – et énervé, tout comme son set qu’il ponctuera du vrombissant Rage Against The Machine.

© Audrey Delaporte

Avec 2manyDJs aux manettes du closing, on peut sans regret tarder à passer la porte et partir, il va sans dire, les oreilles qui bourdonnent et ce pour quelques heures encore, mais le sentiment d’avoir été témoin d’un événement singulier, d’une vraie symbiose entre artistes et festivaliers tout au long de ces 3 jours. La seule coquille de cette édition serait peut-être la surabondance de rap le jeudi, on aurait aimé voir plus de jazz. Sur un plan global, le festival séduit toujours autant par sa direction artistique éclectique et avant gardiste, et par ses démarches à mettre en avant le savoir faire local, que ce soit sur le fooding ou les différents ateliers proposés. Puisse l’édition 2020 nous faire au moins autant vibrer !

De nombreux concerts du Pitchfork Music Festival de Paris ont été filmés en direct par Culturebox  : revivez l’édition 2019 ici.

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