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Rencontre avec Mauvais Oeil – « On aime bien dire qu’on fait de la bled wave »

© Jules Faure

Petits nouveaux du label Entreprise, Mauvais Oeil envoûte et insuffle un vent chaud sur la nouvelle scène française. Nous les avons rencontré au Lyon Street Food Festival pour discuter de leur premier EP, Nuits de Velours, sorti aujourd’hui.

18h30. Noyé.es dans les milles effluves du célèbre festival gastronomique lyonnais, nous rejoignons Sarah et Alexis dans un coin de loge aménagé derrière la scène, bruyant mais éloigné du flot humain de l’événement. Installé.es sur un bout de canapé rouge, on ne peut s’empêcher de songer au velours des fameuses nuits que nous conte le groupe dans Nuits de Velours. Devant nous, c’est un duo sincère et complice qui se dévoile pas à pas ; et quand bien même ils ont opté pour un nom maléfique qui peut à tout moment leur jeter un sort, on voit déjà dans leurs yeux que la chance va leur sourire. Rencontre avec Mauvais Oeil, mystérieux tandem niché entre Orient et Occident, entre chaleur obsédante et froideur psychédélique.

Bonjour Mauvais Oeil, pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter à ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Alexis : Moi c’est Alex, j’ai 26 ans, je fais de la guitare et j’adore les BD avec des super-héros.

Sarah : D’ailleurs, c’est un peu pour ça que dans notre prochain clip Afrita, il y a un peu un air de film d’action, on a voulu créer une sorte de James Bond algérien (rires). Moi je suis Sarah, j’ai 28 ans, je chante, j’écris, je compose avec Alexis. Avec Mauvais Oeil on aime bien dire qu’on fait de la bled wave.

Sarah, ce n’est pas la première fois qu’on te croise dans le paysage musical français. On pouvait déjà t’entendre sur le morceau Al Warda de La Femme (2016). Tu peux me raconter ta rencontre avec La Femme ?

Sarah : On est ami.es depuis qu’on est jeune, ils ont toujours su que je faisais de la musique et ils savaient aussi que je commençais à écrire en arabe. Ils ont voulu qu’on fasse un morceau français-arabe ensemble. Voilà comment est né Al Warda.

Et votre rencontre à tous les deux, comment s’est-elle faite ?

Alexis : Autour d’un pastis le 1er janvier 2018. On a été mis en contact par des connaissances communes parce qu’on était un peu la pièce manquante au puzzle de chacun.e.

Sarah : Les autres l’avaient remarqué mais nous on se cherchait sans se connaître. On a parlé de tout et de rien puis on a bifurqué sur notre démarche artistique, ce que ça voulait dire pour nous la musique, ce que ça représentait. Et on a tiré la conclusion que l’essentiel c’est d’être sincère et de partager des choses avec les autres.

La première fois que je vous ai découvert, c’était sur scène, en avril dernier, aux Inouïs du Printemps de Bourges. Quel souvenir vous gardez de ce live, qui est une étape assez “cruciale” dans la carrière des jeunes artistes étant donné son côté tremplin ?

Sarah : On a remarqué une chose, c’est que dans tous ces concerts un peu importants, on a la même pression que pour les autres, on veut toujours donner le meilleur. Donc là, effectivement c’était à priori important mais on est toujours stressé.es, peu importe le concert. En plus, pour le coup, on a eu une petite malchance ce soir là. Notre bassiste s’est pris un coup de jus, il est parti aux urgences donc ça a enlevé le stress du concert.

Alexis : C’est jamais évident ces concerts très tôt. Puis c’est un peu le marché. L’exercice est assez intéressant. On a sorti de nos têtes cette idée de concours.

Vous sortez dans quelques jours votre tout premier EP Nuits de Velours chez Entreprise, comment vous sentez-vous juste avant sa sortie ?

Alexis : Je suis très excité et impatient. On s’est mis beaucoup de pression, on a beaucoup travaillé ces derniers mois et on a mis beaucoup de nous même.

Sarah : Dans ces moments là, tu te rends compte de qui te soutient, qui s’investit avec toi. Ça va aussi être l’occasion pour tous les gens qui nous aider de voir le fruit de leur travail.

Sur cet EP, il y a deux morceaux en arabe et deux en français. C’était important pour vous d’emmêler les deux langues ?

Sarah : Oui c’était important. Ce qui est intéressant c’est que l’arabe fait partie de la démarche. Je parlais très bien cette langue quand j’étais petite et j’ai complètement oublié depuis. J’avais envie de renouer avec cette langue à travers la musique. Du coup, j’écris un peu bizarrement mais ça donne des choses plutôt poétiques.

Dans Nuits de Velours, on découvre un univers assez nocturne, psychédélique, quand on parle de vous, on fait souvent référence aux Milles et Une Nuits. Qu’est ce que ça représente pour vous la nuit ?

Alexis : J’ai un rapport vraiment particulier à la nuit. J’ai énormément de mal à dormir. C’est un moment où j’essaye quand même de me reposer, je suis plutôt productif tôt le matin. Pour moi, la nuit c’est vraiment un moment de répit.

Sarah : Moi je crois que c’est l’inverse. Je suis un animal de la nuit. La nuit, j’ai l’impression que je peux tout faire en cachette parce que tout le monde dort, c’est plus paisible. Je peux vraiment m’exprimer pleinement la nuit.

Elles serait composée de quels morceaux votre Nuit de Velours  ?

Sarah : Canto De Ossanha de Baden Powell c’est vraiment la nuit de velours. Ana Ba3sa2 Elba7er de Najat Al Saghira aussi.

Alexis : Moi j’aime beaucoup écouter les Meridian Brothers, ça me rend fou. Toute leur discographie est incroyable.

Dans cet EP, on retrouve Constantine, le premier morceau que vous avez dévoilé au grand jour qui nous raconte une quête onirique vers l’être aimé jusqu’à cette ville d’Algérie Constantine, est-ce que vous pouvez me raconter la genèse de cette chanson ?

Sarah : C’est une histoire très personnelle. C’est une sorte d’introspection, parfois on des blocages, il y a quelque chose qui cloche et moi je me suis dis que mes réponses se trouvaient là bas. Ce qui est beau dans cette histoire c’est que cette quête, j’ai pas pu la faire toute seule, on l’a faite ensemble, avec Alexis. On est allé.es ensemble à Constantine et on a réglé mon “problème” tous les deux.

De quel.les artistes vous êtes-vous nourri.es pour Mauvais Oeil ?

Alexis : Si tu vas sur notre soundcloud, tu peux voir à travers nos playlist qu’on a des goûts vraiment éclectiques. On passe du coq à l’âne. On écoute beaucoup de pop, de musiques traditionnelles et de cold-wave.

Sarah : Globalement, les artistes qui nous touchent ce sont des gens qui n’en font pas trop, qui sont eux même. Esthétiquement, on aime beaucoup les films giallo italiens, on adore Dario Argento, Jodoroswsky mais aussi Kenneth Anger. Sinon, j’adore Kate Bush, elle m’inspire beaucoup en tant que chanteuse.

Qu’est-ce que je peux vous souhaiter pour la suite de Mauvais Oeil ?

Sarah : Et bien, pas le mauvais oeil ! (rires)

Mauvais Oeil en concert :

  • Le 27 septembre – Festival Détonation, Besançon.
  • Le 17 octobre – Mama Festival, Paris.
  • Le 8 novembre – l’Aeronef, Lille.
Fervente prêtresse de la pop française et de tout ce qui s'écoute avec le coeur.

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