MUSIQUEMusique en bref

MUSIQUE EN BREF – Automne musical

Pour ce début d’automne, Maze vous propose une sélection éclectique de onze disques à écouter en long, en large et en travers.

Pixies – Beneath the Eyrie 

Le rock à papa existe encore. C’est en tous cas ce que nous apprend la belle cinquantaine triomphante des Pixies. Le groupe à l’histoire compliquée, que le grand public connait quasi exclusivement pour leur Where Is My Mind ? présent sur la bande-originale de Fight Club, est de retour depuis 2014, après une pause de plus de vingts ans. Mais c’est bien avec que ce disque que la flamme est ravivée. Puissant, parfois gras, souvent punk, Beneath the Eyrie retourne la table avec un disque “gothique” comme le dit le leader du groupe Black Francis. Un rock presque sacral, qui fait revenir Pixies dans le jeu des groupes qui comptent, place déjà occupée à la fin des années 1980. On est pas loin du culte.

Coups de coeur : In the Arms of Mrs. Mark of CainLong Rider

Sorti le 20 septembre

Kevin Dufrêche

Stephan Eicher – Homeless Songs

Homeless Songs marque le retour en solo de Stephan Eicher plus de sept ans après L’Envolée, son dernier album original si l’on excepte la parenthèse cuivrée Hüh ! publiée en début d’année. Arrangements magistraux entre cordes, guitares et claviers intimistes, où l’on retrouve les textes ciselés et la diction si particulière du chanteur à travers ces quatorze titres cosmopolites et mélancoliques aux durées variés (entre 40 secondes et 6 minutes) aux antipodes des frasques rock auquel il nous avait plutôt habitué. Alliant français (textes de Philippe Djian, dont La fête est finie avec Axelle Red et Miossec ou le surréaliste Né un ver avec Dan Reeder), anglais, suisse-allemand (sur Niene Dehei, surprenante ballade folk teintée d’autotune ( !), Gand Nid Eso reprenant un texte de l’écrivain Martin Suter ou encore Wie Einem Der Gewissheit Hat où l’on entend la voix du plasticien Gregor Hildebrandt), Stephan Eicher livre un album soigné, où chaque chose semble à la place, tout en sobriété et efficacité. Une très belle surprise qui devrait faire mouche, que l’on soit ou non familiers de l’univers du suisse yéniche.

Coups de cœur : Prisonnière, Je n’attendrai pas, Haiku – Papillons

Sortie le 20 septembre

Camille Tardieux

Liam Gallagher – Why Me ? Why Not.

A chaque sortie d’album d’un des deux frères ennemis on passe notre temps à parler d’Oasis, en oubliant que les Gallagher savent encore faire de la musique. C’est le cas pour Liam sur ce Why Me ? Why not, vrai disque pop/rock, simple et mainstream, notion pas vraiment dérangeante quand c’est bien exécuté. Il y a de vrais tubes, comme Shockwave qui ouvre l’album, ou le légèrement cheesy Now That I’ve Found You, chanson d’amour à la sauce Beatles. Le disque s’essouffle néanmoins sur sa deuxième partie, avec des titres plus lambdas. A noter la belle porte ouverte à une reformation d’Oasis, avec One of Us, titre dévoilé quasiment 10 ans jour pour jour après la séparation du groupe. En racontant avec nostalgie son enfance avec ses deux frères, Liam fait une déclaration d’amour subtile à Noel, dans une chanson que l’on pourrait croire sortie tout droit d’un de leurs albums, tant Oasis y est présent, que ce soit par l’utilisation des cordes, ou par des références à leurs chansons («  you said we’d live forever  »). Pas sûr que Noel, toujours très virulent ces dernières semaines sur son frère, ne saisisse la main tendue. Vous voyez, on n’a pas pu s’empêcher d’Oasis non plus. Mais là, c’est Liam qui l’a cherché.

Coups de cœur : One of Us, Now That I’Ve Found You

Sortie le 20 septembre

Kevin Dufrêche

Jeanne Cherhal – L’an 40

Le passage à l’an 40, Jeanne Cherhal en toute simplicité à l’ère du “body positive” sur la pochette de ce sixième album. Près de six ans après Histoire de J, la chanteuse célèbre ses vingt ans de carrière et la quarantaine, le moment de faire un bilan entre ce qui a déjà été accompli et les belles années à venir. Toujours avec élégance et grâce, sa poésie aborde le corps érotique dans Soixante-neuf, cicatrisé au bord de son “parchemin” par la césarienne (César) ou marquée par la violence des émotions (Le Feu aux joues, Fleur de peau). Le piano est vite rejoint par de puissants cuivres tandis qu’un chœur gospel l’accompagne sur Racine d’or. Les racines justement rythment cet album, la nantaise confesse avec sa malice habituelle être une Fausse parisienne. Elle se remémore ses origines et ses disparus. Jacques Higelin vient clore ce sublime disque dans Un adieu (rappelons nous de ce duo entre eux qui clôturait Douze fois par an en 2004). Mais si Higelin nous a quitté, pour Jeanne Cherhal il est question de continuer à vivre en fêtant cette nouvelle décennie de liberté avec le sourire. A travers ses paroles et son histoire personnelle, c’est de nous qu’elle parle : nous sommes cette femme, nous sommes le “elle” de L’an 40, cette femme libre, épanouie et forte malgré la tristesse de la vie.

Coups de cœur : Soixante-neuf, César, Ton souvenir me prend ce soir

Sortie le 20 septembre

Diane Lestage

M83 – DSVII

Après le succès de leur dernier album Junk, sorti en avril 2016, les français M83 nous reviennent finalement avec un dernier opus digne des meilleures BO de films fantastiques. Avec DSVII, les prodiges de l’électro signent quinze pistes d’une parfaite continuité et nous livrent un album dont rien ne vient entacher l’écoute. Ouvertement inspirée des jeux vidéos des années 1980, la huitième production des antibois nous plonge dans un brouillard quasi surnaturel de presque une heure dont on ne ressort qu’à la dernière note de leur titre de clôture Temple of Sorrow. DSVII marque un véritable tournant dans la carrière de M83 tant il crée une rupture avec les productions précédentes du groupe, définitivement plus dansantes. Certains titres sont dignes des plus grands noms de la French Touch. C’est le cas de Meet the Friends, A Word of Wisdom ou encore A Bit of Sweetness dont l’ambiance douce-amer onirique et le synthé obsédant ne sont pas sans évoquer les meilleurs titres d’AIR. Une sortie à ne manquer sous aucun prétexte !

Coups de cœur : Lune de fiel, Oh Yes You’re There, Everyday

Sortie le 20 septembre

Charlène Ponzo

Genial au Japon – Imanust

Après un premier EP (In Between, en 2017), le duo électro-pop Bordelais le plus excitant du moment est de retour avec son premier album. Dès le premier titre, l’univers est posé : plage synthétique et voix sortie du traducteur automatique de Google amène les onze titres qui vont suivre, dansants et hypnotiques. Un patchwork à la production détonante, laissant la mélancolie émerger du dancefloor, rappelant les belles heures de New Order ou, parfois (et plus proche d’elles géographiquement comme temporellement) de la pop contemporaine d’Odezenne. On regretterai presque qu’un seul titre en français y figure (le surprenant La peur) tant les voix comme les paroles laissent entrevoir un horizon assez neuf dans le paysage francophone. Un beau disque pop, à la fois urbain et onirique, qui laisse planer un doux sentiment de bonheur.

Coups de cœur : Down the Coast, Bad Ideas, La peur

Sortie le 13 septembre

Camille Tardieux

Odezenne – Pouchkine (EP)

“Je suis ma propre frontière, mon propre monument”, Odezenne nous confirme une nouvelle fois son statut de monument dans le paysage musical français. Nous les rencontrions au printemps dernier au Printemps de Bourges où ils nous dévoilaient le nom de leur futur EP Pouchkine, nom du poète russe du XIXème adulé par le trio. Après le sublime Au Bacara (2018) dont on a toujours du mal à se remettre, les bordelais reviennent de plus belle et nous offre Pouchkine, long poème de cinq titres, bouleversant et mélancolique. Comme toujours chez Odezenne, il y’a du rouge et du bleu, rouge pour la douloureuse passion, bleu pour la mélancolie douce, l’espoir grandissant au creux des lèvres. On prend plaisir à retrouver Matin, hymne à la vie légère (déjà disponible sur Youtube depuis 2016 mais jamais révélé sur les plateformes) et Bleu Fushia, premier single dévoilé qui annonçait déjà la couleur. Puis on découvre les nouveaux titres, entendus par certain.es en concert, la balade aérienne Salope d’Amour ou encore le titre éponyme de l’opus puissant et profond. On regarde les rayons transperçants de Pouchkine droit dans les yeux, quitte à s’aveugler, à perdre la tête. Cela fait bien longtemps qu’on a trouvé notre plus belle lumière, elle s’appelle Odezenne.

Coups de coeur : Toutes.

Sortie le 13 septembre

Pauline Pitrou

Fictions – Riviera (EP)

Les vacances sont finies, l’automne pointe le bout de son nez, que diriez-vous de quitter la grande ville et de repartir en voyage ? C’est ce que nous propose Guillaume Léglise aka Fictions dans son troisième EP Riviera fraîchement sortie en cette fin de septembre chez la Tebwa. Après UFO, court opus nocturne dévoilé en février dernier, le guitariste du groupe Vox Low (Born Bad Record) continue son chemin solitaire dans un quatre titres solaire et sensuel. Un trip électro-pop aérien où l’on se dore la pilule sous le soleil de la Côte D’Azur (Riviera), où l’on s’offre une escale romantique en terres asiatiques (Love In Shanghai) et un corps à corps entre amour et violence sur La Paix pour lequel on ne peut s’empêcher de songer à Souchon. Un univers nonchalant et inventif qui brûle la peau. Attention aux coups de soleil.

Coups de coeur : La Paix, Love In Shanghai

Sortie le 20 septembre

Pauline Pitrou

Gus Dapperton & B. Hayes – In Passing 001 (EP)

Après avoir signé des compositions indie pop, et avoir tout récemment sorti le clip de son single Coax & Botany, Gus Dapperton s’associe le temps d’un quatre titre avec le producteur B. Hayes. Quatre morceaux résolument dance : deux de Gus Dapperton qui conserve ici son empreinte vocale apposée sur une composition electro encore expressive ; deux de B. Hayes, dance à souhait, aux accents 90’s indubitables. S’ils sont habitués à composer ensemble, In Passing 001 est un premier EP qui répond à leurs collaborations. La totalité des fonds collectés par cette composition donnera lieu à un don au Ali Forney Center de New-York, un centre qui apporte un soutien aux jeunes LGBTQ+, notamment ceux qui se retrouvent sans abri. Une démarche positive et remarquable qui, on le souhaite, portera ses fruits.

Coup de cœur : Scene Shift (B. Hayes)

Sortie le 13 septembre

Caroline Fauvel

Belle and Sebastian – Days of Bagnold Summer (OST)

Un an seulement après How To Solve Our Human Problems ?, on ne s’attendait pas forcément à retrouver Belle & Sebastian. Les Britanniques sont pourtant bien là en cette rentrée, mais avec une bande-originale, celle de Days of Bagnold Summer, premier film de l’acteur anglais Simon Bird. Si cette comédie semble assez confidentielle (ce n’est pas sorti en France), on peut profiter de sa BO comme un nouvel album à part entière de Belle & Sebastian. Plus organique, moins sophistiqué que leur musique “habituelle”, le disque alterne entre morceaux chantés et uniquement musicaux, donnant une folk simple et rassurante. Malheureusement, on a tendance à se lasser un petit peu vite, seul véritable défaut de cette jolie surprise, qui accompagnera à merveille un paisible dimanche ensoleillé de ce début d’automne.

Coups de cœur : Sister BuddhaSafety Valve

Sorti le 13 septembre

Kevin Dufrêche

Tigran Hamasyan – The Say Nothing Stays the Same (OST)

Un peu plus d’un an après l’exaltant For Gyumri, EP en forme d’extension de l’univers développé dans An Ancient Observer, son dernier album en date paru en 2017, le jeune prodige Arménien est de retour avec sa première bande-originale de film. Celui qui change à lui tout seul les règles du jazz contemporain et du piano à grands coups de rythmiques traditionnels, mesures composée et pulsations mouvantes fait cette fois-ci le choix d’un (presque) minimalisme étonnant pour mieux laisser place au silence, reverses et autres réverbérations. On pense aux travaux de John Cage dans certains effets de jeux et traitements acoustiques, jouant sur l’attaque, les étouffoirs, les marteaux, autant d’ambitions sonores qui complètent une production qui s’était jusqu’ici plutôt focalisée sur la composition et la performance. Les modes et lignes mélodiques paraissent ici bien moins claires, plus suggérés qu’assumés, créant un flou et une palette de couleurs envoûtante que l’on imagine sied à merveille au film imaginé par le japonais Joe Odagiri.

Coups de coeur : Deconstructured Image 1, Into The Forrest, The Boatman (Postlude)

Sortie le 13 septembre

Camille Tardieux

Le podcast

AMOUREUX DES SONS, DES MOTS ET DES IMAGES, DE TOUT CE QUI EST UNE QUESTION D'ÉMOTION, DE RYTHME ET D'HARMONIE.

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