© The Soft Cavalry
Tous les 15 jours, Maze vous offre un tour d’horizon des dernières sorties musicales. Retour sur cinq disques de ce début d’été prometteur.
The Soft Cavalry – The Soft Cavalry
Après la parenthèse Minor Victories et surtout le retour sur disque de son groupe phare Slowdive, Rachel Goswell s’associe à son mari Steve Clarke pour un tout nouveau projet. Hélas, hormis quelques percées solaires et bouleversantes, le tout reste très conventionnel et bien trop consensuel pour réellement emporter l’adhésion. Avec ce premier effort, le couple dévoile douze titres aux émotions trop souvent timorés, figeant les compositions dans un écrin qui ne leur sied qu’à moitié, brisant net des envolés qui lorgnent pourtant vers les plus belles heures de Talk Talk, R.E.M. ou The National. Parfois audacieux (l’autotune de Careless Sun), trop souvent prudent, cet alliage de pop-folk aux accents shoegaze et psychédélique finit tout de même par se frayer un chemin dans notre mémoire et titiller notre admiration musicale, nous laissant toutefois espérer une suite plus convaincante.
Coups de cœur : Only In Dreams, Spiders, Home
Sortie le 5 juillet
Camille Tardieux
Blood Orange – Angel’s Pulse
Le talent de Devonte Hynes, tête pensante de Blood Orange donne lieu à la magnifique mixtape Angel’s Pulse, un album imprévu et sans fausse note qui donne suite au tout récent Negro Swan sorti à l’automne 2018. Si bon nombre de morceaux s’inscrivent ici comme étant des compositions courtes, l’artiste New-Yorkais n’a pas négligé la structure générale de ce cinquième album qui se dessine comme un set complet composant avec la musique dans toutes ses dynamiques. On retrouve ainsi des collaborations hétéroclites, rap, hip-hop, voix androgynes et accents jazz : Ian Isiah, le chanteur qui l’accompagne continuellement sur ses tournées, le groupe Porches qui a assuré certaines des premières parties de Blood Orange, Tinashe, le prodige Toro y Moi, mais aussi BennY RevivaL. Les morceaux s’enchaînent dans une altérité progressive intransigeante, l’équilibre du mixage est maîtrisé et toujours plus impressionnant, faisant d’Angel’s Pulse un album véritablement entier.
Coups de cœur : Benzo, Happiness
Sortie le 12 juillet
Caroline Fauvel
Drab Majesty – Modern Mirror
Le duo californien continue sa route vers la noirceur électronique et dévoile Modern Mirror, un troisième album mélancolique, lumineux et profondément cold-wave. Et quand bien même la douleur persiste dans la musicalité, on retrouve un peu l’espoir dans ce Modern Mirror qui succède à The Demonstration (2016), un dernier opus qui s’avérait être plus sombre et torturé. Les fantômes sont toujours là, flottant au dessus de nous mais semblent se frayer un chemin vers la lumière. Un miroir musical moderne qui puise son inspiration chez les Cure ou encore Depeche mode pour nous livrer une cold-wave teintée de flash verts et violets qui déforme les corps pour mieux les faire renaître.
Coups de coeur : Oxytocin, The Other Side
Sortie le 12 juillet
Pauline Pitrou
Flavien Berger – radio contre-temps
« Vous êtes bien sur radio contre temps », la radio des morceaux qui n’existent pas encore, dit-il. Conceptuel et ludique Flavien Berger fait cette fois fi des deadlines et nous accompagne sur les ondes imagées de ses compositions picturales. Dans radio contre-temps il déjoue nos attentes en axant chacun de ses morceaux, de lychénian reptilien à VID00064 whatchat solo en passant par le jeu de qui et qui, sur des pistes de voix et des sonorités modulables. Orchestrant méthodiquement, transposant symboliquement ses rêves de musiques. Des berceuses électroniques, des interludes parlantes, des tranches de vie adéquates, cet album se veut être un joyeux bazar organisé dénué de complexes et de non dits, qui n’est pas sans nous rappeler les premiers émois sonores de cet artiste devenu incontournable dans le paysage musical français.
Coups de cœur : lychénian reptilien, l’araucaria, microsono
Sortie le 12 juillet
Caroline Fauvel
Cliff Martinez – Too Old To Die Young (Music from Original TV Series)
Que vous ayez vu ou non la série événement de Nicolas Winding Refn (dont nous vous parlions ici), la nouvelle bande originale de Cliff Martinez risque de faire son petit effet. Agrémentées de quelques titres venue de projets extérieurs et complémentaires à l’esthétique toujours pop et rétro, les compositions originales du New-Yorkais puisent une nouvelle fois leurs sources dans des travaux synthétiques et minimalistes, une ambient se permettant même des incursions dans des courants électroniques plus marginaux, indus en tête. Avec une touche de musique contemporaine (Naked Guy Murder, Mothers Favorite Skirt) et deux thèmes principaux aux modulations fascinantes et aux variations inextinguibles, la bande originale de Too Old To Die Young dévoile un monde proche de celui de la partition dystopique de Vangelis pour Blade Runner, aux instrumentations et traitements variés, à la fois d’une savoureuse modernité et d’une charmante désuétude.
Coups de coeur : No Smoking Allowed Here, I Hereby Give You Yaritza, High Priestess of Death
Sortie le 14 juin
Camille Tardieux