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Les Nuits Secrètes en toute discrétion

Le dernier weekend de juillet fut haut en couleur pour la ville d’Aulnoye Aymeries. Le festival des Nuits Secrètes y a installé ses trois scènes durant trois jours dont on se souviendra longtemps.

Pour sa dix-huitième édition, le festival bien du nord avait mis les petits plats dans les grands. Au programme : Metronomy, Nekfeu, Roméo Elvis, Paul Karlbrenner et bien d’autres. Revenons plus en détails sur ce weekend haut en couleur.

Vendredi, tout est permis

Premier jour sur le site. Après les formalités habituelles d’accréditation et la préparation du matériel, nous avons rejoint le site en plein centre ville d’Aulnoye Aymeries. Comme nous l’avait déjà dit le directeur du festival, ici, on vient surtout pour entendre la musique qu’on aime depuis toujours à quelques mètres de chez soi.

Ce que l’on retient de cette énorme soirée d’ouverture, c’est avant tout la folie pure de Salut C’est Cool, qui ont littéralement mis le feu aux pistes. Pogo sur pogo, tour de passe-passe et légendaires mises en scène grotesques. Tout était réuni pour faire chauffer à blanc un public relativement jeune mais surtout surexcité.

© Jules Azelie

On passera à peine sur la prestation de -M- dont les mouvements sont millimétrés, sans aucun espace pour la créativité ou la spontanéité. Le public a certes adoré le show, mais on s’attendait à un peu plus d’excentricité de la part du roi de l’absurde français. En revanche, grande mention pour les londoniens de Hot Chip qui ont véritablement enflammé la scène de l’Eden en mixant tous leurs plus grands tubes avec quelques nouveautés dont on a su apprécier la complexité musicale.

Et enfin, pour finir cette belle soirée, c’est Bon Entendeur qui a cloturé le bal. Les deux DJ Français ont mis à l’honneur tous leurs titres du nouvel album Aller-Retour, dont les mémorables Rua Madureira ou l’envoutante Entrevue Séduction avec Pierre Niney.

© Jules Azelie

Samedi sous la pluie

Blood Red Shoes ou l’art d’introduire une journée de festival. De l’énergie, de la folie, du partage  : voilà comment décrire cette prestation trois étoiles que nous ont fournis les deux artistes du groupe (ndlr  : le groupe s’entoure actuellement de deux nouvelles recrues pour de nouveaux titres, auxquelles on souhaite longévité). Un batteur complètement dingue, maitrisant la scène comme si il y était né, nous a transmis du rock en intraveineuse, de l’émotion décuplée par la dernière collaboration du groupe avec leur ingénieur son partant en retraite et une musique vibrante faisant bouger l’Eden au rythme des instruments. Bref, une musique à mettre entre toutes les oreilles et un groupe à suivre de près. Un conseil  : guettez leur passage près de chez vous.

© Sofia Touhami

Toujours devant l’Eden, 21h40, montée sur scène de Sleaford Mods  : un rappeur et un ordinateur. On a longtemps cherché du contact avec l’artiste, figé et tête tournée vers les coulisses. Peut-être ne nous a-t-il pas vu  ? Consternant d’ennui, Sleaford Mods a plus sa place en studio que sur scène. Aucune mise en scène, aucune envie, autrement dit, aucun show. On peut au moins lui trouver un point positif, avoir mis en valeur les autres prestations par son absence.

Avons-nous encore besoin de donner son nom tellement ses musiques ont pénétrées les oreilles des plus anciens comme des plus jeunes  ? Paul Kalkbrenner est un crack. Un voyage gratuit (après avoir acheté sa place de festival, tout de même) dans un univers electro qui vous donne envie de quitter cette planète Terre l’instant d’un show épuré de grande qualité. Irrésistiblement envoutant, déstabilisant les sens et les jambes, cette drogue est à consommer sans aucune modération. Merci monsieur.

Dimanche en robe blanche

Dernière journée pourtant marquée de noms connus et attendus, nous avons fait la découverte d’un groupe exceptionnel, voire illustre. La chorale “the mamy’s and the papy’s  » ne nous a peut être pas illuminés de voix plus dingue les unes que les autres mais ils auront en tout cas réussis à rassembler des centaines de festivaliers dans une coalition de génération. Un moment unique et magique fait de partage sincère et d’une ancestrale pureté. Un gâteau qu’on n’hésite pas à faire gouter aux autres. Merci les reliques et à la prochaine  ! 

La journée continue et nous avons eu la chance d’interviewer Joseph Mount, fondateur du groupe Metronomy. Après cette rencontre pleine d’émotions pour nous, vient le moment du show. Entrée en piste dans des ensembles bleus/blancs aussi légers et doux que leur musique. Le groupe a eu raison de nos pensées, traversées de long en large par un fleuve de bienveillance électronique. L’amour forgé au sein du groupe par les années de collaboration s’est ressenti et s’est derversé sur une foule, à moitié venue pour écouter ces amoureux de la vie et, à moitié venue pour prendre place pour ce qui s’annonçait le show le plus mainstream de ce festival : celui de Nekfeu.

Une fin de festival au sommet et une grande scène plus pleine que jamais. Nous sommes prêts à accueillir le rappeur poète au rythme de ses titres les plus carabinés (Cheum ou Tempête pour ne citer qu’eux). Faisant face à un public survitaminé, dopé à la communion et prêt à en découdre pour un des derniers concerts de ces trois jours, Nekfeu nous a fait honneur, sans oublier, comme à son habitude, de faire profiter son S-Crew (ainsi que Doums) de sa notoriété car comme il le dit si bien «  monter tous ensemble la condition sine qua non  » (Saturne – Cyborg – 2016). On souhaite une longue vie à un des princes du rap français actuel. 

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