Clips du moisÉcransMUSIQUE

LES CLIPS DU MOIS – Juin 2019

© Metronomy / Joseph Mount

Petit tour d’horizon de la planète clip en douze nouvelles destinations. Et il y en a pour tous les goûts.

Metronomy – Salted Caramel Ice Cream par Joseph Mount

Trois ans après Summer 08, Metronomy signe en cette période estivale un hymne espiègle et pop dans le clip de Salted Caramel Ice Cream, pépite inattendue qui annonce la sortie de Metronomy Forever en septembre. Un clip réalisé cette fois encore par le leader du groupe Joseph Mount, quelques semaines après celui de Lately confectionné par ses soins. Salted Caramel Ice Cream n’est pas sans rappeler les décors de carton pâte que convoquaient d’ores et déjà les multiples réalisateurs de leurs précédents clips, comme pour Night Owl réalisé par Quentin Dupieux en 2016, ou Love Letters par Michel Gondry en 2014. Metronomy joue avec la musique, la rend plus colorée et vive ; ici c’est une ode joviale aux cornets de glace parfum au Caramel au beurre salé, complètement à contre courant.

Caroline Fauvel

Weval – Someday par Páraic Mc Gloughlin

Après s’être fait connaître par ses vidéo graphiques dans de nombreux festivals et avoir officié pour Max Cooper, le jeune Páraic Mc Gloughlin signe le clip du nouveau single de Weval, duo montant de la scène électronique. A la fois vidéaste, peintre et sculpteur, Mc Goughlin dévoile cette fois-ci une maîtrise virtuose de la photographie et du montage, délivrant des espaces et des dimensions inédites, pourtant toujours ancrés dans une forme de réalité architecturale et urbaniste, en parfaite osmose avec la composition multi-couche et syncopé des néerlandais, lui donnant un rythme intérieur unique. Fascinant.

Camille Tardieux

TOBOGGAN – Souvenirs Caraïbes par Anna Chwal

Ce nom de groupe juvénile à croquer ne vous dit rien ? Rien d’étonnant, Lola et Quentin qui forment le duo TOBOGGAN viennent tout juste de débarquer dans le vaste parc de jeu de la pop française. Aux prémices de l’été, le duo dévoile Souvenirs Caraïbes, un premier morceau accompagné d’un clip en animation signé Anna Chwal. Comme un flashback pastel de la saison torride, ils nous offrent un duel au soleil tendre et romantique. Entre vagues bleues lagon et cocktails d’amour, la vidéo nous embarque dans la nostalgie d’une romance tropicale. A l’approche des grandes vacances, on sirote Souvenirs Caraïbes en attendant d’écouter le tube estival en contemplant la mer. Une belle entrée en matière pour ce jeune groupe lyonnais qui va vous faire glisser sur les vagues tout l’été. A suivre de près.

Pauline Pitrou

VIDEOCLUB – En Nuit par Aube Perrie

Après Amour plastique et Roi, le duo nantais Vidéoclub revient avec le clip En nuit. Lancés sur une intro aux inspirations années 80, on suit les périples nocturnes d’Adèle Castillon et Matthieu Reynaud, tous deux âgés de seulement dix-sept ans. Avec ses images d’animations et ses passages en noir et blanc, le clip réalisé par Aube Perrie dévoile une esthétique léchée durant plus de cinq minutes. Au départ connue pour sa chaîne Youtube, Adèle Castillon semble avoir trouvé une nouvelle voie avec son acolyte. Et nous laisse sur une fin rappelant une sorte d’Inception contemporain.

Manon Michel

Soleil Bleu – Horizon par Elisa Baudoin

Faire l’amour à la plage. 21 juin 2019, premier jour de l’été. La douce et mélodieuse voix de Lou Lesage résonne. La chanteuse apparaît sirène allongée sur le sable. Elle est bientôt rejointe vocalement et physiquement par l’autre moitié du duo Soleil bleu, Arthur Jaquin. Les amoureux mélancoliques se sont associés à la marque Sézane pour une collaboration colorée. Cette capsule musicale s’accompagne de la parution du tee-shirt Soleil Bleu x Sézane, dont les bénéfices iront à DEMAIN, le fond solidaire soutenu par la marque, qui œuvre en faveur de l’égalité des chances et de l’accès à la culture et à l’éducation des enfants. Réalisé par Elisa Baudoin, Horizon semble être d’un autre temps, une parenthèse enchantée en surimpressions, ombres et illusions d’optique, une ode à la sensualité et à l’amour. Sous le Soleil (bleu), exactement, l’été sera très, très chaud.

Diane Lestage

Vanishing Twin – The Invisible World par Phil MFU

Les “jumeaux en voie de disparition” sont de retours avec un deuxième clip issu de leur nouvel album, le fascinant The Age of Immunology. Psychédélique, avec des cartons apparaissant à la façon des films muets du début de siècle dernier, The Invisible World se rapproche de la séance d’hypnose, avec ces cordes envoûtantes, ces synthétiseurs pénétrants, ces gammes cristallines et cette voix mystique. Réalisé par l’extraterrestre Phil MFU (Man From Uranus), le clip propose un savoureux alliage de danse et d’effets visuels inspirés, lorgnant du côté du video art et de certaines installations et performances artistiques contemporaines, dans leur versant le plus captivant. Un monde (in)visible auquel il est difficile de résister.

Camille Tardieux

Palma Rosa – L’ascèse par Lisa Boostani

Tourné en 16mm par Léo Schrepel (aux manettes de nombreux clips dont le sublime Filles Désirs de Vendredi sur Mer) et réalisé par Lisa Boostani, le tout premier clip du duo Palma Rosa se révèle être une petite bombe esthétique rétro. “Effort visant à la perfection spirituelle par une discipline constante de vie” , voilà ce que signifie littéralement le terme “ascèse” qui donne son titre au morceau. Pour le clip, les deux compères ont décidé de prendre le contrepoint de ce processus et de s’adonner aux pires excès. Entre festin d’envergure dévoré à pleines bouches et objets symboliques rappelant sans cesse le vice (serpent, feu, armes..), le clip flirte avec les enfers alors que les paroles nous content le désir du groupe d’en finir avec les abus en tout genres “assez d’excès, décidé, demain j’arrête la tise, j’me mets à la tisane”. Une vidéo qui nous charme de par ses références délicates et inspirations diverses, on pense sans trop d’effort au cinéma d’Argento. Avec Palma Rosa, on s’autorise un excès : celui d’appuyer sans s’arrêter sur le bouton replay.

Pauline Pitrou

Petit Prince – Un bisou dans le cou par Florine Fourastié et Petit Prince

Petit Prince sort chez Pain Surprises le single Un bisou dans le cou, accompagné d’un clip touchant de simplicité de par sa dimension impromptue. Dans un plan mouvant depuis les hauteurs de Montmartre, le regard se porte sur ces protagonistes parisiens singuliers : mimes, fausses statues, amoureux, touristes, et autres bonnes sœurs qui se déhanchent prudemment sur cette mélodie aérienne. Florine Fourastié et Petit Prince proposent ainsi à eux deux ce clip dessiné comme une ode à l’amour et au Paris printanier, en tournant dans ce lieu bien connu, ici pourtant présenté dans son habit le plus emblématique. Un choix parlant qui laisse à voir le fourmillement insatiable de cette place iconique, et son esthétique éperdument cinématographique.

Caroline Fauvel

Voyou – La serre par Antonin Perejatko

Notre planète va mal. Ce constat, répété quotidiennement dans les médias et les débats, fait l’objet du nouveau clip de Voyou, La serre. Dans ce clip à l’univers onirique signé Antonin Peretjatko (réalisateur du film La Fille du 14 juillet), Voyou – Thibaud Vanhooland de son vrai nom – part explorer son environnement sous champignons hallucinogènes. « La serre sera notre tombe », « Nos forêts nous manquent, nos aurores et nos plantes, notre décor infernal » peut-on y entendre. Entre plantes tropicales, corps dénudés sortis de chrysalides et cactus, l’artiste nous alerte sur l’état de notre planète, le tout teinté de sa pop colorée.

Manon Michel

MIËT – The Queen of Gloom par Harry Hadler et Suzy Le Void

Récente signature d’Ici d’ailleurs et projet atypique (basse/sampler/voix), MIËT est le projet solo de la jeune Nantaise Suzy Le Void. Un one woman band qui sonne comme un groupe de rock tout entier, déterminé à faire entendre sa voix en France et ailleurs. Co-réalisé avec Harry Hadler (venu de l’illustration), tout en photos, son premier clip prend la forme d’un court-métrage onirique, où l’on suit les mésaventures d’un individu à tête de plâtre ( ?) à la recherche d’une de ses chaussettes dans une campagne désertique et croisant un bestiaire fantastique. Une folie vestimentaire au twist final sympathique, qui sent bon l’enfance, le rêve et l’obsession.

Camille Tardieux

Ma Pauvre Lucette – Le Cortège par Ma Pauvre Lucette (L’étoile – Épisode 1/14)

“On ne chantera plus jamais nos chansons, on ne prononcera même plus ton nom” , ces quelques mots déclamés sur le titre Requiem qui clôture le dernier album de MPL nous laissaient croire à la fin de l’histoire. Ma Pauvre Lucette, c’est le projet musical ambitieux et poétique de six garçons au grand coeur qui essayent de faire le deuil ensemble et en musique de Lucette, une amie commune “disparue trop tôt”. Aujourd’hui, après de longs mois en studio, ils reviennent nous présenter leur nouvel album baptisé L’étoile qui sera une série de quatorze clips dont le premier a été dévoilé ce mois-ci. Ce premier épisode intitulé Le Cortège nous transporte en terres enneigées où les membres du groupes se retrouvent pour continuer leur chemin de résilience. Ils marchent éperdument vers un lieu sacré perdu dans les montagnes où ils retrouvent leur gourou, celui qui anime les cérémonies en mémoire de Lucette depuis la création du groupe. En fond, une voix nous guide et nous inssufle ” La nostalgie est la seule émotion véritable”. La quête de Ma Pauvre Lucette n’est donc pas terminée, elle ne fait que commencer.

Pauline Pitrou

Devendra Banhart – Kantori Ongaku par Juliana et Nicky Giraffe

Retour classieux pour l’iconoclaste Devendra Banhart avec ce clip japonisant tout en hommage et référence. Dans un décor conceptuel et arty, l’homme cultive le minimalisme au travers d’une économie visuelle salutaire et d’éléments symboliques forts, s’autorisant même une parenthèse militante pour une association auprès de laquelle il est engagé. C’est donc entre un second degré affirmé et une dimension plus sérieuse que jongle brillamment le Vénézuélien Texan d’adoption, délivrant un beau message d’amour universel ainsi qu’à la musique et la créativité de l’ex-Yellow Magic Orchestra Haruomi Hosono, inspiration qui guide ce premier titre inspiré. Un beau programme.

Camille Tardieux

AMOUREUX DES SONS, DES MOTS ET DES IMAGES, DE TOUT CE QUI EST UNE QUESTION D'ÉMOTION, DE RYTHME ET D'HARMONIE.

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