CINÉMA

« Mais vous êtes fous » – Sous stupéfiants

Pour son premier film en tant que réalisatrice, la journaliste/scénariste Audrey Diwan tente un thriller conjugal mais réussit plutôt une publicité de prévention contre la cocaïne.

En apparence Roman (Pio Marmai) a une vie idéale, il est dentiste, vit dans un superbe appartement parisien, aime tendrement sa femme Camille (Céline Sallette) et s’occupe remarquablement de ses deux petites filles. Pourtant, notre héros cache un secret, il consomme de la cocaïne tous les jours en cachette et ne peut plus s’en passer. Le parfait cocon familial vole en éclats quand des traces de drogues sont retrouvées dans le sang de la petite dernière, après une crise de convulsion. L’addiction de Roman a contaminé toute sa petite famille et le couple va devoir survivre à ces épreuves.

Ce pitch inspiré d’une histoire vraie, plutôt cocasse sur le papier, devient sur écran une tentative échouée et entièrement aseptisée. L’énième histoire d’un couple de bobos parisiens devant faire face à de nombreux obstacles qui mettent en danger leur relation amoureuse et familiale mais reste uni malgré tout. En faisant le choix d’un montage proche du thriller, la réalisatrice exclut toute possibilité de ressentir des émotions que ce soit entre ses personnages ou entre eux et le spectateur – essentiellement l’empathie qui devrait naitre face à l’intoxication et à la trahison de Roman. La mise en scène est certes soignée, mais ne prend aucun risque, les plans, les couleurs, les mouvements de caméra n’exhalent aucune audace, aucun parti pris. Le scénario quand à lui poursuit une route toute tracée sans jamais dévier une seule fois de son objectif. S’il n’est pas à douter de la sincérité de ce premier long métrage, Mais vous êtes fous manque cruellement de personnalité et se démarque uniquement par son sujet, la dépendance et ses conséquences sur l’entourage du drogué.

Heureusement malgré la faiblesse des rôles qu’ils ont à défendre, Céline Sallette et Pio Marmaï sont saisissants et le duo forme un couple de cinéma percutant. Et comme le veut la coutume, un deuxième rendez-vous est souvent plus réussi que le premier, en sera-t-il de même pour le second film de la cinéaste ?

J'entretiens une relation de polygamie culturelle avec le cinéma, le théâtre et la littérature classique.

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