CINÉMA

« John Wick Parabellum » – L’art de la fusillade

Le « croque-mitaine » revient dans ce troisième opus encore plus abouti que les précédents. L’action s’élève au rang d’art visuel et chorégraphique pour un résultat détonnant, malgré une formule qui commence à s’essouffler.

Nous retrouvons John Wick là où nous l’avions laissé dans le précédent opus. Excommunié par la confrérie des assassins, traqué de toute part, il cherche une échappatoire pour accéder à une seule chose : la survie. Le parti pris de cet épisode, encore plus que dans les précédents, est de nous faire ressentir la société tentaculaire de tueurs qui grouille dans le monde entier. Chaque pas de John est suivi par une ombre menaçante. Il est le tueur le plus recherché du globe, créant ainsi une paranoïa constante.

Telle une secte, ce réseau organisé dévoile encore plus ses traditions et ses composantes à travers de nouveaux personnages. En effet, nous découvrons une adjudicatrice envoyée pour inspecter les problèmes créés par John et pour faire respecter les règles de la Grande Table, nous voyageons en Orient pour rencontrer des membres hauts-placés, et nous voyons déferler la fureur d’un groupe d’assassins japonais dirigé par Zero, incarné par un Mark Dacascos à la fois glacial et décontracté. L’univers des tueurs se met en lumière, ainsi que ses mœurs, pour donner à la licence une profondeur supplémentaire. Mention spéciale à Keanu Reeves qui insuffle à son personnage une noblesse et une mélancolie toujours aussi touchantes.

Une créativité explosive

Qui dit suite dit forcément progressivité. Si l’adage n’est pas toujours de mise dans certaines licences, il l’est pour John Wick Parabellum. À défaut de proposer quelque chose de drastiquement différent, le film opte pour la seconde option, celle de l’amélioration de son concept. La saga John Wick a toujours mis un point d’honneur à proposer l’action pure comme une forme d’art à part entière. Une telle proposition avait déjà été constatée dans l’inégal mais divertissant Equilibrium où le maniement des armes se faisait sous formes de katas. Ici, pas de mouvements superflus, mais une effusion d’efficacité et de technicité ! Keanu Reeves impressionne par son dévouement au maniement des armes pour incarner au mieux son personnage létal. Chaque arme est minutieusement utilisée, rechargée, démontée, et remontée. On notera malgré tout quelques passages poussifs où les ennemis semblent attendre leur tour pour se faire tuer.

© Mark Rogers – Metropolitan FilmExport

Néanmoins, pour une telle suite, il fallait proposer quelque chose de plus poussé. Chad Stahelski filme non seulement une excursion plus approfondie dans les origines de celui que l’on nomme « Baba Yaga », mais il montre également sa volonté de créer des scènes d’action à la fois parfaitement montées, mais aussi illustrées. La photographie et le découpage millimétrés accompagnent les chorégraphies implacables. On passe d’un duel dans une bibliothèque où l’objet qui tue est un livre, à une pièce d’armes antiques où on utilise le contenu des vitrines pour transpercer les assaillants, puis à une place d’armes où l’on fusille à tout va accompagnés de chiens véloces ! L’inventivité est le maître-mot de cet opus, qui ne semble pas s’imposer de limites. En somme, une expérience qui donne aux spectateurs ce pour quoi ils sont venus !

John Wick Parabellum prépare déjà la guerre pour une suite qui s’annonce mouvementée. Avec ses fusillades incroyables, son image stylisée et son univers cohérent, il régale les amateurs de la licence et ceux lassés des films d’action bas de gamme. Pourtant, nous sommes en droit de nous poser quelques questions : jusqu’où ira la série ? Arrivera-t-elle à garder un rythme aussi élevé ? Ne s’essoufflera-t-elle pas en cours de route ?

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