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ACID – En ouverture de l’ACID Trip #3 Argentine, le cinéaste Juan Villegas nous entraine dans une comédie dynamique et estivale. Une œuvre légère qui retrace des retrouvailles familiales cocasses au cœur d’un lieu chargé de souvenirs de jeunesse.
Comme le chantonnait déjà Elvis en 1964, on adore se rendre à Las Vegas. Même quand il s’agit d’un petit immeuble de bord de mer situé à 400 km au Sud de Buenos Aires. Faisant office de location de vacances, ce bâtiment devient soudainement un élément névralgique de la narration, car rassemblant par hasard des individus liés entre eux. En effet, Pablo (le célèbre champion de freestyle Valentin Oliva) et sa mère rayonnante et impulsive Laura (Pilar Gamboa) se rendent dans la petite ville de Gesell pour y passer les vacances. Cette venue, sur le lieu des anciens amours de ses parents, est contrecarrée par la venue de son père Martin (Santiago Gobernori) et sa petite-amie Candela (Valeria Santa) dans la même résidence. Une réunion involontaire et absurde durant laquelle on se remémore les rancœurs, les chants, les amusements, les idylles, parallèlement à la rencontre de leur voisine Cecilia, sauveteuse en mer (Camila Fabbri).
Ces coïncidences sont animées par des discours faits de quiproquos, de comiques de répétition et de multiples échos aux autres scènes du long-métrage. Les jeux de miroirs, gestuels et verbaux, sont nombreux et particulièrement évocateurs quand ils sont exécutés par Pablo et Martin, un père et un fils qui ont rompu toutes formes de communication. Ainsi leur point commun, la musique, les réconcilie autant qu’elle les éloigne. Cette interférence est également technologique et mise en avant par un choc de générations inversé, Martin écoutant des CDs et du Joy Division, tandis que sa mère souhaite télécharger Deezer. Ce brouillage chronologique appuie d’autant plus sur l’universalité du propos autour des problématiques de l’adolescence, notamment autour du pardon, du dialogue et de la sexualité.
Ces clins d’œil subtiles et incessants à l’intrigue passée rappelle une des thématiques récurrentes au sein du travail du réalisateur : le temps. Car ce film rayonnant est bien un instant intemporel de vie, marqué par les premiers émois amoureux et le sentiment de nostalgie qu’ils éveillent. Une intemporalité de la trame narrative, qui est soit prévisible, mais qui ne gâche en rien le rythme soutenu et la profondeur des personnages, joués avec justesse par des acteurs de formation théâtrale. Un travail solaire donc profondément collaboratif, soutenu par la productrice et les étudiants en cinéma travaillant sur le plateau, qui ont, selon Juan Villegas, apporté beaucoup de fraicheur à ce petit bijou du cinéma sud-américain.