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Séries Mania 2019 – Carton plein pour la seconde édition lilloise

Précédemment dans Séries Mania… Après huit éditions parisiennes, le festival s’est installé à Lille en 2018. La seconde édition lilloise s’est déroulée du 22 au 30 mars. Projections, rencontres exceptionnelles, conférences, expositions et soirées festives : nous y étions.

Plus de 72 000 festivaliers se sont donnés rendez-vous dans la capitale des Flandres pour parler séries oui, mais surtout binge-watcher. C’est environ 15 000 personnes de plus que l’année dernière. La majorité des séances et masterclass, complètes, ont même fait quelques déçus. 2 500 professionnels de l’audiovisuel ont également fait le déplacement jusqu’à Lille pour participer au forum du festival. Une jolie édition donc, qui réaffirme haut et fort les ambitions internationales du festival qui entend devenir un événement incontournable de l’univers du petit écran.

Un jury majoritairement féminin

C’était le souhait de Laurence Herzsberg, directrice du festival Séries Mania : « Nous sommes très fiers d’avoir un jury majoritairement et volontairement féminin cette année et pour la première fois, nous avons une femme à la tête de ce jury » annonce-t-elle lors de la cérémonie d’ouverture du festival, le vendredi 22 mars. Et quelle femme ! Marti Noxon, scénariste et productrice américaine, elle a travaillé sur de nombreuses séries, de Buffy contre les vampires à Mad Men, en passant par UnREAL et Sharp Objects. À ses côtés, Julianna Margulies, inoubliable Carole Hathaway de la série Urgences. L’auteure et scénariste Delphine de Vigan faisait également partie du jury, tout comme l’actrice française Audrey Fleurot (Kaamelott, Un village français, Engrenages…). Deux hommes complètent le jury de la compétition officielle : Thomas Lilti, réalisateur français (Première Année, Hippocrate) et le scénariste et réalisateur québécois Podz (Minuit, le soir, Vikings).

Le jury sur le tapis rouge lors de la cérémonie d’ouverture le 22 mars (de gauche à droite) : Podz, Delphine De Vigan, Audrey Fleurot, Marti Noxon (présidente du jury), Julianna Margulies et Thomas Lilti. © Maze Magazine

Les séries à retenir

Parmi les 71 séries présentées en avant-première tout au long des 9 jours du festival, plusieurs ont retenu notre attention. Notons d’abord que les lignes qui suivent ne concernent que les deux premiers épisodes des séries projetées, une critique plus complète nécessiterait de visionner l’ensemble des épisodes de chaque série.

The Virtues

La nouvelle série de Shane Meadows (This is England), déjà saluée par la critique, dresse le portrait bouleversant de Joseph, un alcoolique en quête de rédemption qui renoue avec sa sœur après l’avoir perdue de vue. Composée de quatre épisodes, cette mini-série est portée par l’interprétation éblouissante de Stephen Graham. Simple et brute, parfois éprouvante à regarder, The Virtues est un bijou sériel à côté duquel il ne faut pas passer.

Just for today

Seule série israélienne en lice cette année, Just for today donne à voir la relation entre Niko, ancien détenu, et Anat, assistante sociale. Une histoire d’amour pour laquelle on se passionne rapidement et qui fait office de porte d’entrée pour aborder un sujet plus profond, celui des centres de réinsertion pour anciens prisonniers. En parlant avec subtilité de religion, de politique et de migration, Just for today envoûte par la simplicité de son récit et l’originalité de son thème, peu traité jusqu’ici.

Mytho

Teintée d’humour, Mytho raconte le récit d’une famille dysfonctionnelle et pourtant si normale… Elvira (Marina Hands), dépassée par son rôle de mère et peu épaulée par un mari (Mathieu Demy) volage et complètement déjanté, n’a d’autre choix que de mentir pour rassembler les siens. L’histoire d’un petit mensonge qui devient grand mais qui offre un moment de répit à cette mère écrasée par une charge mentale trop pesante. La simplicité de l’histoire qui, on l’imagine, ne pourra pas tenir plusieurs saisons, apporte un peu de fraîcheur dans le monde des séries télévisées françaises.

The Twilight Zone

Pilotée par Jordan Peele (Get Out, Us), il s’agit d’une nouvelle version de la célèbre série anthologique des années 60 de Rob Serling. Les deux premiers épisodes de ce reboot, projetés hors-compétition, présagent de beaux moments de télévision à venir. Les histoires, différentes à chaque épisode, s’apparentent à des contes modernes bien ficelés et plongent le spectateur dans un univers parallèle étrange. Le second épisode (dans lequel Adam Scott apparaît) nous a tenu en haleine pendant près d’une heure, à l’inverse du premier dont la mécanique, plus répétitive, a mis à l’épreuve notre patience. Malgré quelques (petites) imperfections, nous avons hâte de découvrir les prochains épisodes de ce voyage un peu lunaire, signé Jordan Peele.

Rencontres en séries

Le festival a été marqué par plusieurs rencontres exceptionnelles. Freddie Highmore, invité d’honneur, a démarré les festivités le samedi 23 mars. Face à une salle comble, l’acteur britannique est revenu sur l’ensemble de sa carrière et sur son passage du grand au petit écran. À 27 ans, il a déjà tourné avec des grands noms du cinéma à l’image de Jean-Jacques Annaud (Deux frères), Tim Burton (Charlie et la Chocolaterie) ou encore Luc Besson (Arthur et les Minimoys). Les sériephiles le connaissent également pour son rôle de tueur en série dans la série Bates Motel ou plus récemment, pour son interprétation d’un jeune chirurgien atteint du syndrome d’Asperger dans The Good Doctor. Sympathique et accessible, Freddie Highmore s’est confié en anglais – malgré sa maîtrise quasi-impeccable du français – sur le fait de grandir devant la caméra et s’estime « chanceux d’avoir vécu et grandi à Londres, loin de Los Angeles ». L’acteur a également défendu, avec beaucoup d’humour, son personnage Norman Bates : « Beaucoup de personnes pensent qu’il n’était pas gentil mais c’était une personne adorable. C’était un garçon aimant et j’ai essayé de le faire apprécier du public en faisant ressortir son humanité ». Retenons également l’envie de Freddie Highmore de jouer en français dans une production française.

Uma Thurman, seconde invitée d’honneur de cette édition, s’est elle aussi prêtée au jeu de la masterclass. 1 heure d’échange à cœur ouvert – contre 1h30 pour les autres rencontres du festival – pour revenir sur son impressionnant parcours. « À 12 ans, j’ai dit à ma mère que je souhaitais devenir actrice et elle m’a répondu : oui, comme tout le monde » s’est rappelée l’actrice avant de parler de ses rôles dans Pulp Fiction et Kill Bill. Entre deux souvenirs de tournage, la star américaine s’est également exprimée sur le mouvement #MeToo, sans jamais le nommer, mais qui a « définitivement crée un meilleur environnement de travail, plus sûr » pour les actrices. Elle s’est félicitée de la création, au cours des derniers mois à Hollywood, de rôles d’héroïnes fortes et indépendantes. « Je suis contente de voir qu’il y a de meilleures opportunités pour les femmes » a ajouté l’actrice, venue présenter Chambers, la nouvelle série horrifique de Netflix.

Marti Noxon, présidente du jury de la compétition officielle, et Annabel Jones et Charlie Brooker, créateurs de Black Mirror, ont également répondu aux questions du public lillois lors de deux rendez-vous incontournables. Marti Noxon s’est confiée avec émotion sur les addictions qui l’ont notamment poussée à l’écriture de Dietland et Sharp Objects. La scénariste s’est exprimée avec une sincérité surprenante et appréciable sur son impressionnante carrière. Annabel Jones et Charlie Brooker ont quant à eux offert une masterclass mordante et pleine d’humour aux quelques chanceux présents dans la salle. Tous deux sont revenus sur leur processus de création ainsi que sur passage de leur série d’anthologie de Channel 4 à Netflix.

Enfin, dernier invité de marque – et non des moindres -, Adam Scott était présent à Lille ce samedi 30 mars. Une rencontre avec l’ancien de Parks and Recreation a suivie la projection de l’épisode de The Twilight Zone dans lequel il apparaît.

La place du Théâtre à Lille le vendredi 22 mars / © Maze Magazine

Le festival semble avoir passé la vitesse supérieure avec cette seconde édition, couronnée de succès. Nous attendons donc avec impatience sa prochaine édition !

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