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Rencontre avec Odezenne – « Ça provoque un tel bonheur de réaliser un morceau qui te plaît »

© Edouard Nardon / Clement Pascal

Il y a quelques mois, ils dévoilaient leur quatrième album Au Baccara, condensé de vie(s) et de torpeur qui brûle encore au creux de nos oreilles. A l’occasion du Printemps de Bourges, on a échangé quelques mots d’amour avec le groupe bordelais Odezenne. Rencontre avec Alix, Jacco et Mattia juste avant leur passage nocturne sur la scène du Palais d’Auron.

Rencontrer un groupe qu’on porte dans notre coeur depuis longtemps et dont la musique nous a accompagné dans les eaux calmes, parfois violentes de la vie relève d’un exercice compliqué. On appréhende, on veut absolument trouver les mots justes, ceux qui refléteront ce qu’on a vraiment envie de dire, nos ressentis et nos émotions. C’est le jour de la sortie du vidéo-clip tant attendu de Bleu Fuchsia que nous rencontrons les trois garçons d’Odezenne. Ce jour là, le ciel n’est pas triste, il est bleu turquoise comme un beau jour de printemps. Le coeur un peu serré, on attend derrière la porte et on apprend que plusieurs interviews ont été réfusé, on l’a échappé belle, on se sent privilégié.e. La porte s’ouvre. “C’est possible d’avoir des bières ?”. C’est notre tour. “Nous, on adore Maze” lance Alix avant de commencer les questions. On peut dire que ça commence bien. En interview, Odezenne ressemble à leurs chansons : de la tendresse, des mots lancés comme des fleurs, une poésie spontanée et une osmose évidente.

Bonjour Odezenne. Nous sommes au Printemps de Bourges alors j’aimerais en profiter pour vous demander : qu’est ce que ça évoque pour vous, le printemps ?

Jacco et Alix (en choeur) : Le printemps ?

Jacco : C’est la jeunesse, l’éclosion, la nouveauté, la fraîcheur, les fleurs, les fruits, la force.

Alix : La meilleure saison. Moi j’adore le printemps.

Jacco  : Les jupes, les pantalons, les shorts, les soquettes.

Alix : Le retour du beau temps.

Le temps passe comme un train. Il y a trois ans, vous étiez déjà à l’affiche du Printemps de Bourges pour la tournée de Doltziger Str.2, vous revenez aujourd’hui au Palais d’Auron, quel souvenir gardez-vous de ce concert lointain  ?

Alix et Jacco ( à deux secondes d’intervalle) : Un super souvenir.

A : Au Printemps de Bourges, on n’avait plutôt l’habitude d’être ” les petits nouveaux”, et là on ne savait pas trop à quoi s’attendre. Et contre toute attente, il y a plus de mille personnes qui n’ont pas pu rentrer dans la salle. Notamment tous les pros, donc on était ravis parce qu’ils n’ont pas toujours été tendres avec nous. C’était une petite vengeance sympathique parce qu’ils étaient restés dehors comme des crevards (rires). C’était l’une des premières fois où il y avait cette ferveur qui ne nous a ensuite plus quitté pendant les tournées.

J’étais présente à ce concert, j’ai pu rentrer (sourire). Ce n’était pas la première fois que je vous voyais. Et pour être honnête, j’avais été un peu frustré par le format festival. J’avais besoin de cette intimité, celle d’un concert “privé”. Le format festival c’est un format assez stratégique, assez expédié, assez efficace. Comment vous appréhendez les concerts selon les événements et les dates ?

A : Effectivement, les festivals c’est des exercices compliqués parce qu’on est souvent pas les têtes d’affiches donc on doit être efficace. Les concerts propres c’est de la communion et les festivals c’est de la boxe, t’es sur un ring. Il y a des morceaux qu’on adore mais qui ne sont pas du tout efficaces. Par exemple, ce soir, on joue à 1h du matin, on n’a pas mis Cabriolet parce que sinon on va endormir tout le monde. C’est pas le truc qu’on préfère mais c’est quand même des grands moments. Bourges c’était un beau moment, à Garorock, on joué devant 20 000 personnes, le public nous a fait une ovation, c’était fou.

M  : Puis, on joue souvent qu’une heure. Donc on est amputés de la moitié de notre discours.

Depuis fin 2018, la tournée de Au Baccara ne s’essouffle pas, les dates pleuvent au plus grand plaisir du public. Mais vous, de votre côté, vous n’êtes pas trop en apnée, noyés dans toutes ses dates si proches  ?

J  : En fait tu reçois une telle décharge d’une énergie vraiment unique pendant 1h40 qu’elle en vaut la peine. Quand t’as ton public, ça t’amène un truc fou.

M : On est en famille, on est tellement amis. Aujourd’hui, on est 9 sur scène, on a commencé, on était tous les 3 avec la voiture et une guitare dans le coffre. C’est dur mais c’est une récompense. C’est une aventure extraordinaire.

A  : Et puis pour cet album, on n’a pas eu une grande couverture médiatique contrairement aux autres donc finalement les concerts c’est le seul contact qu’on a avec la réalité de ce qu’est notre disque. Depuis qu’il est sorti, ce disque n’est plus à nous. A chaque concert, on prend la température du bain.

Justement, en parlant de votre dernier album Au Baccara. Avec un peu de recul et après l’avoir fait vivre sur scène, comment vous le voyez ?

A  : J’adore ce disque. Je leur disais tout à l’heure quand on est sorti des balances.

J : Au Baccara est le disque le plus proche de nous et plus on en fera, plus ils seront proches de nous, enfin je l’espère.

M : C’est des souvenirs. Moi ça devient vite des souvenirs. Je pense déjà au prochain.

A  : Je trouve qu’il est moins relou que ce qu’on a fait avant (rires). Il est plus actuel. Avant Doltziger, on se cherchait pas mal, on a mis du temps à trouver le son d’Odezenne, c’était pas un truc évident. Les premiers disques c’est un peu comme si tu te regardais dans un miroir déformé. T’es dans une galerie des glaces un peu bizarre. Et plus tu avances, plus le miroir est net.

L’écriture a toujours été une étape importante pour vous, c’est une écriture assez automatique, très spontanée et complexe. Des paroles que, même vous, n’arrivez parfois pas à comprendre. Pourtant elle éveille des questionnements infinis, et à mon goût c’est cela qui la rend riche.

J : Moi j’ai une interprétation pour chaque parole. C’est très précis dans ma tête et c’est pas automatique. Notre dernier disque, on l’a écris à quatre mains avec Alix. On était sur le même document en temps réel au même moment. C’était un exercice incroyable.

A  : Moi je me laisse guider par la musique de Mattia. Ca m’inspire beaucoup.

«  Les grandes questions existentielles j’men bat les steaks, j’aime le mortel  » (Dieu était grand), «  Les réponses aux questions, je les laisse aux grosses têtes  » (On naît, on vit, on meurt)  : si la musique n’est pas une quête de réponses, qu’est-ce que c’est pour vous, un besoin, une évidence  ?

J : On fait de la musique parce que c’est agréable.

A  : Mais ça rend bien quand même (rires).

M  : Ça provoque un tel bonheur de réaliser un morceau qui te plaît.

J : Et du moment où tu vas chercher ce bonheur, et que tu le trouves, tu peux dire que “La musique t’as sauvé la vie” et qu’elle te rend peut être meilleur, plus léger, moins triste.

Dans une interview, vous avez lancé «  Au Baccara est notre meilleur opus  », comment on conçoit la suite si on estime avoir déjà fait le meilleur  ?

A : A chaque fois qu’on a sorti un disque, on a estimé qu’il était meilleur que celui d’avant. Et du coup le prochain sera forcément meilleur ou il ne sera pas.

Pour finir, un mot pour décrire votre prochain EP qui sortira à la rentrée prochaine ?

M : Posé.

A  : Pouchkine.

J  : Pomme.

Odezenne en concert :

  • 15 juin – Festival Marsatac (13)
  • 21 juin – Bordeaux (33)
  • 10 juillet – Dour Festival (Belgique)
  • 18 juillet – Festival Les Vieilles Charrues (29)
  • 25 juillet – Paléo Festival (26)
  • 26 juillet – Les Nuits Secrètes (59)

Fervente prêtresse de la pop française et de tout ce qui s'écoute avec le coeur.

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