MUSIQUEMusique en bref

MUSIQUE EN BREF – La chasse aux disques de Pâques

Tous les 15 jours, Maze vous offre un tour d’horizon des dernières sorties musicales. En ce lundi de Pâques, voici donc dix pépites à découvrir dès maintenant entre deux chocolats.

The Chemical Brothers – No Geography

Déjà 30 ans d’existence pour le duo fondé par Ed Simons et Tom Rowlands, qui vient de présenter son neuvième album. Loin de décevoir, il redonne de l’intérêt à une carrière qui s’était quelque peu essoufflée, puisque c’est un certain retour aux sources qui domine, marqué par le retour aux images ironiques d’une planète mondialisée et d’un monde en conflit. Après les photos du Moyen-Orient et ses Dig Your Own Hole, Leave Home et autres Exit Planet Dust, voilà No Geography et son char d’assaut à contre-sens sur une autoroute surplombé par des nuages roses ensoleillées. Les morceaux, eux aussi, reviennent aux racines des Chemical Brothers, tout en gardant une production moderne et léchée. Les voix féminines répondent aux voix masculines passées au vocodeur tandis que les synthétiseurs acides et célestes se lient aux basses rondes et modernes. On revient également aux absences de drop caractéristiques du Big Beat, frustrant délicieusement l’auditeur. Les morceaux fluctuent, entre balades rappelant M83 (Catch Me I’m Falling), morceaux laborieux et cycliques (We’ve Got to Try) et ceux ayant la carrure de singles (Eve of Destruction, The Universe Sent Me). De ceux-là – et c’est là un des seuls défauts de l’album – il n’y a que Free Yourself qui en a peut-être la véritable envergure. Mais cela n’enlève en rien à la qualité d’une neuvième album réussi.

Coups de cœur : Free Yourself, No Geography, The Universe Sent Me

Sortie le 12 avril

Victor Costa

Jay-Jay Johanson – Kings Cross

Maître suédois du trip-hop, Jay-Jay Johanson est un artiste éminemment prolifique. Depuis 1996, celui-ci conjugue des accords aux sonorités electro-pop et un jazz mélancolique comme personne, faisant de cet artiste un musicien unique en son genre. A 49 ans, deux ans après le puissant Bury The Hatchet, il réitère ses réussites musicales. L’image est tamisée, l’esthétique sombre mais épurée comme sur la composition Smoke, la musique de veut tantôt progressive (Old Dog), tantôt ambient (We Used to Be So Close). Johanson chante et murmure les ondulations des âmes humaines, dans cette voix toute particulière qui correspond toujours à ces choix musicaux éclectiques de l’artiste. Une voix qui ici se fond dans celle de Jeanne Added dans le brillant Fever, mais aussi dans les mélodies du musicien des Cocteau Twins, Robin Guthrie, pour Lost Forever, qui développe des accents new wave inédits.

Coups de cœur : Fever (feat. Jeanne Added), Not Time Yet

Sortie le 19 avril

Caroline Fauvel

PJ Harvey – All About Eve (Original Score)

Depuis son Hope Six Demolition Project, paru il y a maintenant trois ans, nous n’avions pas beaucoup de nouvelles de la captivante Polly Jean. La voici de retour avec la bande originale d’une pièce de théâtre adaptée du fameux All About Eve de Mankiewicz, actuellement représentée à Londres. Beaucoup de piano, quelques cordes et des notes synthétiques ici ou là : c’est bien tout le décorum de cette demie-heure de musique somptueuse, étrange et magnétique d’où émergent deux véritables chansons (The Sandman avec Gillian Anderson et The Moth avec Lily James, toutes les deux comédiennes dans la pièce) dissimulées au milieu d’interludes tout aussi passionnants, pistes en formes de trompe l’œil qui ne sont pas sans rappeler les récents travaux de Thom Yorke pour Suspiria. Une perle à écouter les yeux fermés et l’esprit grand ouvert, pour mieux rêver au fil de ce disque aussi bref qu’intense.

Coups de cœur : Becoming, Shimmer, Waltz, The Moth

Sortie le 12 avril

Camille Tardieux

Loyle Carner – Not Waving, But Drowning

Loyle Carner, Tom Misch, Jorja Smith dans un même album, que demander de plus ? Londres a la cote en matière de soul et de hip hop. Une renommée qui fait son chemin d’années en années et qui doit son lot de jouissance en partie au jeune Loyle Carner dont le premier album Yesterday’s Gone est indiscutablement l’un des meilleurs disques du 21ème siècle. Une prouesse qu’il répète sur son second LP Not Waving, But Drowning, qu’il dédie à sa famille, et qui semble aujourd’hui le désigner comme l’échelle de mesure avec laquelle on jaugera à l’avenir les nouveaux rappeurs qui se prêteront à l’exercice.

Coups de cœur : Ice Water, You Don’t Know, Desoleil (Brillant Corners)

Sortie le 12 avril

Guillaume Lacoste

Yules – A Thousand Voices

Après avoir repris brillamment le cultissime I’m Your Man de Leonard Cohen en 2014 (et l’avoir décliné sur scène avec un orchestre charentais formé par des élèves du conservatoire le mois dernier), Yules est de retour avec un album de composition originales, le premier depuis près de 10 ans. Si l’ensemble reste plutôt sage, la formule pop/folk du duo Haut-Saônois fait mouche tant les arrangements et les compositions sont soignées, faisant part belle à de sublimes polyphonies vocales et à des sonorités tantôt acoustiques tantôt électroniques. Quelque part entre Yodelice et Cocoon, l’univers des frères Charret envoûte, touche parfois à une grâce qui pourrait lorgner du côté des grands noms du rock indie, quitte à ratisser large au prix de la recherche de la modernité du son, sans pour autant dévier à un univers et un son qui leur est propre. Mais qu’on se le dise : en 2019, créer un disque aussi accessible, profond et authentique est assez rare pour être signalé.

Coups de cœur : Fall Grief, I Can’t Wait, Another Song

Sortie le 12 avril

Camille Tardieux

Hush Moss – Lördasgodis

Encore trop méconnu, cet ancien du label Kitsune sort son second album. Lördagsgodis, expression suédoise que l’on peut traduire par « bonbons du samedi » (les fans d’IKEA comprendront certainement ?), n’a pourtant rien d’anodine lorsque l’on écoute cet album qui se veut pleinement appréciable, sorti sans aucune communication venant de l’artiste rendant son écoute et sa découverte d’autant plus unique. L’album à la structure originale, composant avec de précédents singles revisités en version instrumentale (Fallback Mood, Only 1) ou non (Meant 2 B), et des nouveautés réjouissantes comme Sambossa ou ces Intro et Outro feutrées (bien trop courtes) qui portent à merveille cette composition. Un ensemble qui nous invite à en attendre encore plus, car cet album souligne un souci du détail impressionnant, des mélodies cristallines et des synthés toujours prédominants dans cette musique aux couleurs étoffées et suaves.

Coups de cœur : Sambossa, Fallback Mood

Sortie le 19 avril

Caroline Fauvel

La Fine Équipe – 5th Season

Exit la boulangerie, les samples en mitraille, le quatuor français quitte ses standards, met de côté les recettes qui ont fait leur renommée pour s’adonner à un genre plus club : la house, baigné dans cette sauce hip hop qui leur est si particulière. Si le titre 5th Season peut titiller les puristes, qu’ils se tournent donc vers les nombreux featurings qui figurent dans le tracklisting. Que ce soit le Typical Boy avec Zefire (qu’on a connu avec Her), à mi-chemin entre la dance et le hip hop, ou le What Eva avec l’américain Mr J Medeiros (très prisé par les artistes français) ou d’autres encore ; hip-hop, funk, house, dance, tout y est. La playlist idéale pour un road-trip cet été !

Coups de cœur : Typical Boy (feat. Zefire), What Eva (feat. Mr J Medeiros)

Sortie le 19 avril

Guillaume Lacoste

Lolo Zouaï – High Highs To Low Lows

Elle est la voix sensuelle et cassante du titre Austin Power de Myth Syzer : Laureen, de son vrai prénom, est né à Paris, a grandit à San Francisco et vit désormais à Brooklyn. En 2017, elle collabore avec Stelios Phili — producteur d’A$AP Ferg et Young Thug notamment — sur le morceau éponyme et à ce jour son plus grand succès : High Highs To Low Lows. S’en suivront alors de nombreux singles et une collaboration avec Myth Syzer, pour enfin faire le grand saut. Comme ce dernier, elle participe à une certaine réhabilitation du R’n’B, dominant largement l’instrumentale avec sa voix qui fluctue entre douceur et attaque. L’album est complet, passant de véritables tubes à des chansons plus introspectives et intimistes. High Highs To Low Lows est déjà classique, mais Ride, sortie récemment, est puissante et charnelle, laissant la chanteuse s’échapper vers des notes orientales. Sur le touchant Desert Rose, elle écrit une “lettre d’amour à sa famille algérienne” (Vogue Arabia, 12/9/2018) qui semble l’avoir reniée car ayant choisie “une vie de pêché”. Elle conclut avec les doux morceaux Blue et Beaucoup, en français. Lolo Zouaï parvient à redonner ses lettres de noblesses au R’n’B et évite la mièvrerie en frappant au cœur de la cible.

Coups de cœur : Chevy Impala, Ride, Blue

Sortie le 19 avril

Victor Costa

Myd – Superdiscoteca (EP)

L’EP The Sun nous avait fait dansé non-stop depuis sa sortie en octobre 2018 et marquait l’arrivée de Myd au sein de la maison Ed Banger. Le DJ, anciennement membre du collectif Club Cheval, nous a ainsi habitué à des accents plus pop, en parallèle de ses productions de rap et hip-hop comme il sait très bien les faire, notamment avec l’artiste Sônge récemment. Il revient ici avec une musique qu’il a envisagé comme une musique de club, mélangeant les codes de ses premières productions avec Club Cheval et en solo, et l’influence immanente de The Sun qui s’impose toujours en toile sonore, tout comme son précédent single Muchas en featuring avec Cola Boyy qui préfigurait déjà cet accent espiègle toujours présent ici. Superdiscoteca est assurément un EP club réintroduisant de nouveaux accents électroniques comme sur le morceau Talk To Me : le pari est donc réussi, et ce sur les trois morceaux qui composent cette production mouvante.

Coup de cœur : Superdiscoteca

Sortie le 19 avril

Caroline Fauvel

Rone – Motion (Single)

Il aura suffît d’un peu moins de 12 minutes pour que la carrière de Rone, déjà largement confirmée, prenne une autre envergure. Après avoir composé ce nouveau titre-fleuve, le voici interprété par l’orchestre Les Siècles, dirigé par François-Xavier Roth et accompagné de la pianiste Vanessa Wagner ; une composition magistrale. On retrouve bien évidemment la signature de Rone, parfois même certaines sonorités de son dernier album, Mirapolis. Mais la grandeur de Motion se trouve dans ce ton grandiloquent de musique de film, qui donnerait des sueurs froides à plus d’un compositeur hollywoodien. Les notes se baladent parmi les pupitres, donnant un morceau unique à la mesure du talent de Rone.

Sortie le 19 avril

Victor Costa

La brève de Sofia

Mondkopf – How Deep Is Our Love : Ne pas s’endormir, ne pas s’endormir, ne pas…. Zzzzzzz.

Damien Jurado – In The Shape of a Storm : C’est mignon toute cette tendresse, on dirait presque une comédie romantique hollywoodienne réussie.

Yules – A Thousand Voices : Ma main à couper qu’ils sont plusieurs à habiter dans cette tête.

Sofia Touhami

AMOUREUX DES SONS, DES MOTS ET DES IMAGES, DE TOUT CE QUI EST UNE QUESTION D'ÉMOTION, DE RYTHME ET D'HARMONIE.

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