Entre les 23 et 26 mai 2019, l’Europe vote pour les élections européennes. Après 56 % d’abstention en France aux élections de 2014, l’intérêt des Français pour l’Europe semble difficile à mobiliser. La complexité des institutions européennes et son fonctionnement peuvent en être en partie à l’origine.
Photo : © Sébastien Bozon / AFP
Le système de l’élection
Les élections sont en apparence simples : les citoyens européens votent pour élire les députés du Parlement, soit 751 personnes. Les habitants des 28 pays votent, y compris le Royaume-Uni suite au report du Brexit (les Britanniques ont un délai jusqu’au 31 octobre pour sortir). C’est le traité de Lisbonne de 2007 qui fixe les modalités mais chaque pays se l’approprie plus ou moins.
Les Français votent le dimanche 26 mai, plusieurs listes sont présentées, reliées ou non à des partis européens. Une personne est à la tête de chaque liste qui comporte 79 candidats. Comme Nathalie Loiseau pour LREM (La République En Marche), François-Xavier Bellamy pour Les Républicains ou Benoît Hamon pour Génération.s. Le nombre de députés qui rejoint le Parlement est fixé proportionnellement aux résultats de la liste.
Une fois les élections finies, les nouveaux députés choisissent le président de la Commission européenne. Chaque parti propose son candidat, le Spitzenkandidat. Manfred Weber, figure de la droite conservatrice allemande faisant partie de la coalition d’Angela Merkel, est le candidat du PPE (Parti Populaire Européen). Le PSE (Parti Socialiste Européen) a choisi Frans Timmersmans, l’actuel premier vice-président de la Commission Juncker. Le parti majoritaire au Parlement aura son candidat à la tête de la Commission. Les élections européennes vont donc au-delà de l’élection de simples députés. D’autant plus que les pouvoirs de la Commission et du Parlement sont très différents.
Commission vs Parlement : qui fait quoi ?
La Commission européenne a un rôle très important. Elle est composée de 28 commissaires, tous les pays européens sont représentés. Elle en relation directe avec le Conseil européen, constitué des 28 chefs d’Etat.
Le Conseil discute des problèmes à résoudre mais c’est ensuite la Commission qui écrit et élabore les lois. Le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne (composé des 28 ministres concerné par la loi de chaque pays) revoient le texte y ajoutent leurs modifications et la vote. La Commission européenne a un rôle exécutif tandis que le Parlement et le Conseil de l’Union sont co-législateurs. Finalement, le pouvoir décisionnel du Parlement est relativement faible.
Quels enjeux ?
Les enjeux de ces prochaines élections sont importants. De nombreux pays ont vu l’arrivée de gouvernements d’extrême-droite depuis 2014. L’Italie en 2018, avec la victoire de la Ligue du Nord et du Mouvement Cinq Etoiles, est entrée dans la liste des pays gouvernés par l’extrême-droite ; pareil pour l’Autriche avec l’élection de Sebastian Kurz, la Bulgarie, la Finlande, ou encore l’Estonie très récemment. Tandis que d’autres se sont radicalisés, à commencer par la Hongrie de Viktor Orban mais aussi la Pologne de Andrzej Duda.
Les partis européens d’extrême-droite, comme Europe des Nations et des Libertés (ENL) conduit par le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini qui gagne des électeurs d’année en année, présentent un danger pour les partis traditionnels, le PPE et le PSE, qui se partagent le pouvoir depuis la création de l’UE, et craignent de perdre leur majorité.
En France, c’est la gauche qui pose question, de nouveau désunie lors de ces élections, malgré l’appel de Raphaël Glucksmann, tête de liste pour le Parti Socialiste/Place Publique. Beaucoup voient dans ces élections européennes une revanche du deuxième tour des présidentielles françaises, soit une lutte entre LREM et le Rassemblement National. Le RN espère gagner en popularité face à la politique d’Emmanuel Macron, mise à mal par cinq mois de contestation des « gilets jaunes ». Les derniers sondages donnent autour de 20 % des voix pour ses deux partis ; viendrait en troisième position la liste Les Républicains autour de 15 %, puis les différentes listes de gauche.