Astrid de Villaines sort jeudi, aux éditions Plon, son enquête dans la France des violences faites aux femmes. Un an après #MeToo, elle décide d’aller à la rencontre des femmes qui ont libéré leur parole.
Le constat est limpide : l’omerta autour du harcèlement sexuel est encore efficace, et ce n’est pas le silence qui va permettre de la détruire. Cette enquête a permis de rassembler le témoignage de soixante-douze femmes âgées de 12 à 84 ans, quinze professionnels du droit, de la politique, de la psychologie pour aboutir à cent heures de témoignages et de rencontres. L’autrice offre son livre comme une réponse au problème du harcèlement des femmes.
« C’est trop souvent. C’est trop violent. C’est un système. »
Extrait de Harcelées d’Astrid de Villaines, ed. Plon
L’intériorisation des comportements genrés
Parmi les nombreux témoignages recensés par Astrid de Villaines, il se dégage une forte intériorisation des comportements genrés et ce, dès la maternelle. Selon un rapport du défenseur des droits, les vêtements pour filles seraient destinés à plaire afin de les tourner vers une socialisation empathique. Tandis que les garçons, eux, seraient guidé vers la vitesse, la compétition, le rôle de héros. Ce genre de comportement est très difficile à repérer pour les professionnels de l’enseignement et de la petite enfance puisqu’ils sont souvent très subtils.
Par ailleurs, lorsque les enseignant.es tentent de sensibiliser leurs élèves à la question des inégalités entre les genres, les filles ont tendance à beaucoup materner leurs camarades masculins. Le témoignage d’une maîtresse vient confirmer cette théorie avancée par l’autrice. Lorsqu’elle demande au meilleur ami d’un garçon absent de prendre ses devoirs, celui-ci lui répond : « oh ! Il y aura bien une fille pour lui donner son boulot. » Aussi, elle rend compte de témoignages unanimes concernant le malaise des petites filles lorsque l’on évoque les discriminations qu’elles peuvent subir : elles veulent que l’on pense aux garçons, elles ne comprennent pas, elles trouvent normal d’être mises en case.
Le manque de sororité
Que ce soit pendant la scolarisation ou dans le milieu professionnel, le manque de sororité est un résultat de l’intériorisation des comportements genrés et des discriminations qui en découlent. Il est possible de citer comme exemple celui de cette directrice d’entreprise qui prend en photo l’entre-jambe d’une apprentie qu’elle estime vulgaire afin d’envoyer les clichés à ses collègues. Autre exemple, celui d’une femme qui, au collège, avait très peu de poitrine et ne portait pas de soutien-gorge. Celle-ci s’est vue raillée et insultée par ses camarades féminines car elle était « crade ».
C’est sans doute ce qui dérange et heurte le plus : les femmes, par protection ou sécurité, perpétuent des comportements sexistes et machistes que l’on croirait sortis tout droit de la bouche du misogyne le plus immonde. Ce constat rappelle celui de Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe qui posait le manque d’unité entre les femmes. Au même titre qu’une femme bourgeoise était toujours plus solidaire de l’homme bourgeois que de la femme prolétaire, certaines femmes n’hésitent pas à défendre la différenciation genrée de la société dans le but de ne pas faire bouger les lignes de peur de perdre une potentielle place confortable.
« Je ne suis pas féministe mais… »
L’impression qui découle de ce livre est une relative méfiance face au féminisme. En effet, l’ignorance est souvent le pire des reflets puisque le féminisme se voit, encore aujourd’hui, accolé de l’image de femmes cerbères prêtes à arracher les testicules du premier homme venu. Si ce livre ne se revendique pas féministe, en réalité, il l’est ; disons qu’il propose un féminisme qui n’a pas vraiment fait son coming out. Certains témoignages sont ponctués par : « unetelle n’est pas féministe mais… » en fait, elle l’est sans le savoir.
Parfois, les plus militant.es d’entre nous ressentiront une relative ingratitude de la part de ces femmes qui veulent l’égalité sans l’aide des féministes « enragées », puisque, visiblement, il n’y a que ça en France. Sur la question du congé maternité, et la peur de perdre son emploi que cela engendre, une employée confie : « heureusement que ma boss est féministe, sinon je serai en train de baliser là… », alors qu’elle ne partage pas, d’habitude, les convictions de son employeuse. Avec le recul, le plus important est le réveil de la parole ainsi que la reconnaissance du problème que pose les discriminations genrées dans les strates de la société.
Changer la culture professionnelle encore très paternaliste
Les chiffres sont forts, presque incroyables : une femme sur trois s’est faite harcelée sur son lieu de travail. Les plus réticent.es questionneront la limite faible entre harcèlement et invitation au rapport consenti sur le lieu de travail qui est, rappelons-le, le lieu majoritaire de formation des couples en France. La réponse est simple : une femme sait faire la différence entre un regard qui invite à une relation consentie, et le reste.
Qu’entend le livre par le reste ? C’est le mélange visqueux entre rapport de force et besoin de travail qui tend vers une pression sexuelle engendrée sur le corps des femmes : un regard insistant, la dévalorisation du statut ou des compétences professionnelles de la femme, l’ignorance feinte de ses interventions, l’entre-soi masculin, tout un tas de schémas que l’on croirait tout droit sortie d’un épisode de Mad Men.
Cela semble irréel pour certain.es, pourtant les témoignages servent de preuves à l’appui. Astrid de Villaines illustre cette thèse avec l’histoire de M.Baldeck qui se confie à propos d’un stage qu’elle a effectué au début de sa carrière : « j’étais la seule fille. Face à moi, mes collègues étaient très excités, sans que je sache très bien pourquoi. En fait, je me suis aperçue qu’ils regardaient du porno. »
Quoi dire ? Que faire dans ce cas ? Ce comportement a beau être puni par le code du travail, plus la situation professionnelle est précaire, plus il est difficile de réagir correctement. Et pourtant, même après des années d’expériences, les femmes continuent de faire face à des réflexes paternalistes dans leur milieu professionnel. Les témoignages concernent aussi bien les cheffes d’exploitations agricoles refoulées par les marchands de bestiaux, que les députées rabaissées à coup de tutoiement individuel ou d’injonctions paternalistes.
La mère et la putain
On perçoit dans cet ouvrage que l’augure de la maternité est souvent symbole d’inefficacité au travail. D’après les témoignages, le schéma de « la mère et la putain » pollue encore, trop souvent, les visions des employeur.es. Qu’est-ce donc que cela ? Le livre explique que, pour beaucoup d’individus, en France, en 2019, une femme est : soit une mère au foyer, soit une femme au travail résolue à ne pas avoir d’enfants.
Or, la plupart des femmes alternent vie privée et vie professionnelle en ayant dans un coin de leur tête une double performance à tenir : être une bonne mère mais être une bonne travailleuse. Pourtant, le paradoxe veut que l’un n’aille pas avec l’autre. Comment sortir de ce dédale ? En changeant la culture professionnelle, en formant les employeur.es et les employé.es aux questions de discriminations dans le milieu du travail. Cependant, le constat présente qu’il vaut mieux nier le souhait de maternité sur son CV de peur d’apparaître comme un élément potentiellement défectueux pour une entreprise.
Témoignage d’Anne Hidalgo, mairesse de Paris dans Harcelées d’Astrid de Villaines
« Tu as cinq ans d’expérience mais il faut retirer les deux ans de congés maternité » on ne disait jamais ça à des hommes qui avaient fait leur service militaire. »
L’habit ne fait pas la prêtresse
La pression de l’apparence physique semble être un handicap de plus pour les travailleuses de la société française. Les réflexions sur la façon de s’habiller continuent d’être monnaie courante dans le milieu du travail. Pour certain.es, elles sont légitimes et relèvent de la réputation de l’entreprise. Pourtant, l’argument est caduc.
Très vite, l’obsession de l’apparence peut entamer les compétences professionnelles des travailleuses. Ce genre de question ne devrait pas, en 2019, être encore élémentaire. Et pourtant, les témoignages foisonnent. Prenons comme exemple celui d’une cadre qui se confie sur les agissements de ses collègues féminines : « Dans mon boulot, les femmes me dévisageaient des pieds à la tête, j’avais tout le temps des réflexions sur ma façon de m’habiller. » ou encore celui d’Iris Brey, écrivaine, qui appréhende chaque représentation publique : « j’en viens parfois à plus devoir réfléchir à mon apparence plutôt qu’à ce que je vais dire. »
Le livre nous apprend que ce genre d’agissement a été requalifié par la cour d’appel d’Orléans, en 2006. Il s’agit de harcèlement sexuel environnemental. Il vise à endiguer, par le recours à la justice, les comportements abusifs, comme celui recensé par le livre : « allez ! je mets 10 euros mais c’est vraiment parce qu’elle a des gros seins », une phrase prononcée par un employé lors d’une cagnotte pour une collègue.
Selon l’AVFT (Association Européenne contre les Violences Faites aux Femmes dans le Milieu Professionnel), 95 % des femmes dénonçant un cas de harcèlement sur leur lieu de travail (les concernant ou non) sont contraintes de quitter leur emploi. Dès lors, des techniques de protection sont mises en place par les travailleurs de chaque structure. Ainsi, les femmes du livre nous parlent des « méfie-toi d’untel ! » ou bien des « n’accepte jamais un dîner de sa part. »
L’ouvrage présente une sorte de chaîne causale qui pose le fait que les réflexions sexistes engendrent rapidement le harcèlement, pour mener, parfois, jusqu’au viol ou au chantage. Et lorsqu’il est dénoncé, la plupart des témoins se sont vues qualifiées « d’hystériques », de « dérangées » ou bien du classique « mal-baisées ».
Françoise Giroud citée par Astrid de Villaines dans Harcelées
« La femme sera vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important on désignerait une femme incompétente. »
Le harcèlement sexuel : présent par tous les moyens
Une phrase est extrêmement importante dans ce livre : « Il est en effet intolérable que la moitié de la population française ne puisse vivre en paix, ni avec elle-même, ni avec son entourage ! » C’est le parti-pris central de l’ouvrage. Le harcèlement sexuel est une façon de bâillonner les femmes, de ne jamais oublier qu’elles peuvent se faire violer.
« Quand c’est poli, ça ne me dérange pas. »
Témoignage d’un jeune femme à propos du harcèlement de rue, Astrid de Villaines
Un paradoxe est exposé : celui qui veut que la petite fille grandisse dans la peur du viol mais qu’elle soit satisfaite, une fois jeune femme, de se faire siffler dans la rue. Même si c’est de moins en moins le cas, il demeure encore beaucoup de femmes qui perçoivent ce genre de comportement comme une flatterie. Pourtant, chacune sait pertinemment que la menace du viol pèse. Comment réagir face à cela ?
Déjà, il est possible de constater qu’il n’y a pas d’endroit pire qu’un autre. L’exemple d’un homme en costume se masturbant dans le métro parisien, en plein 16ème, face à une jeune femme, prouve que le harcèlement n’est pas synonyme de pauvreté. Le chiffre est ahurissant, 100 % des femmes, en région parisienne, se sont déjà faites harcelées dans les transports en commun : que ce soit par les usagers comme par le personnel.
Ensuite, les femmes constituent des stratégies d’évitement qui visent à adapter leur comportement, ou leur apparence, pour se rendre le plus invisible possible dans les lieux publiques. Certain.es pourront voir cela comme une victimisation des femmes, cependant, la répartie violente n’est pas toujours gage de sécurité et mène souvent des victimes de harcèlement de rue vers des agressions violentes.
Aussi, le cyber-harcèlement est une forme de pression sexuelle très présente aujourd’hui. Astrid de Villaines a interrogé des personnalités privées comme publiques qui confirment la difficulté d’ignorer les commentaires haineux ainsi que le problème de réponse. L’ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira répond ainsi : « Quand on est exposées, on doit à ceux qui sont plus vulnérables, moins préparés, de tenir tête, de rester verticales, joyeuses et conquérantes. »
Souvent, les commentaires sont portés vers des féministes assumées ou des femmes racisées. Lorsque l’on remonte vers la source de ces commentaires, le même profil revient souvent : celui d’un individu sans réelle vie sociale qui entretient une profonde frustration. Selon Nadia Daam, ce sont les « déchets non-recyclables d’internet ». La plupart des cas de cyber-harcèlement sont mal pris en charge car il y a une mauvaise préparation à ce genre de cas.
Pourtant, dans d’autres affaires, les moyens financiers sont mis en place pour retrouver l’agresseur, mais c’est encore trop rare. Pour améliorer la prise en charge des cyber-harceleur.es, il faudrait faire pression sur les GAFA (géant industriels de l’internet). Ce qui est drôle, c’est le face-à-face entre la victime et l’agresseur, lorsque la justice est saisie. Dans la vraie vie, les gens n’ont pas d’arguments construits, ils sont beaucoup moins vindicatifs, sans grande surprise.
Sortir de la fantasmagorie du viol
Astrid de Villaines explique qu’il est nécessaire de sortir du fantasme de la femme qui dit « non » et finit par dire « oui », ce qu’elle illustre par le « female gaze ». Cette expression anglaise est liée au milieu du cinéma. 80 % des producteurs et réalisateurs sont des hommes. Le « female gaze » est donc la vision masculine de la sexualité féminine sur grand écran. Le livre utilise également l’exemple du Dernier Tango à Paris qui a vu Marlon Brando et Bernardo Bertolucci violer Maria Schneider pour des raisons pseudo-artistiques.
En effet, les plateaux de tournage ou de théâtre sont définit comme des zones de non-droit où les jeunes actrices ne sont pas formées à repérer un abus d’une inspiration artistique soudaine. S’il y a bien des contrats de travail qui prévoient ce genre de choses, le réalisateur peut changer au dernier moment une scène pour la rendre plus « intimiste ». Cela se transforme souvent en scène de nu intempestive à laquelle l’actrice doit se soumettre rapidement puisque chaque minute coûte des milliers d’euros.
Le statut de la comédienne est très particulier puisqu’il place rapidement la femme actrice comme un objet de désir. C’est d’ailleurs depuis ce milieu que le mouvement #MeToo s’est développé suite au scandale Weinstein. Trop souvent, le viol est érotisé, les rôles de femmes doivent être salis, dénudés, sans que l’on puisse vraiment reconnaître la réelle pertinence du choix artistique. Elle appuie son propos avec le témoignage d’une comédienne devant jouer Roxanne comme « une salope » dans Cyrano De Bergerac.
Le viol : comment se reconstruire ?
La plupart des témoignages de viol racontent la culpabilité, la peur de ne pas être entendue : « Pourquoi n’ai-je rien fait ? Pourquoi n’ai-je rien dit ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? ». Tout d’abord, les psychologues interrogés expliquent que ne plus pouvoir bouger lors d’un viol est un phénomène naturel nommé « sidération ». C’est le même phénomène qui se produit pour les soldats ou les victimes d’attentat. L’amygdale cérébrale est en surchauffe, à cause d’un stress trop intense, elle bloque le cortex, soit la zone cérébrale des actions raisonnées. Par conséquent, les victimes se dédoublent et ne parviennent pas à agir instantanément.
Par ailleurs, l’autrice explique que la société se voile la face lorsqu’elle met en garde les femmes de faire attention dans la rue. En effet, 90 % des viols se produisent dans la sphère privée ou professionnelle, soit à l’intérieur, donc 90 % des victimes de viol connaissent leur agresseur. Le premier réflex est de nier les faits, de ne pas réussir à placer le mot sur l’acte, de penser que « ce n’était pas un vrai viol. »
Cependant, il resurgit par tout un tas de canaux différents et il entraîne des conséquences graves sur la santé : troubles alimentaires, insomnies, pulsions suicidaires, troubles gynécologiques… le témoignage bouleversant d’Emmanuelle Piet montre que ses problème d’asthmes étaient liés aux fellations forcées qu’elle avait subi lorsqu’elle s’était faite violée, étant enfant.
Il arrive fréquemment que les viols se produisent au sein d’un couple. Sauf que « le devoir conjugal » est encore une notion partagée par certain.es. « Celles qui partent à la première claque sont les plus solides » confie une bénévole de centre d’accueil pour femmes battues. Parmi les victimes, il y a celles qui se sont faites expulsées de chez elle, celles qui sont dans un état grave suite à une agression violente et puis il y a celles qui subissent quotidiennement des violences psychologiques : c’est une majorité de cas.
La violence conjugale touche toutes les strates de la société. Nadia, juriste au sein d’un service public d’accueil des victimes de violences conjugales, montre ses dossiers de 2017. parmi eux, il y a 52 salariées ou fonctionnaires, 30 chômeuses, 2 commerçantes, 1 médecin et 2 retraitées victimes de violences. Le problème, c’est l’emprise, le syndrome de la lune de miel lorsque l’agresseur est doux et attentionné. Le problème, c’est la honte : la peur de détruire une réputation, une famille, un passé. Le problème, c’est le phénomène du crapaud qui, s’il est bien embrassé, va finir par se transformé en prince. Enfin, le problème, c’est l’isolement que fait subir le conjoint violent, les menaces qu’il profère pour garder sa position de force.
La reconstruction
Elle est possible en acceptant l’acte produit, ensuite en en parlant, en consultant et, pour certain.es, en portant plainte. Cependant, la faille réside dans la peur de n’être crue par personne, de passer pour une de ces « menteuses qui veulent se faire connaître ». Le contre-argument apporté par l’autrice est celui de la faible portée judiciaire des plaintes pour viol. En réalité, c’est tellement long et dur de punir l’agresseur que très peu de victimes entament une procédure. La honte et la culpabilité sont des ennemis collant pour les victimes de viol mais « le jour où tu prends ta vie en main, tu n’es plus une victime. »
Généralement, il faudrait sept allers-retours pour qu’une victime refuse définitivement de subir des violences. De plus, un TGD (téléphone grave danger) est mis à disposition des personnes gravement menacées par leur conjoint.e. Pour autant, les bénévoles de centre d’accueil témoignent d’une relative méfiance envers forces de police. Ils préfèrent diriger les victimes, faisant appel à leur aide, vers des policiers dont ils connaissent l’efficacité et l’écoute.
Pour conclure : « on », l’outil linguistique d’un combat universel
« On a honte », « on oublie », « on en parle », toutes les victimes de harcèlement se rallient autour d’un même morphème linguistique à la fois neutre et intime. Le « on » est près de nous, il est comme nous.
Ce livre expose les failles d’une société qui ferme les yeux, encore et toujours, sur le couvercle qui se referme à chaque scandale. Il met en avant le souci de lentement faire bouger les lignes, la justice, les mentalités. Cet ouvrage nous heurte aux phrases de protections du système telles que : « elle l’a cherché », « les femmes ne sont pas toutes des saintes », « les hommes ne sont pas tous comme ça », « les hommes ont des pulsions ». L’autrice dit non : à la victimisation de la femme, à la bestialisation de l’homme et au fatalisme de notre société.
De plus, Astrid de Villaines expose les souhaits et les solutions apportés par ces femmes témoins : il faut l’éducation, il faut la sensibilisation, il faut la formation et il faut le soutien des politiques publiques. Les deux grands chantiers, sur lesquels nous laisse ce livre, sont ceux du congé paternité égal à celui des femmes ainsi que l’écriture inclusive. Le masculin ne l’a pas toujours emporté sur le féminin, et le masculin ne doit plus l’emporter, il doit respecter le féminin.
Christine Taubira pour Astrid de Villaines à propos de l’écriture inclusive dans Harcelées
« Les retombées seraient inimaginables. [la langue] va se découvrir à nouveau capable de créer (…) et les conséquences vont être considérables. (…) les gens vont recommencer à inventer. L’espèce humaine a été divisée dans une logique de pouvoir, de domination et nous, nous repensons le monde. C’est dans ce sens que le féminisme est un humanisme. »